Journalisme : c’est quoi et pourquoi c’est important ?
écrit par une journaliste, introduit par Melanie Trecek-King et traduit par Citizen4Science, issu de son site internet anglophone Thinking is Power dédié à la pensée critique pour le grand public sur de nombreux aspects. Parcourez le site de C4S pour retrouver de nombreuses productions de Melanie en version française.
Il n’y a pas si longtemps, la plupart des Américains s’asseyaient devant leur téléviseur tous les soirs pour entendre Walter Cronkite [journaliste présentateur du JT dans les années 60 et 70, ndt] leur dire : « C’est comme ça » (That’s the way it is.) Ils lisaient leur journal local tous les jours, et peut-être le New York Times du dimanche. Les journalistes professionnels agissaient comme des gardiens, triant les informations du jour pour déterminer ce qui était le plus important et ce qui était vrai. Ce n’était pas un système parfait, mais rien ne l’est. Mais le résultat était que la plupart des Américains avaient la même compréhension de base de la réalité et un socle commun de faits à partir desquels ils pouvaient prendre des décisions.
Pour le meilleur ou pour le pire, ce n’est pas le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Les gardiens ont disparu, et nous pouvons chacun choisir nos propres informations. Nous préférons les informations qui confirment ce que nous croyons déjà, et les algorithmes sont plus qu’heureux de s’y conformer pour nous garder engagés.
Le problème, c’est qu’il y a une avalanche d’informations et qu’il peut être difficile de savoir à qui faire confiance. Les nouvelles, les opinions, la propagande, les publicités, la satire et les fakenews peuvent toutes se ressembler. Et les attaques à motivation politique contre le journalisme pour détourner les critiques n’ont pas aidé non plus. Alors, nous nous retranchons dans le tribalisme, en ne faisant confiance qu’aux sources qui soutiennent notre vision du monde, ou nous décidons que tout est faux et qu’on ne peut faire confiance à rien.
Le journalisme fournit aux citoyens les informations dont ils ont besoin pour prendre de bonnes décisions pour eux-mêmes et leurs communautés, et il est essentiel au bon fonctionnement d’une démocratie. Comme d’autres modes de connaissance fiables, tels que la science, le journalisme est un processus qui récompense la vérité, corrige les erreurs et punit la fraude. Il est dans notre intérêt d’avoir un régime d’information sain. Les bonnes informations sont autonomes….. et nous ne voulons pas nous laisser berner par la désinformation.
C’est pourquoi je suis ravie de partager cet article sur le journalisme, écrit par une journaliste professionnelle (et amie !). Elle a accepté d’écrire un billet d’invité pour nous aider à comprendre le travail que fait un journaliste pour informer le public.
Qu’est-ce qu’un journaliste ?
Les journalistes sont formés pour recueillir des informations et les communiquer au public. Il existe différents types de journalisme : l’investigation, les nouvelles, les reportages, les critiques et les chroniques.
De nombreux journalistes respectés sont membres d’une société de journalistes professionnels et suivent leur code de déontologie, qui comporte quatre principes clés (résumés ci-dessous) :
Rechercher la vérité et la rapporter : Être honnête, juste et précis
Vérifier les informations
Identifier clairement les sources
Tenir les personnes au pouvoir pour responsables
Donnez accès aux sources lorsque cela est nécessaire
Ne jamais plagier
Minimiser les dommages : Traiter tout le monde avec respect
Faire preuve de compassion envers ceux qui peuvent être affectés par un sujet
Agir en toute indépendance : Servir le public
Éviter les conflits d’intérêts qui pourraient compromettre l’intégrité ou nuire à la crédibilité.
Rester neutre
Être responsable et transparent : assumer la responsabilité de son travail.
Expliquer les choix et les processus éthiques
Répondre rapidement aux questions concernant l’exactitude, la clarté et l’équité.
Reconnaître ses erreurs et les corriger rapidement.
Comment un journaliste recueille-t-il des nouvelles ?
Dans cet article, nous allons nous concentrer sur la façon dont les journalistes d’investigation et d’information font leur travail, qui consiste essentiellement à développer un sujet basé sur des faits.
Étape 1 : Trouver un sujet
Il existe plusieurs façons pour les journalistes de trouver des idées d’articles. Parfois, les téléspectateurs ou les lecteurs écrivent aux rédactions pour faire des suggestions. D’autres fois, les journalistes trouvent des sujets par le bouche-à-oreille ou sur les réseaux sociaux.
Les journalistes consultent souvent les groupes communautaires sur Facebook pour voir ce dont les gens parlent et évaluer les sujets qui pourraient intéresser les gens.
Les journalistes examinent souvent les ordres du jour des gouvernements pour trouver des idées d’articles. Par exemple, le conseil municipal va-t-il approuver des millions de dollars pour la construction d’un nouveau stade ? C’est un sujet qui intéressera les habitants de cette communauté.
Les journalistes lisent aussi constamment le travail d’autres journalistes dans des médias concurrents, tels que les journaux, les magazines et les chaînes d’information. Parfois, un journaliste sera inspiré par un autre reportage et s’appropriera le sujet en interviewant d’autres personnes ou en développant le sujet.
Un jour donné, un journaliste peut être amené à présenter jusqu’à cinq articles à l’équipe de rédaction pour voir si celle-ci en apprécie suffisamment un pour le poursuivre. L’équipe fondera sa décision sur plusieurs facteurs. Le sujet est-il d’actualité ? Les personnes nécessaires pour développer le sujet accepteront-elles d’être interviewées ? Pourquoi les téléspectateurs ou les lecteurs s’intéresseraient-ils à cette nouvelle ou à ce sujet ?
Étape 2 : Réunir les éléments du sujet
Une fois que les rédacteurs en chef ont donné le feu vert à un journaliste pour poursuivre sur un sujet, celui-ci commence à rassembler des éléments, tels que des interviews, des vidéos, des photos et tout ce qui peut donner vie à l’article.
Les interviews sont essentielles pour raconter une histoire convaincante. Plusieurs facteurs interviennent dans le choix des personnes à interviewer. Par exemple, qui est touché ? De nombreuses histoires ont au moins deux côtés, et il est important de représenter les différents points de vue au public. En outre, les experts peuvent aider à fournir un contexte et à ajouter de la légitimité à l’histoire. Par exemple, si une tornade dévaste une ville, l’interview d’une personne qui a perdu sa maison aidera les lecteurs à s’identifier à l’émotion de l’histoire, tandis que l’interview d’une équipe de nettoyage fournira un contexte sur ce que la communauté fait pour aider les autres après la catastrophe. Un météorologue peut aider le public à comprendre les conditions qui ont conduit à la formation de la tornade.
Il arrive parfois que des personnes refusent des interviews ou ne répondent pas à la demande d’un journaliste avant la date limite. Dans ce cas, le journaliste peut recueillir des informations à partir de documents publics.
Étape 3 : Réaliser l’histoire.
Une fois les interviews terminées, les journalistes passent des heures à consigner les faits avant de commencer à rédiger.
L’enregistrement est le processus de transcription de l’interview du début à la fin, qui peut prendre de 30 minutes à plusieurs heures. Il est important d’enregistrer les interviews afin de pouvoir les citer directement et d’écrire l’histoire avec précision.
Les journalistes commencent ensuite à rédiger leurs articles, ce qui prend souvent des heures. Pendant qu’ils rédigent, les journalistes sont attentifs à l’équité et corrigent le tir si une partie a droit à plus de temps d’interview que la partie adverse.
Une fois l’article rédigé, il est remis à un rédacteur en chef – parfois à plusieurs – pour qu’il le révise. Les rédacteurs en chef vérifient l’exactitude, l’équité et l’attribution correcte des faits.
Lorsque le rédacteur en chef donne son feu vert, l’article peut alors être publié.
Étape 3 : Mettre en forme le récit
Une fois les interviews terminées, les journalistes passent des heures à consigner avant de commencer le processus de rédaction.
Consigner consiste à transcrire l’interview du début à la fin, ce qui peut prendre de 30 minutes à plusieurs heures. Il est important d’enregistrer les interviews pour pouvoir les citer directement et écrire le récit avec précision.
Les journalistes commencent ensuite à rédiger leurs articles, ce qui prend souvent des heures. Pendant qu’ils rédigent, les journalistes sont attentifs à l’équité et corrigent le tir si une partie a droit à plus de temps d’interview que la partie adverse.
Une fois l’article rédigé, il est remis à un rédacteur en chef – parfois à plusieurs – pour qu’il le révise. Les rédacteurs en chef vérifient l’exactitude, l’équité et l’attribution correcte des faits.
Lorsque le rédacteur en chef donne son feu vert, l’article peut alors être publié.
Pourquoi devrions-nous faire confiance aux journaliste ?
Il existe d’innombrables sites internet qui publient des articles en ligne, dont beaucoup sont largement diffusés. En tant que consommateur de nouvelles, il peut être difficile de déterminer quelles sont les sources d’information crédibles et celles qui ne le sont pas. En général, les journaux nationaux et locaux, les chaînes de télévision et les stations de radio sont plus crédibles que les blogueurs et les sites moins connus.
Les médias crédibles emploient des professionnels
Les sources d’information dignes de ce nom disposent des ressources nécessaires pour employer des journalistes, des vérificateurs de faits et des rédacteurs qui veillent à l’exactitude des informations.
Les journalistes qui travaillent pour des organismes d’information crédibles sont tenus de respecter des normes élevées. Beaucoup d’entre eux suivent le code de déontologie de leur société de journalistes professionnels, comme indiqué ci-dessus. Une pression énorme est exercée pour que les informations soient exactes, et de nombreux membres du personnel travaillent pour s’assurer que les faits sont corrects.
En bref, ils sont engagés pour rechercher la vérité et la rapporter, et s’efforcent toujours de gagner la confiance du public.
Les organes d’information crédibles corrigent les erreurs
Bien que les organismes d’information crédibles fassent de leur mieux pour garantir l’exactitude de leurs articles, des erreurs peuvent se produire. Il est important de noter que le bon journalisme reconnaît et corrige les erreurs.
Si une erreur factuelle a été commise dans un article, une correction est généralement publiée au bas de l’article. Dans un reportage radiodiffusé, la correction est généralement faite à l’antenne dès que possible.
Réflexions finales ThinkingIsPower
Bien qu’un niveau sain de scepticisme soit une bonne chose, trop d’entre nous ont entendu dire que les organismes d’information « grand public » n’étaient pas dignes de confiance et se sont repliés sur des écosystèmes d’information qui nous disent ce que nous voulons entendre. Ce n’est pas du scepticisme, c’est du cynisme. Et le résultat est que nous sommes moins informés, voire mal informés, sur le monde dans lequel nous vivons.
Aucun organisme de presse, ni aucun journaliste, n’est parfait. Mais le processus du journalisme est auto-correctif : L’exactitude est récompensée, les erreurs sont corrigées et la fraude est punie. Les journalistes professionnels font de leur mieux pour donner au public des informations exactes et utiles. Il n’est pas dans notre intérêt de rejeter leurs reportages parce qu’on nous a dit que « les médias » mentent ou sont partiaux.
Le principe de ce site est que la pensée est le pouvoir. Mais penser nécessite des connaissances et des informations. Il est donc dans notre intérêt d’avoir un régime médiatique sain et fiable.
Un grand merci à Liz d’avoir écrit cet article pour aider les lecteurs à comprendre ce que font les journalistes !
Traduction : la Rédaction de Science infuse – article original en anglais
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