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Cinéma : « Nosferatu » 2024 : Un vampire qui manque de sang neuf

C’était certes un défi que d’adapter à nouveau cette fable gothique ; le réalisateur s’enferme dans l’esthétique ampoulée et statique, et cela s’avère soporifique

Synopsis : « Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.. »

On y va vraiment curieux et bien disposé, en tant qu’amateur de littérature sur le thème du vampire : d’abord évidemment Bram Stoker et son merveilleux roman « Dracula » dont est issu le personnage de Nosferatu, et celle de la regrettée Anne Rice et sa fantastique, profonde et poétique saga de vampires qui démarre avec Interview with the Vampire, incroyablement adapté au cinéma par Neil Jordan ave l’aide de l’auteur en 1994 et un duo improbable et jamais renouvelé à ce jour: Tom Cruise et Brad Pitt. Il y aussi Le bal des Vampires de Polanski, parodique et jubilatoire. Avant tout cela, il y a le Nosferatu monument du genre horrifique, film muet de Friedrich Murnau (1922) et les incarnations de Dracula en noir et blanc par Bela Lugosi (1931) et Christopher Lee pour une série d’une dizaine de films de1958 à 1973. N’oublions pas non plus le Dracula de Francis Ford Coppola incarné par Gary Oldman (1994), insolite. Voilà pour nos références personnelles, qui ne cherchent pas à être exhaustives. Pour revenir à Nosferatu, Werner Herzog avait fait un remake du film monument horrifique de son compatriote Murnau : Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani, un film oppressant qui ne s’en sortait pas mal.
Le film de Robert Eggers commence sous les meilleurs auspices, de superbes costumes d’époque et décors dans l’Allemagne du 19e siècle, des lumières très travaillées, du sépia au gris et bleu glacial. Ce sont comme des tableaux naturalistes qui se succèdent, comme sorti d’un vieux grimoire gothique et maléfique. Certaines images sont assurément frappantes, notamment celles du périple qui mènent le malheureux héros (Nicholas Hoult) à la rencontre du comte Orlok en Transylvanie. L’attraction, purement picturale, s’arrête là, dans la première demi-heure du film, pour faire place à une déception certaine : le vampire, trop putréfié et difforme et à la voix maquillée, ne nous laisse pas la chance de goûter au jeu de Bill Skarsgård qui l’incarne ; voilà un souci qui est assez symbolique du reste. Le réalisateur tire trop sur la corde. Lily-Rose Depp est ainsi très théâtrale. Trop. Même si son jeu est sans fausse note, il en ressort au final, un personnage peu émouvant. WIllem Dafoe est excellent et son personnage intéressant, mais sous-exploité dans le scénario, on reste sur notre faim. Quant à Nicholas Hoult, il semble un peu perdu dans ces écueils et format tiré à quatre épingles, et son talent n’est pas suffisant pour rattraper le reste et transformer l’essai. À force de vouloir coller aux symboles du Nosferatu de Murnau et d’autres films d’épouvante, l’histoire se disperse avec des personnages et des digressions superflues.
Au final, de l’esthétique luxueuse sur papier glacé pour un scénario mal ficelé pour et un film qui se traîne en longueur. Sans jamais nous captiver ou susciter l’émotion, le résultat est terne.

« Nosferatu » de Robert Eggers, avec NIcholas Hoult, Lily-Rose Depp, Bill Skarsgard, Wilem Dafoe, Aaron Taylor-Jonhson, Emma Corrin – Durée : 2h12- Sortie : 25/12/2024

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