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L’Ordre des sages femmes retire l’homéopathie, la phytothérapie et la sophrologie de sa liste des diplômes pouvant être mentionnés

Cette information ordinale a été publiée dans la première édition 2024 de la lettre trimestrielle de l’Ordre national des sages femmes (ONSF) à destination de la profession. C’est une bonne nouvelle pour la lutte contre les pseudosciences. Souhaitons que l’Ordre des médecins s’en inspire

La décision que nous rapportons ici est issue de réunions du Conseil de l’Ordre qui se sont tenus d’août à novembre 2023.

L’ONSF reconnaît l’importance des diplômes universitaires (DU) ouverts aux professionnels de santé afin d’acquérir des compétences complémentaires pour approfondir les connaissances. Il tient ainsi à jour une liste des DU reconnus pour les sages femmes inscrites à l’Ordre. L’inscription à cette liste est obligatoire pour faire valoir cette formation auprès des patients. Dans ce cadre l’Ordre considère également qu’il est important qu’il évalue, de façon régulière, la pertinence de chacun de ces diplômes énumérés dans cette liste autorisée.

À ce titre, l’ONSF fait état de deux problèmes essentiels.

Le danger des DU ouverts aux non professionnels de santé

On le sait, l’essor des pseudosciences et pratiques non médicales, c’est-à-dire non éprouvées par la science tient en grande partie au fait qu’elles sont promues et dispensées par des non professionnels de santé. Ces derniers ont tendance à se présenter pourtant faussement de la sorte ou à avoir une communication ambiguë à ce sujet.
Or certains DU ont un accès ouvert à la fois aux professionnels de santé et aux non professionnels de santé. La conséquence est que cela accroît le risque de confusion des personnes qui consultent ces non professionnels, qui jouent sur un diplôme commun avec les professionnels de santé

Le rejet des DU portant sur des pratiques en santé non éprouvées

Si ces DU sont ouverts aux non professionnels de santé, c’est parce qu’il s’agit de pratiques non éprouvées par la science. Or la médecine est fondée sur la science et les preuves, à défaut il n’y a pas de reconnaissance scientifique, et donc de reconnaissance de matière médicale. Pourtant, ces DU sont dispensés par les facultés de médecine et de pharmacie, ce qui est une aberration, et à la source des problèmes puisque nous avons comme résultat des médecins autorisés à pratiquer une spécialité non éprouvée, comme l’homéopathie (et des non professionnels de santé qui peuvent se targuer d’avoir la même spécialisation qu’un médecin, ce que l’on a vu plus haut). Le Code de la santé publique est clair à ce sujet.

Depuis l’an dernier, on parle de « pratiques non conventionnelles en santé » (PNCS) à l’initiative de l’ancienne ministre déléguée à la santé Agnès Firmin-LeBodo, très investi pour légaliser nombre de ces pratiques et soutenant depuis 2020 un lobby de pseudosciences appelé « Agence des MCA » (« Médecines complémentaires et alternatives ») pour en faire une agence gouvernementale. Son initiative semble heureusement avoir périclité avec son départ du ministère de la santé suite au scandale des pharmaciens soudoyés par le laboratoire URGO dont elle faisait partie lors de son exercice officinal.

Des DU susceptibles de « compromettre l’intégrité et la crédibilité des professionnels de santé »

« La sage femme doit aligner sa pratique sur les données acquises de la science« , martèle l’ONSF, s’appuyant sur le code de déontologie des sages femmes décrit aux articles R4127-314 et 325 du Code de la santé publique. Il ne mâche pas ses mots, l’intégralité et la crédibilité sont en jeu des professions concernées sont en jeu, et on peut bien évidemment décliner cela pour tous les professionnels de santé.


Mise à jour des titres de formation autorisés pour les sages femmes

Conformément aux articles R.4127-339 et R.4127-340 du Code de la santé publique, les sages femmes peuvent faire figurer sur leur plaque, leurs feuilles d’ordonnance et leurs autres documents professionnels, les annuaires à usage du public ainsi que son site internet professionnel, ses titres, diplômes et fonctions reconnus par le Conseil national de l’Ordre.

Trois domaines de pratiques en santé non éprouvées et/ou ouvertes à des non professionnels de santé ont été retirés de la liste des diplômes et titres autorisés pour mention. Il s’agit de l’homéopathie, de la phytothérapie et de la sophrologie.
En conséquence, la liste à jour datée d’avril 2024 comprend désormais les diplômes complémentaires dans les domaines suivants :

  • Acupuncture obstétricale
  • Addictologie
  • Contraception et gynécologie
  • Éthique et déontologie
  • Échographie obstétricale
  • Hypnose médicale
  • Lactation et allaitement
  • Lutte contre les violences faites aux femmes
  • Mécanique et technique obstétricale
  • Médecine fœtale
  • Nutrition
  • Périnatalité
  • PMA
  • Prise en charge des nouveau-nés
  • Psycho-périnatalité
  • Rééducation périnéale
  • Sexologie
  • Suivi des grossesses à risque
  • Tabacologie et aide au sevrage tabagique

Les sages femmes ne peuvent désormais plus mentionner les diplômes non énumérés dans la liste dans leur exercice professionnel, à l’exception de celles qui en faisaient état sur leurs documents professionnels avant la décision.

L’Ordre des médecins dans l’immobilisme

L’inaction de l’Ordre des médecins est un problème grave, dans la mesure où il valide et autorise une grande partie des nombreux diplômes incriminés. Et il ne s’agit pas que des trois diplômes retirés par l’Ordre des sages femmes qui n’était pas exhaustive quant aux pratiques de santé non éprouvées. L’Ordre permet donc de faire prospérer des spécialités non conforme aux principes de la médecine et au Code de déontologie de la profession, ce qui est un comble, permet à des non professionnels de santé de les obtenir, leur permettant aussi de prospérer sur des titres et compétences trompeuses.
À titre d’exemple, le DIU de thérapeutique homéopathique, s’est renforcé cette année, ajoutant la faculté de Strasbourg ( bien gangrénée par l’enseignement des pseudosciences) à celle de Reins et de Marseille pour cet enseignement pseudoscientifique ouvert très largement aux non professionnels de santé. Une aberration. On ne peut que remercier la décision de l’ONSF, qui devrait être un modèle à suivre pour le CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins). C’est sans compter sa propension à protéger les adhérents et lobbys internes comme celui des médecins homéopathes.

Image d’en-tête : dessin de presse Milleray pour Science infuse

Mise à jour : 8/6/2024 : modification et mise à jour du paragraphe énumérant les domaines de diplômes autorisés pour mention

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