Prescription des médicaments : Les médecins sont assistés en amont et en aval par les pharmaciens, spécialistes du médicament. L’intelligence artificielle est désormais de la partie
Éviter les erreurs de prescription est un enjeu de santé publique. Pour cela les pharmaciens sont aux premières loges pour éviter le mésusage et les accidents médicamenteux qui restent trop nombreux; côté IA, on évoquera le logiciel Posos, premier à l’intégrer.
Le pharmacien est le spécialiste du médicament : conception, recherche, fabrication, mode d’action, effets indésirables et délivrance, il intervient en tant qu’expert à tous les stades de son cycle de vie. Si le médecin est donneur d’ordre pour les médicaments sur ordonnance, avec néanmoins une part de plus importante dévolue logiquement au pharmacien (renouvellement de médicaments pour les pathologies chroniques, prescription et administration de vaccins, médicaments pour les cystites et les angines bactériennes), les erreurs de prescription sont régulières et leurs conséquences peuvent être graves pour les patients.
Le mésusage des médicaments, c’est en moyenne 20 000 décès par an et plus de 100 000 hospitalisations.
En 2020, la Haute autorité de santé (HAS) comptabilisait des centaines d’erreurs de prescription générant des effets indésirables graves, selon la typologie suivante. On voit que l’immense majorité des problèmes émanent des professionnels de santé :
Le pharmacien contrôle les prescriptions du médecin
C’est un rôle essentiel du pharmacien. En tant que spécialiste du médicament, le Code de la santé publique (article 44235648° prévoit que toute ordonnance de médicaments est l’objet d’une analyse réglementaire et pharmaceutique par le pharmacien dispensateur afin d’évaluer l’adéquation de la prescription, de déceler les erreurs et de pourvoir aux corrections nécessaires.
Cela inclut, tenant compte des données du patients (données démographiques, histoire de la maladie, historique médicamenteux), la vérification du choix du médicament, de la dose, de la posologie, de la durée du traitement, la vérification de l’absence de contre-indication ou des éventuelles interactions avec d’autres médicaments ou autres produits (exemple, phytothérapie).
Voici un extrait de logigramme établi par l’OMEDIT (organisation d’expertise en matière de médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques) résumant les tâches du pharmacien à ce titre dans le cadre de sa mission de dispensation de médicaments :
Cette responsabilité d’analyse pharmaceutique est pénale : en cas d’erreur de prescription non traitée par le pharmacien, ce dernier en est co-responsable pénalement conjointement avec le médecin.
La correction des erreurs implique une intervention pharmaceutique du pharmacien, à savoir la proposition d’une modification de la prise en charge
thérapeutique du patient suite à son analyse pharmaceutique. Il peut s’agir d’ajouter, d’arrêter, de modifier la voie ou le mode d’administration ou la posologie, de substituer ou échanger des médicaments prescrits.
En pratique, les pharmaciens passent du temps non négligeable à vérifier et corriger les erreurs en lien avec des problèmes de prescription par les médecins. Alors comme mieux vaut prévenir que guérir, comment éviter les erreurs de prescription, la pharmacologie n’est pas la spécialité du médecin ?
Prévention avec les logiciels d’aide à la prescription
Avant l’ère de l’informatique, la bible du médecin était le dictionnaire VIDAL, qui répertorie les notices produit destinées aux professionnels de santé et en particuliers aux médecins prescripteurs. Ces fiches, qui sont des Résumés des Caractéristiques du produit (RCP) médicamenteux élaborées et vérifiées par des pharmaciens émanent des laboratoires qui commercialisent les médicaments. La première édition du Vidal paraît en 1914 sous le nom de « Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques« . Depuis lors, les médecins n’ont cessé de feuilleter au quotidien cette encyclopédie comme aide à la prescription.
Puis l’aire de l’informatique est arrivée. Le dictionnaire Vidal, financé par l’industrie pharmaceutique, reste la base de données de référence des médicaments mais on le consulte principalement en ligne.
Aujourd’hui, on est passé à la vitesse supérieure avec le logiciel d’aide à la prescription. La HAS le définit comme un « logiciel dont au moins une des fonctions permet d’élaborer et d’éditer les prescriptions médicales« . Il en existe deux types selon qu’il s’agit d’aide à la prescription hospitalière ou ambulatoire (médecine de ville). L’autorité de santé les définit car elle en valide la qualité dans le cadre d’une démarche volontaire des fabricants. À ce jour, il existe 42 logiciels d’aide à la prescription ambulatoire certifiés. La certification est faite selon un référentiel défini au Code de la santé publique, qui définit un « ensemble d’exigences
minimales fonctionnelles en matière de sécurité, de qualité et d’efficience« .
Ces logiciels, qui s’appuient sur les référentiels médicament comme les RCP, proposent des fonctionnalités variées visant à empêcher les erreurs de prescription au moyen d’alertes lors de la rédaction d’une ordonnance par le médecin. Mais ces alertes visent principalement les erreurs de base.
Posos, nouvel entrant innovant, mise sur l’intelligence artificielle
Le marché des logiciels d’aide à la prescription n’avait pas évolué depuis 20 ans, avec toujours les mêmes éditeurs. Aujourd’hui, un nouveau venu donne un souffle de nouveauté et d’évolution à ce marché en misant sur l’intégration de l’intelligence artificielle. En effet, on a vu que la prescription est un acte hautement technique et complexe. Le nombre de médicaments (plus de 12 000), la population vieillissante polymédiquée (multi-médicaments) sont des défis de plus importants pour le prescripteur. L’erreur est à la porte de chacun d’entre eux.
C’est pourquoi la start-up Posos a-t-elle misé sur l’intelligence artificielle et en particulier le machine learning pour concevoir son produit, qui vient d’être certifié par la HAS. Ainsi, le logiciel apprend-il du travail qu’on lui fait faire. Cette évolution par IA est contrôlée en permanence par des pharmaciens de la start-up, soit par les experts en matière de médicaments. En pratique, quels sont les avantages ? Avant tout la possibilité de formuler des requêtes complexes liées par exemple au cas d’un patient atteint de plusieurs pathologies, présentant des caractéristiques démographiques particulières (taille, poids, âge), prenant déjà tel ou tel médicament. Le logiciel va prendre en compte tout cela pour formuler des recommandations ou proposition quant à la prescription. On est bien loin des alertes basiques en cours de rédaction d’ordonnance, comme une dose supérieure à la dose maximale autorisée.
Posos revendique à ce jour plus de 80 000 soignants utilisateurs de son logiciel à l’hôpital et en ville.
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