Éditorial – 21/03/2024
C’est le printemps ! celui de la pensée critique, sous forme événementielle. Car pour le renouveau durable, il va encore falloir attendre…
Ce site d’actualité, baptisé « Science infuse » en assumant une bonne dose de second degré, tente de promouvoir la pensée critique avec une section dédiée mais aussi au travers de ses séries d’articles comme par exemple « Expertise & Experts ». Ainsi qu’au quotidien en abordant régulièrement ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux où la science est instrumentalisée politiquement par des personnes agissant seuls ou en petits groupes organisés essentiellement formés à la faveur de la pandémie de Covid-19. L’enquête récente que nous avons publiée tout récemment concernant l’évolution du blog du groupuscule informel, « Du Côté de la Science » est à ce propos édifiante, relatant une mue visant à monétiser les sujets santé et bien-être sur le modèle des fermes à contenus, mettant le public en danger. Bien heureusement ce blog est confidentiel, mais il méritait un coup de projecteur en guise de cas d’école de ce qu’est l’instrumentalisation à visée lucrative de la médecine ou de la santé publique. Ce type d’initiative dangereuse est permis parce que des individus tentent d’exploiter le faible niveau de culture scientifique et de pensée critique du public. L’esprit critique est essentiel pour permettre non pas d’accumuler des connaissances dans le domaine de la santé, complexe, mais de savoir où et auprès de qui trouver des informations fiables et le corollaire : savoir où ne pas aller se renseigner et repérer la désinformation, la pseudoscience et l’instrumentalisation de thèmes porteurs. Or les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle (IA), sont deux ingrédients redoutables pour noyer l’esprit critique !
Une bonne nouvelle : cette année, le gouvernement étend le Printemps au niveau national le Printemps de l’esprit critique, initiative d’Universcience, établissement public qui propose traditionnellement chaque année deux semaines d’événements, conférences et ateliers au Palais de la Découverte et à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. D’ampleur désormais national, en 2024 il y a une cinquantaine d’établissements sur le territoire national. Nos colonnes évoqueront prochainement ce Printemps très bienvenu plus en détail.
Parlons encore du défaut de pensée critique à base d’événement d’actualité : la fameuse loi de renforcement de la lutte contre les dérives sectaires, qui pullulent justement faute d’esprit critique et d’inculture scientifique dans le domaine de prédilection des gourous, la santé, a été adoptée à l’Assemblée nationale hier, qui l’avait initialement rejeté en première lecture et premier vote. Une victoire « à l’arrache » par la volonté du gouvernement qui est à l’origine du projet, de la faire passer coûte que coûte avec son article 4 décrié pour sa dangerosité pour la liberté d’expression, sa création de délits déjà couverts largement par d’autres textes de loi, et sa formulation hasardeuse. Ont soutenu la majorité dans cet entêtement des activistes de réseaux sociaux – plus ou moins les mêmes que ceux dont on parle au début de cet édito, qui confondent un combat légitime (celui de la lutte contre les dérives sectaires) et des mauvaises armes (cet article 4). Cette confusion est permanente dans ces groupes…. sectarisés justement, et c’est précisément le fruit d’une sorte de myopie dont la cause est en bonne partie le militantisme forcené qui annihile la pensée critique. On aura l’occasion d’en reparler sur Science infuse, exemples concrets à l’appui. Parce que l’esprit critique le vaut bien.
Et le fait d’empiler les textes de lois comme le couches d’un millefeuille pour se donner l’impression d’avoir traité efficacement un problème, est-ce un manque d’esprit critique ? Peut-être en partie, mais c’est aussi culturel en France, championne de l’arsenal législatif hypertrophié.
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