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Produits de santé : la France gâche, l’Europe avance

la France gâche, l’Europe avance

Un rapport de la Cour des comptes publié le 5 septembre 2025 révèle qu’avec 36 milliards d’euros engloutis en 2023, la France croule sous le gaspillage des médicaments et affiche un retard numérique. Face aux Pays-Bas et au Danemark, modèles d’efficacité et d’écologie, l’Hexagone doit urgemment passer à la vitesse supérieure pour une santé verte et connectée.

Gaspillage : la France, mauvais élève européen

En 2023, la France, deuxième dépensier santé d’Europe (11,5 % du PIB), jette 8 503 tonnes de médicaments, soit 561 millions à 1,7 milliard d’euros. Ce gâchis, alimenté par des surprescriptions et des péremptions courtes (36 heures pour certains anticancéreux), dépasse la moyenne européenne (124 g de déchets par habitant contre 80). Les Pays-Bas réemploient 68 % des boîtes non ouvertes, réduisant les pertes de 70 %. L’Allemagne mise sur des emballages éco-conçus, économisant 20 % de déchets. Avec 5 000 pénuries en 2023, la France peine à suivre l’UE, qui impose 65 % de recyclage des emballages d’ici 2025.

Numérique : un retard criant

La pharmacovigilance française, cruciale pour détecter les effets indésirables, est freinée par un manque de traçabilité et des outils numériques défaillants. Seulement 26 % des Français utilisent « Mon espace santé », et 41 000 médecins dématérialisent leurs ordonnances. À l’hôpital, l’absence d’identifiants prescripteurs (RPPS) et la faible interconnexion des bases (DMP, DP) limitent la surveillance des risques, comme pour Ozempic (2,92 millions de boîtes en 2023). Le Danemark, avec 100 % de prescriptions électroniques, divise les erreurs par deux. L’Estonie connecte 99 % de ses médecins à un dossier partagé, économisant 300 millions d’euros. La France, à la traîne (20 % de seniors exclus du numérique contre 10 % en Suède), rate le coche de l’Espace européen des données de santé.

Économie circulaire : un potentiel à libérer

La santé française émet 50-60 millions de tonnes de CO2 (8-10 % des émissions nationales), comme l’UE. Mais les Pays-Bas recyclent 70 % des emballages pharma, et la Belgique reconditionne des cathéters à moitié prix. La France, avec Cyclamed (9 000 tonnes collectées), progresse, mais l’interdiction du réemploi et des péremptions courtes freine. La loi AGEC (25 % de plastique recyclé d’ici 2025) donne un élan, mais l’UE vise plus haut (Green Deal).

Perspectives : un sursaut ou le déclin

D’ici 2030, l’UE impose des données fluides et des filières circulaires. La France, avec 95 millions d’euros pour l’e-santé, peut viser un leadership en connectant 80 % de ses citoyens et en réemployant les médicaments. Une alliance franco-allemande pourrait créer 500 000 emplois et diviser les émissions par deux. Sans réforme, face aux résistances industrielles et à un déficit de 5 milliards en 2026, la France restera l’outsider d’une Europe qui innove.

Illustration d’en-tête : Szymon Shields

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