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Dépistage de la maladie d’Alzheimer : vers des tests précoces biologiques… et linguistiques

Le diagnostic de cette démence, la plus courante, est souvent trop tardif pour retarder ses effets dévastateurs en l’absence de traitement curatif ; les tests de dépistage progressent avec la voie des biomarqueurs et celle du langage

Récemment, nous évoquions la liste mise à jour pour un groupe de travail d’experts sur les mesures de prévention de la démence. Elles sont nombreuses, allant de l’activité physique la stimulation de l’activité intellectuelle, en passant par une alimentation saine. Cela étant dit, pour mettre en place de bonnes mesures de santé publique en la matière, la détection la plus précoce possible de la maladie est clé. En effet, on ne sait pas guérir la maladie d’Alzheimer, liée à des processus dégénératifs dans le cerveau. Les traitements médicamenteux, très coûteux pour les plus récents, sont très controversés quant à leur efficacité. Il faut dire qu’on n’a pas élucidé de façon certaine et exhaustive les mécanismes déclencheurs, sans doute multifactoriels, et les mécanismes physiopathologiques de la maladie.

Des tests sanguins à base de biomarqueurs

Les biomarqueurs, ce sont des substances biologiques identifiables et mesurables qui permettent de « marquer » la présence d’une maladie ou de certaines de ses caractéristiques. On les recherche et on les étudie dans toutes les pathologies, ils permettent de faire progresser le diagnostic et les traitements car spécifiques de pathologies données. Leur avantage, c’est leur apparition parfois précoce, avant même la survenue des premiers signes de la maladie, et le fait qu’il sont détectables sans méthode peu invasive, au moyen souvent d’un prélèvement de sang.
Pour la maladie d’Alzheimer, un biomarqueur essentiel est la protéine bêta-amyloïde (Aβ). En amas enchevêtré, elle forme les fameuses plaques amyloïdes que l’on retrouve dans le cerveau des personnes atteintes. Au fur et à mesure des connaissances acquises sur les modalités de développement de la maladie, la recherche de biomarqueurs progresse pour tendre vers plus de pertinence et de précocité. Ainsi, on a déterminé qu’un rapport entre 2 types de protéines bêta-amyloïde, dit taux Aβ42/40 ( rapport entre l’Aβ42 et l’Aβ40), est un excellent marqueur de la présence de plaque amyloïde dans le cerveau, dont l’apparition est bien antérieure aux premiers signes de la maladie.
Un autre biomarqueur de la maladie d’Alzheimer est la protéine taux phosphorylée, appelée p-tau. Son avantage est qu’elle est spécifique à cette maladie, ce qui permet une différenciation par rapport aux autres démences dégénératives. Un autre piste est celle des chaînes légères de neurofilaments, appelés NfL. Des études semblent indiquer que plus sont taux est élevé, plus l’atrophie du cerveau est importante. En outre, il pourrait s’agir d’un biomarqueur précurseur, ce qui signifie que la présence de NfL dans le sang pourrait prédire un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer.

Des tests d’élocution et de langage

Les analyses d’imagerie du cerveau et les analyses de sang pour détecter certaines substances liés aux effets physiologiques de la maladie, c’est important. Mais on peut aussi envisager de détecter des effets de la maladie du pont de vue cognitif. On sait par exemple que la maladie d’Alzheimer a pour conséquence d’affecter la mémoire. On a donc élaboré des tests de mémoire comme aide au dépistage mais aussi comme mesure de la sévérité et de l’évolution de la maladie.
Une piste récente et prometteuse, ce sont les tests linguistiques, qui évaluent le langage comme les mots utilisés, le vocabulaire, la structure des phrase, mais aussi l’élocution, comme la fluidité ou la vitesse du discours. C’est ainsi que l’on peut détecter très précocement une maladie d’Alzheimer en constatant que certaines personnes concernées sont confrontées à un appauvrissement du langage et de la complexité des phrases, et des pauses plus longues entre ces dernières. La traduction pratique, c’est par exemple un test de langage très court, d’une durée de 60 secondes (test S-GAP), élaboré par des chercheurs hongrois, qui l’a présenté cette année au congrès de l’Association européenne de psychiatrie. Couplé à l’intelligence artificielle (IA) qui sait bien analyser la sémantique et la phonétique, et le rythme d’élocution. il pourrait devenir un outil redoutable d’aide au dépistage, chez le médecin généraliste ou tout simplement par le public lui-même via téléchargement sur smartphone ou en surfant sur internet.

Illustration : Andrea pour Science infused

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