Grève des radiologues : est-elle justifiée ou abusive ?
La grève des radiologues français prévue demain 10 novembre 2025 s’inscrit dans un conflit persistant avec la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) concernant une réduction proposée de 300 millions d’euros sur deux ans dans les dépenses d’imagerie. Les radiologues estiment que cette coupe menace l’accès aux soins, un argument qui alimente le débat sur la légitimité de leur mouvement.
Une justification économique partielle
Les radiologues évoquent une baisse de leur revenu net moyen, passant de 700 000 € à moins de 460 000 € entre 2020 et 2023 selon l’AGAPS, soit environ 172 000 € par praticien après division par 2,67. Cependant, cette analyse omet les dividendes et rémunérations sur résultats, fréquents dans les structures privées comme Simago ou Imapôle. Ces compléments, souvent conséquents, atténuent l’impact des coupes, suggérant une stratégie pour maintenir un niveau de vie élevé plutôt qu’une réponse à une urgence économique.
Position financièrement dominante parmi les spécialistes
Au sein des médecins spécialistes, les radiologues se démarquent par des revenus dépassant ceux des généralistes ou de spécialités comme la pédiatrie, même après cette baisse. Leur influence s’appuie sur des relais puissants au sein des syndicats médicaux et en politique, où ils font pression pour préserver leurs acquis, notamment via des dépassements d’honoraires en secteur 2. Cette capacité à mobiliser des soutiens institutionnels renforce l’idée d’un mouvement corporatiste, loin d’une préoccupation générale pour le système de santé.
Une mobilisation qui profite peu aux patients
L’argument de la protection de l’accès aux soins peine à convaincre, surtout face aux critiques sur le « saucissonnage » des examens, une pratique dénoncée pour maximiser les facturations. Pour les patients, déjà confrontés à des coûts élevés, cette grève peut apparaître davantage comme une défense d’intérêts particuliers, orchestrée par une profession qui bénéficie d’un lobbying médical bien établi, plutôt qu’une réponse aux besoins du public.
Comparaison avec l’Europe : un écart notable
En Europe, les radiologues français restent mieux lotis que leurs homologues. En Allemagne, les salaires de base, augmentés de 40 % pour les heures supplémentaires, atteignent environ 250 000 € brut par an, tandis qu’en Belgique, des estimations évoquent jusqu’à 400 000 € brut. Malgré leur baisse, les revenus français, enrichis par des dividendes, dépassent souvent ces standards, renforçant l’impression d’un mouvement excessif face à une situation qui reste avantageuse pour ces praticiens.
Perspectives : risque d’isolement accru
À court terme, la grève du 10 novembre pourrait contraindre la CNAM à des concessions, portée par les réseaux d’influence des radiologues. À long terme, un échec pourrait accélérer la consolidation du secteur par des investisseurs privés, augmentant les coûts pour les patients. Cependant, leur dépendance à un lobbying médical puissant pourrait les isoler davantage, rendant leur mouvement impopulaire dans un système de santé sous pression.
Illustration d’en-tête : Tara Winstead
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