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Projet de loi sur les dérives sectaires : Le Sénat rejette à nouveau l’article 4 en Commission mixte paritaire

Sénateurs et députés ont tenté sans succès de se mettre d’accord le 7 mars sur un projet très controversé considéré comme mal ficelé et dangereux par le Conseil d’État, ce qu’avait initialement acté les sénateurs avant adoption aux forceps à l’Assemblée nationale suite à premier rejet.

Que va-t-il advenir de ce projet de loi controversé ? L’exécutif a décidé, tenant à son projet et malgré les écueils de lui faire poursuivre son parcours. Iva donc refaire la « navette » en repartant à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture et un troisième vote le 19 mars, puis reviendra au Sénat le 2 avril.

Sur ce projet de renforcement de la lutte contre les dérives sectaire, les parlementaires spécialement réunis ne sont pas parvenus à trouver un accord. Un clivage politique existe avec le gouvernement à l’origine du texte et la majorité en soutien, face aux partis de droite qui font des reproches légitimes au projet dans le sens de l’avis du Conseil d’État, mais aussi du Conseil national des Barreaux d’avocats.

La tentative de conciliation n’aura duré que 45 minutes, réunissant 14 parlementaires (7 sénateurs et 7 députés) qui n’ont pu que constater leur désaccord.

Le problème est objectif : ce projet , que porte Sabrina Agresti-Roubache, Secrétaire d’État à la Citoyenneté avec la Miviludes, créée de nouveaux délits décrits de manière trop large ou confuse, qui se recoupent avec des délits et des sanctions assorties déjà existants dans le Code pénal.

L’inflation normative, une mauvaise réponse à un problème de moyens sur le terrain

Tout a été dit par Lauriane Josende (Les Républicains), sénatrice des Pyrénées-Orientales (Occitanie), rapporteur sur ce projet, sur le réseau social X (anciennement Twitter) le 7 mars au soir : « Échec de la Commission paritaire mixte sur le Projet de Loi visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires. J’avais proposé un enrichissement plus pratique et opérationnel des mesures déjà existantes dans le Code Pénal pour lutter efficacement contre ce fléau.
Malheureusement, l’Assemblée nationale a maintenu sa position de création de nouveaux délits favorisant l’inflation législative sans effets concrets.
Je reste déterminée à continuer mon engagement en faveur de la protection de nos concitoyens contre les dérives sectaires en trouvant des solutions efficaces et équilibrées par d’autres voies ! »

On ne pourra pas reprocher à la sénatrice de ne pas savoir de quoi elle parle, elle est avocate de profession.

Elle explique que le problème n’est pas législatif avec de multiples délits déjà caractérisés dans la loi qui couvrent tout ce que l’on peut reprocher aux acteurs de dérives sectaires, et ainsi tout un arsenal répressif est disponible. Il n’y a donc pas de problème législatif avec un vide à combler.
Elle met le doigt sur ce qu’il pêche en réalité : un manque de moyens humains et matériels sur le terrain et évoquer en particulier les réseaux sociaux et autres moyens numériques qui permettent l’essor actuel des dérives sectaires, tel qu’on l’a vu très clairement lors de la crise du Covid-19 en matière de santé.

Le Sénat a publié le 7 mars un communiqué de presse : « Lutte contre les dérives sectaires : le Sénat refuse d’affaiblir la qualité de la loi par de nouvelles infractions inabouties et non nécessaires« .

L’essentiel de son contenu : « Profitant de l’occasion trop rare de débattre de la lutte contre les dérives sectaires, le Sénat avait enrichi le texte de plusieurs dispositions appelées de leurs vœux de longue date par les acteurs de terrain et les parlementaires, en particulier la consécration législative du statut de la mission interministérielle en charge de la lutte contre ce phénomène ainsi que la répression de telles infractions commises en ligne ou sur des mineurs.

La focalisation de la réflexion de l’Assemblée nationale, à la suite du Gouvernement, sur la réponse pénale et le rétablissement de dispositifs juridiquement fragiles, sans que la nécessité de légiférer soit avérée et au risque de déstabiliser tout l’arsenal pénal existant est d’autant plus regrettable. Elle a pour conséquence d’occulter la nécessité pour les pouvoirs publics de porter leurs efforts sur l’amplification des actions de prévention et sur le renforcement des moyens de la justice comme des services enquêteurs spécialisés. Elle a empêché l’aboutissement à un texte commun permettant de lutter efficacement contre le fléau que représentent les dérives sectaires.« 

Il faut rappeler ici que la France est spécialiste de l’inflation normative dans tous les domaines, générant des millefeuilles ou « layercakes » constitués d’empilement de couches législatives et réglementaires, et c’est souvent plus indigeste et coûteux qu’efficace.
Alors, va-t-on replacer les moyens de lutte contre les dérives sectaires, là où il y en a besoin à savoir au niveau opérationnel, terrain et réseaux sociaux ? Ce qui n’empêche pas d’agir aussi en renforçant les textes législatifs existants comme le prône Lauriane Josende. À suivre dans les toutes prochaines semaines au Parlement.

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