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Éditorial – 16/11/2022

Le conflit d’intérêt avec la dette immunitaire

On assiste sur les réseaux sociaux à une grosse levée de bouclier des alarmistes « activistes de la santé publique » à propos de la « dette immunitaire » évoquée très récemment comme hypothèse (non unique) par la très officielle Santé Publique France pour expliquer l’épidémie précoce et intensive de bronchiolite.

Pour ce clan, il s’agit d’un « concept », tel une notion marketing pour vendre une soupe non étayée par des preuves scientifiques. Mais il oublie que la science évolue sur la base d’hypothèses à vérifier. Des analogies et parallèles douteux affluent aussi dans leur argumentaire, dignes des meilleurs porteurs de la pseudoscience à tendance complotiste : ce concept fumeux aurait été inventé par des Français dans la crise sanitaire et maintenant est repris à l’international, donc c’est le même schéma que l’hydroxychloroquine avec Raoult. Ou encore : ces Français qui la porte sont par exemple Robert Cohen, le pédiatre qui n’a pas soutenu la vaccination des enfants en temps utile. Donc c’est mal en mettant en avant le messager plutôt que le message.

À vrai dire, l’hypothèse de la dette immunitaire, à savoir que la distanciation sociale et les confinements ont empêché le « brassage » habituel et l’exposition des humains aux virus notamment saisonniers, empêchant à niveau variable une immunisation naturelle ou du moins la retardant, n’a pas grand chose de nouveau. Avec les mesures sanitaires du Covid-19, on le paierait maintenant à retardement avec des épidémies virales saisonnières plus précoces et plus intenses qu’habituellement. Le concept est pourtant, comme le port du masque par exemple pour mettre un frein à la transmission de virus, assez instinctif. Les activistes alarmistes ont oublié qu’ils défendaient plus facilement le port du masque au début de l’épidémie, sur le principe du bons sens, avant que des études soient disponibles pour le SARS-CoV2.
Il est relativement admis d’ailleurs que les enfants scolarisés tardivement, sans passer par la case crèche, sont moins bien immunisés pour les virus courants que leurs petits congénères ayant vécu en collectivité précocement. Autrement dit, un bébé en crèche développe plus vite son immunité acquise, certains diront même que plus on rencontre certains microbes tôt, mieux c’est. Ces affirmations ou « concepts » ne sont pas d’origine franco-française.

Notons d’ailleurs que dans le monde, on parle sans tabou de dette immunitaire, en évoquant ou non le terme d’hypothèse, y compris dans les organismes officiels de santé publique. Par exemple, actuellement, la dette immunitaire est évoquée au Royaume-Uni pour la scarlatine dont on observe une épidémie anormale en Écosse.

Alors pourquoi ce tollé ? En partie parce qu’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ex ministre de la santé, médecin de son état, est allé loin dans une déclaration télévisée, transformant l’hypothèse de la dette immunitaire en justification de l’épidémie de bronchiolite. Cela méritait d’être relevé et corrigé. Mais c’est presque anecdotique, les activistes alarmistes ne veulent pas entendre parler de la dette immunitaire car elle relativise leurs efforts enfermistes pendant toute la crise sanitaire. En effet ils n’ont fait que prôner confinement et port du masque dans une aversion au risque extrême et sans tenir compte de la réalité de vagues épidémiques décroissantes, sous prétexte de santé publique, du moins de leur vision hygiéniste de la santé publique.

Dans ce contexte, la « dette » ne leur est pas admissible. Il ne peut rien y avoir à payer de leurs positions extrémistes, aucune contrepartie. Un extrémisme dans l’extrémisme. Un conflit d’intérêt en réalité pour parler posément et en toute ouverture de cette hypothèse, en se remettant perpétuellement en cause, et avec modération dans les propos, .. comme l’exige la démarche scientifique.

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