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Cinéma : « Le fil » : sobre, humain, mais trop fade dans le genre des films de procès

Daniel Auteuil revient à la réalisation pour jouer un avocat tourmenté dans une affaire de meurtre dont il fait presque une affaire personnelle ; une réalisation classique et appliquée, de bons acteurs, mais un résultat terne

Synopsis : « Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier (Daniel Auteuil) ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik (Grégory Gadebois), père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et fait vaciller ses certitudes. Convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation. »

C’est que la tâche était ardue. Un film de procès, qui plus est une affaire criminelle, et pire un drame passionnel, c’est qu’il y a des attentes côté spectateurs : de notre vécu cinématographique, le genre est synonyme d’intensité, des plaidoiries flamboyantes, d’accusés qui nous angoissent ou nous attendrissent, de suspense haletant, retournements de situations, d’enquêtes des révélations dans la salle d’audience. Dans nos références nombreuses, on peut citer Le pull-over rouge de Michel Drach (1979), Erin Brockovich de Steven Soderbergh (2000). Dans notre actualité cinématographique française, la Palme d’Or à Cannes Anatomie d’une chute de Justine Triet (2023) qui avait déjà sévi dans le genre judiciaire avec les tribulations de Victoria, avocate pénaliste (2016). L’an dernier, François Ozon nous livrait également un film de procès original et divertissant, Mon crime (2023).
Dans Le fil, on a beaucoup d’ingrédients pour réussir : Daniel Auteuil est touchant dans son jeu naturel et son humanité, ses questionnements et ses émotions, son cheminement tortueux. On le suit dans son parcours fondé sur son intime conviction d’emblée, qui l’amène à défendre de façon très solitaire son client. Cette intime conviction, on la voit aussi côté magistrats avec les attitudes et plaidoiries de l’avocate générale. Le sort de l’accusé, le verdict à venir, Daniel Auteuil nous fait très bien comprendre qu’il ne tient qu’à … un fil. Gregory Gadebois, en accusé introverti et bourru, finalement énigmatique est convaincant. Chacun sa perception de la vérité, c’est souvent ce qui ressort des films de procès. Dans Le fil, en retrouve toutes les ficelles du genre, toutes les cases à cocher. Mais ça manque de couleurs : fade à l’arrivée par manque d’originalité, comme les couleurs blafardes du début à la fin hormis quelques images de tauromachie à la métaphore pesante. Sans compter quelques longueurs, et lenteurs, sans doute voulues mais qui font vieillot. Il y a bien quelques rebondissements vers l’issue finale, mais certains les devineront passée la première heure. Le duo d’acteurs masculins prend toute la pace, les rôles secondaires, pourtant intéressant, en pâtissent. La chute n’était pas utile, brisant inutilement l’ambiguïté. En somme, le film est intéressant et appliqué, peut-être trop car la sauce ne prend pas, elle manque de piment et d’originalité. Mea culpa : on a dû mettre la barre (du tribunal) trop haut.

« Le fil » de Daniel Auteuil, avec  Daniel Auteuil, Gregory Gadebois, Sidse Babett Knudsen, Alice Belaïdi, Gaëtant Roussel, Suliane Brahim
– durée 1h55- Sortie : 11/09/2024

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