Altos Labs : l’ambitieux projet d’inversion du processus de vieillissement bénéficie d’un financement historique
Reprogrammer les cellules pour nous permettre de rajeunir est la quête de la biotech américaine Alto Labs qui a réussi à collecter 3 milliards de dollars pour ses recherches
Toute forme de vie connue est mortelle, c’est un processus naturel. Donc génétiquement programmé. Vieillir est-il pour autant inéluctable, si on élucide les mécanismes de cette programmation ? Scientifiquement, il semblerait que non. À travers le monde, les recherches sur les mécanismes du vieillissement vont bon train, La recherche intensive sur le cancer y participe aussi, puisqu’elle cherche à comprendre comment les cellules cancéreuses parviennent à proliférer sans fin – d’ailleurs le mécanisme d’action de nombreux médicaments d’immunothérapie dans ce domaine ont des cibles évocatrices, comme « ligand de mort programmée ».
Le projet embarque Shinya Yamanaka, chercheur nobélisé référent dans le domaine
Toujours est-il qu’Alto Labs a décroché le jack-pot : 3 milliards de dollars, du jamais vu pour une start-up, avec parmi les contributeurs des milliardaires comme Jeff Bezos. Et surtout Iuri Milner, milliardaire et entrepreneur russo-israëlien qui avait initié le projet en mode philanthropique. De quoi faire pâlir la recherche universitaire, d’autant que tout est à faire en termes de résultats probants, Mais un atout d’Altos Labs est de taille : l’aventure embarque un chercheur qui est l’un des initiateurs des recherches fondamentales en reprogrammation cellulaire : Shinia Yamanaka
On notera aussi la présence de Jennifer Doudna, la coéquipière d’Emmanuelle Charpentier pour le prix Nobel de Chimie l’an dernier pour les outils génomiques Crispr-Cas9.
Ancien chirurgien orthopédiste reconverti à la recherche biomédicale lors d’un stage post-doctoral à San Francisco, le Pr Yamanaka travaille sur les cellules souches pluripotentes induites et la reprogrammation des cellules somatiques. Il partage son temps en tre Kyoto et San Francisco. Il s’est vu décerner le prix Nobel de médecine en 2012 avec John Gurdon pour la découverte de la reprogrammation de cellules matures en cellules pluripotentes.
En pratique, ses travaux ont démontré in vivo qu’il était possible de faire rajeunir des cellules via injection d’un cocktail de 4 gènes, les amenant à un état originel primitif, pour les faire ensuite repartir dans le sens habituel mais avec une nouvelle jeunesse.
Ainsi, le vieillissement cellulaire apparaît comme réversible : ses travaux ont pu être reproduits et améliorés jusqu’à des expériences in vivo chez l’animal (souris), avec à la clé une augmentation de la longévité des animaux très significative.
Deux sites au démarrage, des partenariats public/privé
Le communiqué de presse inaugural du 19 janvier 2022 indique que la biotech démarre ses activité à San Diego aux États-Unis et à Cambridge au Royaume-Uni, avec une multitude de partenariats pour recueillir l’expertise autant industrielle qu’académique, y compris au Japon.
Voilà un programme qui devrait satisfaire les milliardaires investisseurs, car il s’agit d’une quête vers la jeunesse éternelle, bref vers l’immortalité, c’est-à-dire la seule chose qu’ils ne peuvent pas acheter. Enfin jusque-là.
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