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Jean Anouilh, souvenirs d’un jeune homme au théâtre Poche Montparnasse

Jean Anouilh ne prenait pas le théâtre au sérieux. Et le théâtre ne lui en tenait pas rigueur. Il considérait que c’était un endroit « où l’on joue à faire semblant ». Ni plus, ni moins.

Il faut dire que le théâtre, Jean Anouilh n’était pas tombé dedans quand il était petit. Né en 1910 à Bordeaux d’une famille modeste, c’est uniquement armé de son baccalauréat (ce qui, certes, n’était pas rien à l’époque) que le jeune Jean s’évertue à gagner sa vie. Il avise une petite annonce provenant d’un grand magasin et le voilà embauché au rayon quincaillerie où il est chargé de répondre au courrier des clients insatisfaits. C’est ainsi que, pour sa première mission, on lui confie que « La Vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique ». Et c’est lui, le petit nouveau, qui est chargé d’envoyer une missive à la dite Vicomtesse pour lui assurer que tout est mis en œuvre pour satisfaire sa commande. La Vicomtesse d’Eristal ne pouvait pas se douter qu’elle recevait une lettre de celui qui allait devenir l’un des plus prolifiques auteurs de la scène française.

Anouilh passe ensuite à la publicité, ce média à l’époque totalement balbutiant où il suffit de faire preuve d’un peu de fantaisie pour briller : « Les draps Purlin garantis cent pour cent pur lin ». C’est là qu’il croise Jacques Prévert et Jean Aurenche, aussi jeunes, aussi perdus et aussi inconnus que lui. Dans cette époque de l’entre deux guerres, le commerce, la publicité, c’était déjà du théâtre.

Anouilh est réquisitionné en 39 et il va connaître la drôle de guerre, la défaite, l’exode, les camps de prisonniers. C’est encore du théâtre.

Et lorsqu’enfin, au hasard des rencontres (dont celle, majeure, de Louis Jouvet), Anouilh parvient dans le monde du théâtre et se met à y gagner sa vie, il se souviendra toujours de ses origines et de son parcours.

A partir de deux textes de Jean Anouilh, La vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique et En marge du théâtre, la compagnie du Colimaçon a composé un spectacle amusant, poétique, un peu rétro et plein d’esprit. Gaspard Cuillé et Benjamin Romieux se répartissent le monologue autobiographique de Jean Anouilh, aussi humble que drôle, ainsi que tous les personnages, célèbres ou inconnus, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qu’ils campent, à chaque fois, avec infiniment d’humour et de tendresse.

Souvenirs d’un jeune homme est un véritable hymne d’amour au théâtre, mis en scène avec simplicité mais efficacité par Emmanuel Gaury.

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Photos : ©Alejandro Guerrero

À partir du 20 mai, les mardis et mercredis à 19h

D’Un spectacle imaginé par Gaspard CUILLÉ et Benjamin ROMIEUX

D’après La Vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique et En Marge du théâtre, de Jean ANOUILH

Avec Gaspard CUILLÉ ou Emmanuel GAURY, Benjamin ROMIEUX

Mise en scène : Emmanuel GAURY

Création sonore : Mathieu RANNOU 

Lumières : Alireza KISHIPOUR

Poche Montparnasse – 75 boulevard du Montparnasse – 75006 Paris

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