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AstraZeneca retire du marché son vaccin anti-Covid-19 Vaxzevria : la question de la sécurité d’emploi derrière le motif commercial officiel ?

Ce vaccin britannique a connu de nombreux déboires dès le début de sa commercialisation lors de la pandémie. Si son rapport bénéfice/risque est élevé, de rares effets indésirables graves chez des personnes jeunes a brisé la confiance. De nombreux stocks disponibles au cœur de la crise sanitaire ont dû être jetés et aujourd’hui.

Mardi 7 mai, le laboratoire pharmaceutique anglo-suédois a annoncé avoir initié le retrait du marché de son vaccin contre le Covid en raison du « surplus de vaccins actualisés disponibles » du fait l’évolution du virus [variants] du Sars-Cov2, et demandé le retrait de son AMM en Europe. En réalité, la décision d’exécution du retrait d’AMM (consultée par la Rédaction) a été prise par la Commission européenne à la demande d’AstraZeneca dès le 27 mars suite à la demande d’AstraZeneca formulée le 5 mars, pour une prise d’effet planifiée le 7 mai.

Concurrent pas très heureux des vaccins à ARNm de Pfizer-Biontech et Moderna

AstraZeneca ajoute dans son communiqué justifiant sa demande de retrait d’AMM, que l’entreprise fait face à un déclin de la demande pour son vaccin « Vaxzevria, vaccin COVID-19 (ChAdOx1-S [recombinant]) ». Celui-ci a été développé par le laboratoire pharmaceutique en collaboration avec l’université d’Oxford en 2020, aboutissant à une AMM obtenue en Europe le 21 janvier 2021. À l’époque, comme le rappelle le journal « The Telegraph » à l’origine de l’information initiale sur le retrait du vaccin, Boris Johnson l’avait qualifié dans les derniers jours de 2020 de « triomphe de la science britannique » suite à son approbation.


Cela étant dit, le vaccin d’AstraZeneca, bien plus classique technologiquement que les « bombes » vaccins à ARN messager de Pfizer-Biontech suivi de l’américain Moderna qui ont capté l’essentiel du marché, n’a jamais pu marquer sa différence, et a continuellement été entaché par ses effets indésirables certes rares mais touchant toute classe d’âge et notamment les plus jeunes.
Pourtant, plus de 3 milliards de doses ont été écoulées en près de 4 ans, à prix coûtant, il est important de le dire. Il aurait sauvé, selon les données d’études scientifiques et autres projections, 6,5 millions de vies rien en 2021. AstraZeneca se considère ainsi comme « extraordinairement fier » de son vaccin, stipule son communiqué. Commercialement, il est sur la troisième marche du podium, loin derrière les vaccins à ARNm de Pfizer et Moderna.

Effets indésirables rares mais graves

Très rapidement après sa commercialisation, la sécurité d’emploi du vaccin a été mise en doute avec des suspicions d’effets indésirables parfois graves à type de thrmbocytopénie et formation de caillots sanguins (thromboses) qui peuvent entraîner des conséquences sévères. Alors bien évidemment, cela ne justifie pas nécessairement la mise au ban d’un vaccin qui a potentiellement sauvé beaucoup de vies, mais la « loi du marché » est ainsi faite, que l’on ne peut éluder les conséquences de ces effets indésirables aussi rares soient-ils, dès lors qu’ils ont été pointés et médiatisés.

Dans de nombreux pays, en raisons de suspicions de thromboses induites par le vaccin AstraZeneca, il a été autorisé puis suspendu et restreint aux personnes au-delà d’un certain âge. Il faut dire que les profils à risque d’effets graves concernait les jeunes. Seulement 3 mois après sa mise sur le marché, l’agence sanitaire britannique déplorait 7 décès post-vaccinaux pour thrombose, alors qu’on en recensait 4 en France. Tout cela est à relativiser sachant que l’on parle de millions de vaccinés, ce qui permet de parler de rareté, en pratique de l’ordre de 3 cas graves potentiellement mortels sur 100 000 vaccinés; Mais cette relativisation du risque, à la base de la science pharmaceutique et facteur essentiel pour approuver un médicament, n’a pas suffit face à un vaccin considéré dès lors comme potentiellement dangereux. En France, le vaccin a été rapidement restreint aux seniors (personnes âgés de 65 ans et plus) pour limiter les risques identifiés, restrictions observées aussi dans d’autres pays comme l’Allemagne , voire totalement écarté comme au Royaume-Uni et dans certains pays nordiques. Il est à noter que Vaxzevria n’a jamais obtenu d’autorisation de commercialisation aux États-Unis. Vaxzevria a surtout perduré dans le dispositif Covax de soutien à la vaccination dans les pays en développement.
Qu’en est-il de la responsabilité réelle du vaccin dans ces accidents post vaccination ? L’enquête de l’Agence européenne des médicaments a conclu à une causalité possible, vite assimilée à causalité simple dans l’esprit du public .

Le spectre des plaintes groupées

La justification d’AstraZeneca sur les aspects commerciaux et positionnement obsolète de son vaccin est légitime. Mais pas nécessairement exhaustive. En effet, les rares effets indésirables du vaccin de la firme ne sont pas restés sans suite judiciaire. À la barre, la firme pharmaceutique les aurait admis d’autant que la notice du médicament à été mise à dès avril 2021 concernant le risque rare de thrombose.

Le vaccin est en tout cas resté en vente depuis trois ans. Même si en Grande Bretagne un collectif de 50 familles a porté plainte contre AstraZeneca. Cette action auprès de la haute cour britannique est possiblement aussi à l’origine du retrait de la vente de ce vaccin, comme une mesure avisée et respectueuse des victimes, c’est don aussi une question d’image.

Polémique stérile de militants polarisés sur les réseaux sociaux

L’annonce de retrait du vaccin a fait réagir des groupes sectarisés. La rareté de l’esprit critique, le biais de confirmation et l’absence de nuance et de recul sont des caractéristiques constantes de leurs discours.
Ainsi, les groupes plutôt méfiants ou réfractaires concernant le vaccin anti-Covid ou les vaccins en général (appelés péjorativement par certains « antivax »), estiment que le vaccin d’AstraZeneca est retiré pour non efficacité et/ou dangerosité, et que l’aspect commercial n’est qu’un prétexte, en tout biais de confirmation.
Quant aux groupes qui se prétendent du côté de la science et soutenant les vaccins, ils considèrent que le retrait est purement commercial, mettant en avant le bon rapport bénéfice-risque du vaccin retiré ou le fait qu’il n’est plus à jour. Une affirmation gratuite à base de communiqué de presse du laboratoire, qui démontre l’absence de recul sur une auto-déclaration et une méconnaissance des enjeux en matière pharmaceutique, et l’importance du contexte judiciaire. L’ironie du sort, c’est que ce sont ces mêmes groupes s’auto-étiquetant « proscience » qui critiquent abondamment les communiqués de presse des laboratoires pharmaceutiques sur les résultats de leurs recherches médicales, parce que l’auto-déclaration ne serait pas fiable. Cherchez l’erreur…
Quoi qu’il en soi, hors de ces camps à la vision étriquée où la science est souvent instrumentalisée à des fins politiques, nous savons que la réalité est bien plus complexe que « pour » ou « contre », ou « pro » et « anti », que la réalité est complexe et les motivations souvent plurifactorielles.

Enfin, n’oublions pas le bon côté de la situation : la pandémie de Covid-19 est finie depuis longtemps, et que le virus Sars-Cov2 qui en est responsable provoque dans la plupart des cas pas ou peu de symptômes, de type syndrome pseudo-grippal. L’OMS l’a classé dans le groupe des virus saisonniers avec la grippe. On compte actuellement à peine 200 décès par jour dans le monde de personnes à risque.

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