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Varicelle et vaccination infantile

Par Marie Bayle-Normand, Dr en Chimie – membre fondatrice de Citizen4Science

Souvenez-vous, il y a quelques mois on s’est intéressé à la (trop) méconnue rubéole.

Tournons-nous à présent vers un virus que vous connaissez toutes et tous, vous l’avez sans doute déjà croisé. Lui aussi est plein d’enseignements sur la situation actuelle.

Virus respiratoire, à fort taux de contagiosité avant même les premiers symptômes, se développant dans le sang et les viscères (phase asymptomatique), puis engendrant fièvre, macules, papules et vésicules, il s’agit du virus de la varicelle, VZV (varicella-zoster virus), également appelé HHV-3 (human herpesvirus 3).

La varicelle touche surtout les enfants, mais peut aussi toucher les adultes non immunisés ou les nourrissons qui n’ont pas reçu assez d’anticorps maternels pendant la grossesse (mère immunisée). Bien que bénigne la plupart du temps, la varicelle peut se compliquer, en particulier chez les sujets immunodéprimés, les nourrissons, les adultes, les femmes enceintes. 

La varicelle est donc une maladie infantile mais pas que.

Après infection, le virus reste en sommeil dans les ganglions et peut se réactiver en zona des années plus tard. 

Plusieurs vaccins existent (pédiatriques, souche Oka), efficaces à 80-85 % après 1 dose, 90 % après 2 doses contre toute forme de maladie et quasi 100% contre les formes sévères (une et 2 doses). Excellent efficacité, bienvenue contre un virus hyper contagieux (R0 = 10-12, pour info Covid Delta = 6-7)

Pourquoi s’y intéresser aujourd’hui ?

Prenons les États-Unis qui ont introduit un programme de vaccination obligatoire. Avant, la varicelle était installée et en mode de croisière (on dit endémique). Chaque année, autant de cas de varicelle se produisaient que d’enfant naissaient. 

Imaginez si la varicelle nous était tombée dessus à la place du Covid ? Nous aurions eu une pandémie touchant aussi les adultes chez qui le risque de complication est plus élevé. Le risque pour les enfants, non nul, serait peut-être mal identifié en comparaison.

Après quelques années, les choses se stabiliseraient: la maladie deviendrait endémique, serait dite “infantile” et perçue comme moins dangereuse pour la majorité. Pourtant chaque année, invariablement, il y aurait un « coût » à payer (complications, décès chez une minorité).

Revenons aux USA. On a donc un exemple d’introduction d’un vaccin pédiatrique dans une population où la circulation d’un virus est endémique.

Effet N1: épidémiologique

Comme attendu, l’incidence de la maladie s’est rapidement effondrée à l’arrivée de la 1e dose en 1995, puis la courbe a amorcé une autre baisse à l’implémentation de la 2e dose en 2006. A ce jour, l’incidence globale de la maladie a diminué de 90 %, bénéficiant à toutes les classes d’âge.

Effet N2: clinique

Évidemment, ce vaccin n’étant pas miraculeux avec une efficacité totale, il y a eu des contaminations d’enfants vaccinés. Néanmoins les médecins ont constaté une présentation clinique différente entre ces cas “de percée” et les non vaccinés. 

En effet, le CDC a constaté une diminution du nombre de lésions, des boutons d’apparence différente et moins de fièvre, ainsi qu’une contagiosité moindre.

A cause de cette présentation atypique, la varicelle est devenue une maladie difficile à diagnostiquer et faire la différence avec des piqûres d’insectes ou d’autres maladies engendrant boutons ou éruption cutanée est un challenge chez ces cas de percée.

Tiens, justement, saurez-vous retrouver quelle image est une varicelle ?

Réponse : Bas milieu. 

Vous vous êtes trompé.e ?

Pas de souci car figurez-vous que lors d’une étude sur 411 cas suspectés par des médecins américains, seulement un tiers ont été confirmés comme varicelleux et une autre cause a été identifiée dans presque la moitié des cas !

Pour revenir au SARS-COV-2 et au Covid, il n’est donc pas incroyable de supposer qu’à terme, nous passions à l’endémicité. Le covid devenant une maladie infantile, et donc moins « coûteux » qu’en mode pandémie. Mais pas gratuit non plus.

Une majorité serait contaminée une première fois, enfant, par SARS-COV-2. Les réinfections passeraient ensuite plus ou moins inaperçues. La panacée ? Pas vraiment. Juste une fatalité en l’absence de vaccination pédiatrique. Reste la minorité qui souffre.

Ce passage à l’endémicité sous forme de maladie infantile serait aussi en accord avec l’hypothèse selon laquelle la grippe russe de 1889 était en fait due à un coronavirus OC43, aujourd’hui endémique et responsable de rhumes principalement. Mais pas que…

En conclusion, une fois l’immunité acquise, il est très crédible qu’on attrape beaucoup de virus sans vraiment s’en rendre compte, ce qui rebooste notre système immunitaire.

Ce sont notamment les virus de rhumes que nos charmants bambins ramènent des crèches et des écoles. C’est ce qui devrait/pourrait arriver avec SARS-COV-2.

Quand va-t’on pouvoir revenir au fameux “monde d’avant” ? Patience. La vaccination des +12 amortit le passage à l’endémicité. Mais les couvertures vaccinales actuelles ne sont pas suffisantes (welcome in Delta World) et on ne comprend  pas encore bien les mécanismes immunitaires.

En attendant, 2 mesures à suivre :

  1. Se vacciner pour réduire la circulation, l’apparition de variants;
  2. Continuer les gestes barrières c’est-à-dire masques, télétravail, nettoyage des mains, aération.

Et puis qui sait? Peut-être qu’un jour on aura un vaccin pédiatrique contre SARS-COV-2 !

Sources :

https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm5237a2.htm
https://www.cdc.gov/chickenpox/downloads/varicella-and-breakthrough-varicella.pdf
https://www.cdc.gov/vaccines/pubs/pinkbook/varicella.html#secular-trends-in-united-states
https://www.vidal.fr/actualites/26269-pandemie-de-grippe-russe-une-covid-du-xixe-siecle.html

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