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Cinéma : « Priscilla » : la vie de la femme d’Elvis Presley, esthétiquement et délicatement filmée par Sofia Coppola, ne donne pas le beau rôle au King

On retrouve quelques recettes de « Marie-Antoinette » de la réalisatrice. Les fans d’Elvis s’abstiendront pour laisser découvrir aux autres un portrait de femme embarquée dans un conte de fée sans ‘happy end’.

On est en 1959, sur une base militaire allemande où Elvis Presley, 24 ans, accomplit son service militaire. Débarque Priscilla Beaulieu, 14 ans. La star du rock n’roll est déjà scrutée dans ses moindres faits et gestes. Cela ne l’empêchera pas de s’intéresser à l’adolescente rencontrée dans une soirée. Ils vont se fréquenter malgré la réticence initiale molle des parents de Priscilla, et quand elle va rentrer aux États-Unis, elle ne se fait guère d’illusions car il ne donne plus signe de vie.

Jusqu’en 1962 où il l’invite et Priscilla s’installe chez lui, à Graceland, en toute chasteté en attendant le mariage. Pendant qu’elle attend, seule, il vit sa vie d’artiste, avec légèreté question fidélité. Après l’avoir modelée physiquement à son goût comme une poupée (y compris la teinture noire des cheveux), et bien le mariage aura lieu à la demande d’Elvis 5 ans plus tard, et cela ne changera pas grand-chose à l’arrivée, malgré la naissance de leur fille, concernant une relation qui se détériore au fil du temps jusqu’au divorce

Les fans d’Elvis, qui ont déjà le film éponyme qui relate la vie artistique de la star, au son de sa musique et de reconstitutions de prestations scéniques, avec un acteur qui crève l’écran, vont se prendre une belle claque. Fans absolus du King et sensibles, s’abstenir ! Car dépouillé de son art musical, l’homme n’est pas très séduisant : le tabac, l’alcool et les tranquillisants, la télé et les copains. Priscilla l’ado séduite par le géant séducteur va s’enfermer dans la déception et l’ennui.

C’est important de le savoir, le film porte sur Priscilla et sa tranche de vie avec Elvis, et non l’inverse. Il faut alors dire que la réalisatrice a écrit ce film sur la base de la biographie de Priscilla Beaulieu, et Pas de bande sonore axée sur la musique du King (on entendra 2 ou 3 fois des bouts de ses chansons), au profit de morceaux qui cadrent avec l’ambiance des sixties ou totalement anachroniques, comme aime en jouer Sofia Coppola. Pas d’Elvis sur scène non plus, évidemment.

Cailee Spaeny est époustouflante dans ce film, jouant avec émotion et finesse l’adolescente et la femme. D’ailleurs elle a reçu pour Priscilla le prix d’interprétation de la Mostra de Venise, à 25 ans.

Jacob Elordi qui joue Elvis est un peu dans son ombre, moins éloquent, parfois même un peu fade. Mais le fruit de son travail sur les postures et la gestuelle, pour ressembler au King, est réussi.

Sofia Copolla sait très bien dresser des portraits de femmes : l’inoubliable Virgin Suicides, Lost in translation ou Marie-Antoinette. L’esthétisme est comme souvent avec la réalisatrice, puissant. Priscilla nous fait admirablement traverser une décennie dans l’ambiance de l’époque et des reconstituions de lieux publics ou privés. Ce biopic est vraiment réussi, délicat et intime, il est romantique et noir dans cette histoire qui débute comme un conte de fée et finit dans le noir à cause de l’envers du décor glamour et de la forte emprise de la jeune femme envers son idole. On admire aussi la force et la résilience de la femme d’Elvis Presley pour passer à autre chose que lui, une fois l’innocence perdue.

Priscilla de Sofia Coppola avec Cailee Spaeny, Jacob Elordi, durée 1h53.

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