Le massacre d’animaux sauvages soit-disant nuisibles reconduit pour 3 ans à la satisfaction des chasseurs et au détriment de la biodiversité
La liste des ESOD, « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » est très largement contestée par des spécialistes et le grand public, mais ils n’ont pas été entendus par le gouvernement qui a reconduit le dispositif le 4 août
Le verdict est tombé avec la parution au Journal officiel hier de la liste mise à jour quasi à l’identique des ESOD. Il y avait théoriquement un suspens quant à la reconduction d’espèces dont beaucoup méritent protection et surtout pas d’être massacrées par les moyens massifs parfois les plus inhumains possibles, comme le déterrage des renards et le piégeage ; et ce tout au long de l’année.
Renards roux, geais, martres, pies, fouines, corbeaux, belettes, corneilles et étourneaux
Voici les espèces qui restent des ESOD, soit des animaux sauvages nuisibles, affublés à nouveau d’un permis d’être tué alors que scientifiquement ce n’est pas justifié voire une mise en danger de leur espèce, aggravant la biodiversité que l’on sait de plus en plus menacée.
Il y avait pourtant eu une consultation publique jusqu’à début juillet, pour que chaque citoyen puisse s’exprimer à ce sujet. près de 71 % des répondants soit près de 35 000 citoyens sur 50 000 se sont opposés au maintien de ce « texte de la mort » selon l’ASPAS, une association de protection des animaux très engagée contre la législation ESOD.
Les seules avancées sont la sortie de la liste du putois d’Europe, et le retrait du renard dans le département de l’Yonne et de façon partielle dans 8 autres départements. La pie voit apparaître quant à elle 9 départements où elle est protégée. D’autres variations ont lieu de retraits ou d’ajouts de départements, selon l’espèce, dont on ne comprend pas bien l’objectif à part pouvoir dire qu’on n’a pas reconduit la liste des ESOD telle quelle.
L’ASAPS nous explique avec humour dans cette vidéo comment en 2023, un animal sauvage est classé nuisible, et pourquoi c’est complètement aberrant.
Recours de la Ligue de protection des oiseaux (LPO)
La LPO a publié un communiqué dès vendredi, s’indignant que « l’État perpétue l’inacceptable massacre d’animaux sauvages considérés comme nuisibles ». Elle regrette l’adoption de l’arrêté du 4 août perpétuant les ESOD par le ministère de la transition écologique. 4 mammifère et 5 oiseaux à abattre, pour elle c’en est trop. Elle rappelle outre la consultation publique récente, un sondage IFOP de mai qui avait révélé que les deux tiers des Français s’opposaient au classement ESOD.
La LPO rappelle que, « près de 2 millions d’animaux sauvages classés ESOD sont ainsi tués chaque année en France pour environ 20 millions d’euros de dégâts déclarés, soit à peine 10 € par victime« . Est-ce là un bon prix pour celui de la mise en péril de la biodiversité nécessitant la conservation d’espèces animales ? Quel est l’impact sur les écosystèmes ?
Scientifiquement, aucune efficacité n’est démontrée à détruire ces animaux, quant aux risques, ils sont inconnus en termes d’impact sur la biodiversité. Or le gouvernement a indiqué envisagé de lancer une réflexion dans seulement 3 à 6 ans pour les animaux ESOD sur la liste d’abattage massif. La notion de rapport bénéfice/risque, utilisé pour les médicaments et interventions médicales, peut s’appliquer pleinement.
Des animaux massacrés parce que « présumés coupables », déclare justement la LPO.
Image d’en-tête : photo-montage extrait de la vidéo de l’ASPAS présentée dans l’article.
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