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Enquête IFOP sur la mésinformation des jeunes : Perte de confiance en la science à son point culminant au profit de la pseudoscience et de l’occultisme

L’institut de sondage sollicité par la fondation et Jean Jaurès fournit des résultats alarmants sur le rapport à la science des jeunes à l’heure des réseaux sociaux. Passage en revue des résultats associés néanmoins à des biais méthodologiques

Méthodologie générale de l’enquête

L’échantillon est constitué de 2 0003 personnes, représentatif des 11-24 ans en France métropolitaine. Le sondage a eu lieu du fin octobre début novembre 2022 via questionnaire en ligne auto-administré.
La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas sur la base de critères démographiques, socio-culturels et géographiques.
Les questionnaires soumis aux sondés ne sont pas fournis et c’est bien dommage, car l’on s’étonne de ne pas voir de parts de réponses type « je ne sais pas » ou « Pas d’avis » sur des questions qui le méritent particulièrement, sachant de vérifier des théories « alternatives » ou des croyances.
On fera attention aussi aux comparaisons par rapport à d’autres panels interrogés dans le passé, avec des méthodes extrêmement différentes que celle du questionnaire en ligne auto-administré.
Sur les tranches d’âge, par rapport aux croyances, ce sont les résultats des 18 à 24 ans qui sont fournis plutôt que le panel complet et c’est tant mieux, car on peut raisonnablement s’attendre à des croyances plus ancrées chez les enfants.

Rapport à la science et à la vérité scientifique

Seulement 33 % des jeunes considèrent que la science apporte plus de bien que de mal à l’homme – c’était 55 % en 1972.
Pour le reste soit la grande majorité, la vision est que la science apporte autant de mal que de bien (41 %) voire plus de mal que de bien pour 17 % d’entre eux. En 1972, seuls 6 % des jeunes voyaient la science comme néfaste (plus de mal que de bien).
Notre commentaire : le sondage de 1972 par un autre organisme était dans de toutes autres conditions : entretien en face-à-face, ce qui introduit un biais par rapport au questionnaire auto-administré.

Infographie issue du rapport Ifop

Adhésion à des « vérités alternatives » : au moins une pour les deux tiers des jeunes

27 % des jeunes pensent que les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces mais une création spirituelle (Dieu).

20 % pensent que les Américains ne sont jamais allés sur la lune,

19 % que les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres,

16 % que la Terre est plate,

32 % que les vaccins anti-Covid à ARNm génèrent des protéines toxiques qui causent des dommages irréversibles dans les organes vitaux des enfants,

25 % que la chloroquine est efficace contre le coronavirus

25 % que l’on peut avorter sans risque avec des produits à base de plante

31 % que le résultat de l’élection présidentielle américaine de 2020 a été faussé aux dépens de Donald Trump,

26 % que le massacre de civils à Boutcha en Ukraine était une mise en scène des autorités ukrainiennes,

24 % que l’assaut du Capitole en janvier 2021 a été mis en scène pour accuser les partisans de Donald Trump,

Notre commentaire : Sur ces trois dernières questions, il s’agit plus de commenter l’actualité politique et géopolitque associée à des thèses de type complotiste. Il ne s’agit pas de science contrairement aux autres questions.

30 % que manger bio, ça ne sert à rien,
Notre commentaire : Cette affirmation comme preuve de non adhésion à la science nous paraît assez loufoque et imprécise. Il est sous-entendu que « manger bio » est bon. Mais pourquoi ? pour la santé ? pour l’environnement ? On ne sait pas, et en plus, répondre oui ou non ne semble pas pouvoir « ranger » la réponse comme « pro-science » ou « anti-science ».

29 % que le réchauffement climatique est avant tout un phénomène naturel contre lequel on ne peut rien faire.

Tous ces pourcentages de croyances sont estimés comme plus élevés que dans la population « senior », sauf pour les deux derniers points.
Notre commentaire : Saur erreur les ‘seniors’ n’ont pas complété le questionnaire de l’enquête, faussant la comparaison directe.

Si on regarde le détail des jeunes qui croient aux « vérités alternatives » précitées, on remarque qu’elles sont particulièrement répandues chez les utilisateurs les plus réguliers du réseau social TikTok.
Notre commentaire : utilisateur « régulier » est défini par rapport à un nombre de connexions au réseau social, ce n’est pas forcément pertinent. Par exemple, on peut se connecter une fois et surfer des heures durant…

Le rapport des résultats du sondage met en avant que :

71 % des jeunes musulmans pensent que les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution?

22 % des jeunes ouvriers pensent qu’il est possible que la Terre soit plate,

48 % des sympathisants RN pensent que les vaccins anti Covid-19 à ARN messager génères des protéines toxiques causant des dommages irréversibles aux organes vitaux des enfants,

48 % des utilisateurs de Telegram plusieurs fois par jour pensent que l’on peut avorter sans risque avec des produits à base de plantes.

Infographie issue du rapport Ifop

L’astrologie vue comme une science par près de la moitié des jeunes

Infographies issues du rapport Ifop

Confiance dans les réseaux sociaux : un jeune sur trois

Bilan

En conclusion, et malgré les nombreux biais de l’enquête qui ironiquement permet de dire que cette enquête manque de rigueur scientifique, il n’y a pas de raisons de remettre en cause les résultats et tendances trouvées, et on s’accordera à dire que la défiance en la science gagne beaucoup de terrain chez les jeunes. Les réseaux sociaux, ainsi que la crise sanitaire sont passés par là avec son cortège de complotisme, de désinformation et d’exploitation du stress ambiant en période (post) pandémique.
La perte de confiance en la science est une perte de rationnel, qui mène à l’obscurantisme.
Alors, effet générationnel susceptible de perdurer au 21e siècle, ou effet âge qui s’estompera avec l’âge ? Difficile de le définir. L’enquête semble met particulièrement en avant les réseaux sociaux comme source des problèmes, mais rappelons que l’éducation est nécessairement partie prenante, surtout quand on sait que le niveau scolaire en France baisse perpétuellement, particulièrement dans les matières scientifiques, de moins en moins enseignées au collège et au lycée, et peut-être mal ; le niveau des enseignants baisse aussi selon la même tendance fort inquiétante.


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