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Nouvelle mesure d’Elon Musk : la plateforme X (ex Twitter) rend anonymes les « like »

Le 11 juin, la patron de Twitter a confirmé l’information parue dans un média américain. Les internautes ne pourront plus stigmatiser les usagers du réseau en fonction des publications qu’ils apprécient

« X est sur le point de masquer tous les like » titrait le média tech ‘The Verge’ hier soir, rappelant un changement prévu de longue date. En effet, Elon Musk envisageait dès l’année dernière de supprimer beaucoup de boutons d’actions sous les publications pour mettre en avant essentiellement le nombre de vues. Néanmoins, la plateforme n’est pas allée jusqu’à la suppression de la vue des « like ». C’est normal, la popularité est un moteur du fonctionnement.

Les « like », c’est la possibilité de marquer publiquement qu’on apprécie une publication en cliquant sur une icône de cœur sous le post. Cette action est publique, de sorte que le nombre de « like » apparaît mais aussi la possibilité de savoir qui a « liké ».
Les usagers du réseau X pourront continuer à le faire, le décompte des « like » sous chaque post reste présent, mais seul l’auteur des posts saura qui a « liké » ses publications. Il est à noter que cette restriction est déjà possible en tant qu’option pour les abonnés payant du réseau (comptes « Premium).

Protection de l’image des usagers comme motif officiel

Elon Musk a confirmé l’annonce en s’exclamant sur X : « C’est important de permettre aux gens d’aimer des publications sans être attaqués parce qu’ils le font ! »

Le 12 juin au soir, les utilisateurs français de X ont vu apparaître cette notification :

Le directeur de l’ingénierie de X, avait rappelé le 22 mai sur le réseau social : « Oui, nous rendons les like privés. Les like publics encouragent les mauvais comportements. Par exemple, de nombreuses personnes se sentent découragées d’aimer des contenus susceptibles d’être « audacieux » par crainte de représailles de la part de trolls ou pour protéger leur image publique. Bientôt, vous pourrez aimer sans vous soucier de qui pourrait le voir. Nous vous rappelons également que plus vous aimez de messages, plus l’algorithme s’améliore. »

On comprend bien la motivation derrière la protection des usagers invoquée : enlever des freins au like en les rendant anonymes. Une prime à la quantité mais aussi, un moyen de pousser à liker sans tabou ce qui fait le plus tourner les publications : les posts chargés d’émotions et provocateurs.

Une prime à la pensée critique ?

Alors : seul compte toujours le nombre de like, plutôt que les faits ? C’est à l’évidence toujours le cas, puisque le critère quantitatif de like reste visible et une base pour « faire tourner l’algo ».

Malgré tout, masquer l’aspect qualitatif, à savoir qui like quoi, présente quand même un sacré avantage en lien avec cette protection d’image invoquée par Elon Musk. Car aujourd’hui, beaucoup d’internautes jugent effectivement sur « l’enrobage » plutôt que sur le contenu. « Dis-moi qui tu suis et qui tu likes, je te dirai qui tu es ». Il est très fréquent de voir toute appréciation de contenu et une capitulation à l’argumentation pour se contenter de dire que vu qui l’interlocuteur suit ou « like » sur le réseau, ce n’est pas la peine de poursuivre. Bref, on est vite catalogué sans débattre du fond. Ce peut même être un argument fallacieux pour éliminer d’un revers de main des publications pourtant pertinentes.

Et pourquoi ne pas masquer les « followers » ?

Les résultats ne se sont pas fait attendre, Elon Musk s’est félicité le 13 juin au matin d’une « augmentation massive » des like suite à l’anonymisation, publiant le graphique suivant sur le réseau social :

Alors évidemment, il reste possible, en tout cas pour l’instant, d’aller voir qui suit un interlocuteur pour le discréditer sur cette base, et faire, à nouveau, l’économie du débat de fond voire un « fichage » des usagers dont sont friands les camps sectarisés sur les réseaux sociaux.
On peut imaginer qu’il serait cohérent d’anonymiser également le suivi d’autres usagers, en ne laissant apparaître que le nombre de suiveurs pour inciter à suivre plus d’internautes et ainsi augmenter encore les like.

Mais, pour l’heure, l’opération sur les like, c’est toujours cela de gagné pour la pensée critique même si on l’a vu, la finalité est sans doute plus commerciale qu’autre chose.

Image d’en-tête : dessin de presse LeBecq pour Science infuse

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