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Sur les traces d’Elon Musk et son réseau social X, Mark Zuckerberg se « débarrasse » des « fact-checkers » pour Meta (Facebook, Instragram, Whatsapp)

« Nous allons nous débarrasser des fact-checkers et les remplacer par des notes de la communauté, similaires à X, en commençant par les Etats-Unis », a déclaré le patron de Meta ce jour dans un message vidéo sur les réseaux sociaux

La déclaration est sans ambiguïté concernant son nouveau modèle : le réseau social X, anciennement Twitter, racheté par le milliardaire Elon Musk. Sa lutte pour la liberté d’expression passe par la mise au rebut des médias « legacy » ou « mainstream », qu’il considère comme des agents du pouvoir en place sous couvert d’information. Dans ce système, il voit les « fact-checkers », journalistes ou pas, comme les petits bras besogneux de ce système selon lui corrompu. La solution ? la liberté d’expression. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à dire et redire aux usagers du réseau social : « Les médias, c’est vous ».

« Il est temps de revenir à nos racines autour de la liberté d’expression », clame le créateur de Facebook

Découvrez l’annonce vidéo complète de Mark Zuckerberg sur son compte Facebook en cet après-midi du 7 janvier.

Céder à la censure des fact-checkers a été une pilule amère pour Zuckerberg

Nous avions relaté dans ces colonnes en 2024, son mea culpa d’avoir cédé à la pression du gouvernement pendant la pandémie de Covid-19. Facebook s’était doté d’un système de modération à base de « fact-checkers », des vérificateurs d’information, qui identifiaient les fausses informations et les bannissaient du réseau. Sauf que ce qui était banni émanait au moins pour partie en réalité de la volonté de censure du gouvernement américain, non pas sur des bases factuelles mais sur base d’intérêts politiques. Le rétablissement de la vérité sous couvert de vérification des faits, au nom de la science avait bon dos, surtout dans des domaines peu accessibles à tous qu’est la science médicale, comme la virologie, l’infectiologie et l’épidémiologie. La direction de Facebook a eu le sentiment de se faire berner, et pour les informations qui étaient effectivement fausses, ils ont même considéré que la censure pouvait avoir l’effet inverse que ce qu’on escompte, à savoir susciter la méfiance et le regain d’intérêt pour les fausses informations. On voit donc aujourd’hui que Zuckerberg en a tiré une leçon radicale. Sa pensée et philosophie rejoignent dès lors celles d’Elon Musk.

RIP le gros réseau de fact-checking coordonné par Facebook

Il faut savoir que Facebook avait investi massivement pour les fact-checkers, coordonnant un programme rémunérant plus de 80 médias dans le monde entier et en 26 langues, afin de faire vivre le fact-checking sur les plateformes de Meta, soit Facebook, Instagram et WhatsApp. Cette manne va donc se tarir pour beaucoup de réseaux de fact-checking au sein de rédactions, au-delà de leur action sur les réseaux sociaux dans les équipes de modération des plateformes.
Alors, s’agit-il d’un échec pour la modération sur internet et la lutte contre la désinformation ? On pourrait le penser au premier abord. Cependant, il n’y a peut-être rien de plus dangereux que la censure sous couvert de vérité ou de science. Accepter leur instrumentalisation n’est pas les servir.

Fact-checker ou militant politique, il faut choisir

On a d’ailleurs vu fleurir ces dernières années, à la faveur de la crise sanitaire du Covid, des fact-checkers de réseaux sociaux, journalistes de profession ou amateurs, dont les comptes d’utilisateurs ne distinguent pas leur expression à titre privé de leur expression à titre professionnel. Les déclarations de vérification de fait côtoient les opinions politiques, les deux étant parfois mêlées, le tout sous couvert de faits ou de science. La santé et la médecine ont été très malmenés à ce titre, participant de la défiance grandissante en la science.

À l’appui, certaines réactions des fact-checkers visés par la mesure semblent étayer cet état de fait. À titre d’exemple, ce narratif qui ignore des faits établis pour les faire passer pour de la manipulation, émis par un… fact-checker du service public : « faire passer le fact-checking pour un outil de censure est un argument qui vient tout droit de Trump et de Musk, avec ses multiples relais en France« 

Le fact-checking, un remède pire que le mal ? Quand il est militant, c’est scientifiquement prouvé, il est dévoyé.

Pour l’heure, Elon Musk a déjà réagi à la nouvelle sur X avec un « C’est cool« . Il doit être d’autant plus ravi de ce rôle de modèle puisque Zuckerberg compte mettre en place un système similaire à ses « Community Notes » sur X.

https://twitter.com/elonmusk/status/1876657662068461657

Image d’en-tête : capture de vidéo Mark Zuckerberg – Facebook, 7 janvier 2025

Mise à jour : 08/01/2025 – ajout de la réaction d’un fact-checker du service public

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