Consommation : « La pratique de la « shrinkflation » est une arnaque ! » déclare Bruno Lemaire. Elle sera visible dès le 1er juillet par affichage obligatoire, stipule un arrêté signé le 16 avril
Olivia Grégoire, ministre déléguée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, a également commenté cette mesure dans une interview à Ouest-France parue le 19 avril, et évoqué d’autres mesures concernant la « cheapflation » et l’usage des titres-restaurant ou le démarchage téléphonique
Rendre visible une « arnaque », un moindre mal, à défaut d’une interdiction ?
« Shrinkflation », c’est de l’anglais, par contraction du verbe « shrink » (rétrécir) et « inflation ». Dès lors on comprends vite, qu’il s’agit d’une forme d’inflation générée non pas par l’augmentation du prix d’un article, mais par la réduction quantitative de son contenu. Évidemment, les fabricants n’en font pas la publicité, ce que l’on peut considérer comme une pratique non transparente et déloyale pour les consommateurs, les conteneurs et emballages étant maintenus du mieux que possible à l’identique avant et après l’opération. Le gouvernement, dans sa communication ministérielle, propose le terme de « réduflation ».
Affichage obligatoire dans les grandes et moyennes surfaces
« La pratique de la shrinkflation est une arnaque ! Nous y mettons fin. Je veux rétablir la confiance des consommateurs. Et la confiance vient avec la transparence. » explique Bruno Lemaire.
Dans le communiqué du jour du ministère de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire rappelle que cette pratique, si elle n’est pas interdite, a été fortement critiquée. Ainsi, à compter du 1er juillet 2024, l’arrêté à paraître au Journal officiel stipule l’obligation imposée aux distributeurs d’une information au public concernant « les produits de grande consommation qui ont subi une modification de poids ou de volume à la baisse entrainant une hausse de prix à l’unité de mesure une obligation spécifique d’information des consommateurs, portant sur ces évolutions « . L’affichage devra avoir lieu « à proximité immédiate » des produits concernés, et dans un délai de 2 mois à compter de leur disponibilité en rayon. Il est à noter que seuls les magasins physiques sont concernés.
Les produits alimentaires et non alimentaires sont concernés, qu’il s’agisse de marques nationales ou de marques de distributeurs. Ce qui est exclu : les produits alimentaires préemballés dont la quantité peut varier au moment de l’emballage : vrac dans les rayons fruits et légumes par exemple, mais aussi les rayons traiteur.
Enquête DGCCRF, réaction des distributeurs
Il y a un an, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes a enquêté sur cette pratique peu éthique : plus de 30 usines ont été contrôlées, et des anomalies ont été identifiées dans plus de 10 % des commerces. Plusieurs dizaines de produits ont été incriminés. Dans Ouest-France, Olivia Grégoire explique pourquoi la tâche de transparence incombe aux distributeurs et non aux industriels : comme c’est une question de droit européen, il faudra attendre 2025 la révision des règles d’information des consommateurs sur les produits alimentaires, la France proposera alors que ce soit les industriels qui indiquent les informations de transparence requises.
Côté distributeurs, si Carrefour a déjà mis en place un tel affichage de façon volontaire, l’enseigne fait exception. Les distributeurs vont en effet avoir du travail supplémentaire pour gérer ces affichages, qui devront perdurer 2 mois pour chaque produit concerné.
« Cheapflation »
La « cheapflation« , de « cheap » (bon marché) et « inflation », est une technique tout aussi peu transparente qui consiste à remplacer des ingrédients par des ingrédients moins chers, et en conséquence souvent moins nobles. Le changement de recette n’est évidemment pas mis en évidence pour le consommateur qui croit acheter toujours le même produit. Olivia Grégoire assure que la France devrait aussi demander l’an prochain au niveau européen des inscriptions plus lisibles et plus détaillées pour permettre de déceler facilement cette pratique opaque.
Image d’en-tête : Eduardo Soares
Cet article GRATUIT de journalisme indépendant à but non lucratif vous a intéressé ? Il a pour autant un coût ! Celui de journalistes professionnels rémunérés, celui de notre site internet et d’autres nécessaire au fonctionnement de la structure. Qui paie ? nos lecteurs pour garantir notre indépendance. Votre soutien est indispensable.
Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0324 x 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique.
Notre média dépend entièrement de ses lecteur pour continuer à informer, analyser, avec un angle souvent différent car farouchement indépendant. Pour nous soutenir, et soutenir la presse indépendante et sa pluralité, faites un don pour que notre section presse reste d’accès gratuit, et abonnez-vous à la newsletter gratuite également !
ou via J’aime l’Info, partenaire de la presse en ligne indépendante