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Le vinaigre de cidre au quotidien fait-il perdre du poids ? Une étude clinique récente confirme de bons résultats dans l’obésité

C’est une petite étude en termes d’effectif, mais de qualité d’un point de vue scientifique sur différents paramètres anthropométriques et métaboliques ; voyons cela de plus près

L’étude a été publiée il y a quelques mois dans la revue médicale BMJ (British Medical Journal) Nutrition, Prevention & Health. Elle est signée par Rony About-Khalil, et Elissa El-Hayek, chercheurs à l’Université de Kaslik au Liban et Jeanne Andary, de l’American University of Science and Technology à Beyrouth au Liban, sous le titre « Apple cider vinegar for weight management in Lebanese adolescents and young adults with overweight and obesity: a randomised, double-blind, placebo-controlled study« 

À la recherche de moyens de lutte contre l’obésité

L’obésité est un fléau mondial. Les auteurs rappellent que la la World Obesity Federations’s 2023 Atlas prévoit que d’ici 2035, plus de la moitié de la population mondiale sera en surpoids ou obèse.
Lutter contre la prise de poids excessive est important car la pathologie entraîne de multiples maladies métaboliques et physiques. Elle est responsable notamment de maladies chroniques cardiovasculaires, de diabète, de troubles musculosquelettiques ou encore de troubles psychologiques. Les mesures hygiéno-diététique (réglme alimentaire, exercice physique) sont essentielles, mais quand ce n’est pas suffisant, on passe aux médicaments. Ces dernières années, on a beaucoup parlé notamment dans ces colonnes des agonistes GLP-1, une nouvelle classe pharmacologique, d’abord utilisés dans le diabète et désormais utilisés pour la perte de poids, avec semble-t-il une efficacité redoutable. Mais des effets indésirables aussi, comme tout médicament, et le risque de devoir prendre ces médicaments injectables, très onéreux, à vie.
Les auteurs de l’étude rappellent donc en introduction que la recherche de méthodes alternatives pour la gestion de l’obésité est active. Le vinaigre de cidre a gagné en popularité à ce titre, et il y a déjà eu de petites études cliniques porteuses d’espoir associant la consommation de vinaigre de cidre à la perte de poids, la réduction des graisses corporelles et la réduction du tour de taille.

Les bienfaits potentiels du vinaigre de cidre

Ce vinaigre est préparé par fermentation de jus de pomme. Il contient des vitamines, des minéraux, des acides aminés et des polyphénols comme les flavonoïdes. Les auteurs rappellent qu’on l’utilise depuis des siècles comme remède traditionnel et qu’il existe un regain d’intérêt pour lui dans la prise en charge de la gestion du poids. Dans la littérature scientifique, des études animales ont montré des effets favorables en prise quotidienne chez des rats ayant un régime hypercalorique, conduisant à une réduction de l’augmentation de la glycémie et des lipides. Chez des rats mâles obèses à forte consommation de lipides, il a été démontré une baisse du stress oxydatif. Des études de petite taille et de faible durée chez l’humain ont également montré des résultats prometteurs sur la perte de poids et les paramètres associés.

Quels mécanismes d’action ?

Les hypothèses concernant le mode d’action du vinaigre de cidre sont les suivantes, sur la base des données de la littérature synthétisées par les auteurs : sur la base des études animales, une réduction de l’apport énergétique, ainsi qu’une augmentation des dépenses énergétiques, l’augmentation de la sensibilité à l’insuline (l’hormone qui active la consommation du sucre dans le sang), la régulation de l’appétit et de la sensation de satiété. D’un point de vu biochimique, il est rappelé que le vinaigre est principalement composé d’acide acétique, rapidement absorbé par le système digestif après ingestion. On le retrouve sous forme d’acétate dans la circulation. Il se lie facilement à des tissus sensibles à l’insuline (tissu adipeux, muscles squelettiques, foie, cellules pancréatiques bêta, intestin) portant des récepteurs couplée à la protéine G (GPR43 ET GPR41 en particulier).
Une étude japonaise chez des rats atteints de diabète de type 2 a montré par ailleurs que l’administration orale d’acide acétique augmentait la tolérance au glucose (sucre) et réduisait l’accumulation de lipides dans le tissu adipeux et le foie. Une autre étude, in vitro, a montré que l’acide acétique réduisait l’expression de gènes impliqués dans la néoglucogenèse, c’est-à-dire la formation de glucose à partir de composés non glucidiques. L’acide acétique semble aussi affecter des enzymes clés impliquée dans ce phénomène ainsi que la lipogenèse (fabrication de graisse dans les tissus), en particulier la 5′-AMP-activated protéine kinase, avec effet sur l’obésité, le diabète de type 2 et l’hyperlipidémie. En somme des cibles clés, pharmacologiquement. Enfin, on peut citer des études chez la souris qui montrent que l’injection intrapéritonéale d’acétate réduit la prise alimentaire par activation de certains neurones afférents vagaux.
Chez l’humain, on a peu de données visant à évaluer les mécanismes d’action de l’acide acétique ou du vinaigre.

Une étude libanaise pour étoffer la population évaluée

L’étude que nous commentons a eu lieu au Liban, avec une population locale. Ce pays fait partie de ceux qui considèrent l’obésité comme l’un des plus gros problèmes de santé publique. Elle est donc spécifique au pays mais vient compléter les données existantes qui n’incluaient pas des patients originaires de ce pays avec des données locales. Elle peut contribuer, comme l’indique les auteurs, à définir des recommandations quant à l’utilisation du vinaigre de vin comme intervention dans un régime alimentaire dans la gestion de l’obésité mais aussi encourager à poursuivre les recherches dans le domaine et mener des études similaires impliquant d’autres populations.
L’étude est de petite taille et de faible durée comme beaucoup d’autres en la matière, mais de méthodologie de bonne facture : 120 personnes en surpoids, adolescents et jeunes adultes âgés de 12 à 25 ans (moyenne : 18 ans) avec IMC de 27 à 34, ont participé à cette étude en double aveugle contre placebo : le « gold standard » : un groupe recevant du cidre chaque jour, l’autre groupe recevant quelque chose en ayant l’apparence et le goût mais sans vinaigre (placebo, ici à base d’acide lactique) ; ni les professionnels menant l’étude ni les participants ne savaient qui recevaient quoi (double aveugle). La détermination du groupe d’appartenance était faite au hasard pour chaque participant (randomisation). Dans le groupe « actif » avec vinaigre, il y avait 3 sous-groupes de 3 doses de vinaigre différentes (5, 10 et 15 ml dans 250 ml d’eau), pour une prise par jour. L’étude a duré 12 semaines par participant.

Critères d’évaluation et résultats

L’étude a mesuré bien sûr au cours de l’étude le poids des participants, leurs IMC (indice de masse corporelle) et tour de hanche, leur glycémie à jeun et leurs taux de triglycérides et cholestérol (graisse) dans le sang. Au bout des 3 semaines de l’étude, les participants qui prenaient du vinaigre ont montré des améliorations significatives de ces différents paramètres mesurés tous les mois, par comparaison à ceux qui prenaient le placebo inactif qui d’ailleurs n’a conduit à aucune variation notable. Encore mieux, l’amélioration des paramètres a augmenté avec la dose de cidre consommée par jour (5, 10 ou 15 ml). On dit dans le jargon que l’effet était « dose-dépendant ».
La confirmation des bienfaits du vinaigre de cidre sur les différents critères d’évaluation de l’obésité amènent les auteurs à conclure que son utilisation au moins comme complément alimentaire pourrait bien être une solution judicieuse contre l’obésité, d’autant qu’il ne présente pas d’effets indésirables, contrairement aux médicaments.

À noter : dans cette étude libanaise, les participants prenait leur dose de vinaigre de cidre à jeun, certes dilué dans un grand verre d’eau. Dans beaucoup d’autres études, le vinaigre était pris avant ou pendant le repas.
Alors, prêts à tenter un réveil matinal acide mais sans aigreur ? N’oublions pas que la première mesure de lutte contre le surpoids sont les mesures hygiéno-diététiques. Vous enchaînerez donc éventuellement avec une bonne marche ou un footing. Bon courage !


Illustration : dessin de presse Milleray pour Science infused

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