Intelligence artificielle (IA) générative : l’Autorité de la concurrence s’est autosaisie sur ce sujet majeur et lance une consultation publique
L’IA générative, c’est celle qui produit des contenus dont les « fermes à contenus », sites pseudo-médias qui produisent des contenus foisonnants de mauvaise qualité à l’aide de ChatGPT et autres IA. Sur ce sujet majeur, l’autorité de la concurrence voit un enjeu concurrentiel et des risques à ce titre avec un marché restreint de grands opérateurs numériques. La consultation publique est ouverte jusqu’au 22 mars 2024.
On ne peut que saluer cette initiative annoncée le 8 février 2024. Science infuse a commencé a abordé ce sujet l’an dernier suite à la mise en garde de NewsGuard, organisme indépendant constitué de professionnels du journalisme qui surveille les médias en ligne en ligne et lutte contre la désinformation en la matière. Leur outil NewsGuardRating permet, au moyen d’une méthodologie soigneuse de classer les sites en ligne de qualité et ceux qui propagent la désinformation. En fin d’année, elle s’inquiétait des fermes à contenus basées sur le « journalisme génératif », robots plagieurs qui « pompent » des contenus existants pour les retravailler avec l’aide de ChatGPT dans le sens souhaité en termes de messages prédéfinis. Une source de propagande ou de désinformation sous couvert de journalisme, vu que ces sites n’existent pas à présenter au publi des journalistes ou rédacteurs fictifs au sein d’une « rédaction » imaginaire.
Quelles sont les motivations et les objectifs de l’Autorité de la concurrence pour se saisir du sujet de l’IA générative et lancer une consultation publique ?
Nécessité de structurer un secteur naissant
L’Autorité de la concurrence définit l’intelligence artificielle (IA) générative comme la génération de contenus à partir « d’un large ensemble de données d’entrée« , d’une puissance de calcul importante qui font appel aux outils d’IA que l’on connaît : le deep learning (apprentissage profond) et les réseaux neuronaux. Les contenus générés par ce biais revêtent toute forme : texte, graphismes, supports clients.
Le robot conversationnel ChatGPT de la société Open AI, lancée dans l’arène publique en 2022, a accéléré le mouvement et les inquiétudes.
En septembre 2023, la Première ministre Elisabeth Borne avait lancé un comité de l’intelligence artificielle générative afin de proposer au gouvernement des orientations concrètes en la matière, autour de quatre axes : la formation, la structuration du tissu économique, des investissements pour l’innovation dans ce secteur, et une régulation visant à se protéger des dérives que l’on sait poindre du côté de la protection des données, de la propriété intellectuelle, de l’éthique te de la déontologie.
Un poids économique majeur
Selon Statista Market Insights, l’IA générative est en plein essor et devait atteindre un chiffre d’affaires mondial de 42 milliards d’euros en 2023, soit le double de l’année précédente. Pour la suite et jusqu’en en 20230, il est prévu une augmentation de près de 25 % par an, soit un marché de 200 milliards d’euros d’ici 2030. Le nerf de la guerre, ce sont les générateurs de texte comme ChatGPT, pionnier en la matière. Les challengers sont actuellement Jasper Chat , YouChat et DeepL avec des parts de marchés de 12 % environ chacun, suivi de Simplified (10 %).
Pour les générateurs d’images, Stastita place en tête le trio Midjourney, DALL-E et Night Café avec chacun 25 % de part de marché.
L’Union européenne légifère ne matière d’IA
Le 2 février dernier, l’UE a adopté une loi globale sur l’intelligence artificielle et c’est la première à le faire dans le monde alors que le G7 a adopté en novembre 2023 un code de conduite sur l’IA. Il existe aussi la « déclaration Bletchley cosignée par l’UE et 28 pays qui pose les bases de réflexions sur la sécurisation des risques technologiques associés à l’IA en vue de coopérations internationales, avec l’implication des autorités de la concurrence au niveau mondial, ne manque pas de préciser l’instance française en la matière.
Éviter un marché fermé tenu par les opérateurs historiques du numérique
Pour l’Autorité de la concurrence, les grands acteurs du numérique dispose déjà les « intrants clés ou des marchés adjacents » permettant lancement et développement d’une IA générative. Les requis sont donc une grande puissance de calcul avec passage généralement par un service cloud qui offre l’architecture requise. Or l’Autorité note que ce secteur est concentré auprès de quelques acteurs. Outre l’infrastructure, il faut collecter de nombreuses de données pour entraîner la machine (deep learning). ce qui donner des velléités de limitation d’accès sur les moteurs de recherche aux concurrents et la conclusion d’accords d’exclusivité entravant la concurrence. Enfin, ces acteurs historiques pourraient tenter de capter la main d’œuvre qualifiée dans ce domaine car ils ont les moyens financiers de leur offrir des salaires attractifs.
En bref, l’Autorité de la concurrence craint la création d’un secteur non concurrentiel avec une intégration verticale par les grands acteurs du numérique.
Elle rappelle dans ce cadre que Microsoft possède 49 % de participation dans OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, et qu’Anthropic une start up rivale est contrôlée par Amazon et Google.
Elle fournit à ce titre une infographie forte intéressante de la chaîne de valeur de l’IA générative :
La consultation publique
L’Autorité de la concurrence la lance pour recueillir les réflexions des parties prenantes afin d’en tenir compte dans l’avis qu’elle formulera. L’instance gouvernementale ne donne pas de date pour la publication de cet avis, indiquant simplement « dans les prochains mois ». En revanche, la consultation sera close le 22 mars prochain.
Elle souhaite y voir participer les acteurs du secteur, essentiellement les entreprises proposant des services d’IA générative, les fournisseurs de
services cloud, leurs clients.
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