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Antibiorésistance : un nouveau rapport de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) signale une résistance élevée et croissante aux antibiotiques chez l’homme

Dans un communiqué de presse du 9 décembre, l’OMS s’inquiète de la survenue d’infections sanguines potentiellement mortelles et la résistance croissante de bactéries à l’origine d’infections courantes chez l’homme

Il s’agit du rapport du système mondial de surveillance de la résistance et de l’utilisation des antimicrobiens (GLASS) pourtant sur les données de l’année 2020.

72 % de la population mondiale évaluée avec 127 pays

Pour la première fois, le rapport GLASS au nombre de pays participants croissant fournit les taux de résistance aux antimicrobiens (RAM) dans le contexte de la couverture nationale des tests, avec les tendances depuis 2017 et la consommation d’antibiotiques (ATB) chez l’homme de 27 pays.

Plus de 50 % de résistance pour des bactéries et infections courantes

C’est le cas notamment de Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter spp qui donnent des infections du sang potentiellement mortelles, qui nécessitent des ATB de dernier recours que sont les carbapénèmes… auxquels les bactéries en question apprennent également à résister avec déjà un niveau de résistance de 8 %.

Des bactéries courantes également comme Neisseria gonorrhoe qui donne une infection sexuellement transmissible (IST) courante montre plus de 60 % de résistance à la ciprofloxacine, ATB d’utilisation fréquente.

Escherichia coli, germe le plus courant et le plus fréquent dans les infections urinaires, montre 20 % de taux de résistance aux antibiotiques de première intention (ampicilline et cotrimazole) et de deuxième ligne (fluoroquinolones).

Danger mondial pour la médecine et la santé publique

« La résistance aux antimicrobiens mine la médecine moderne et met des millions de vies en danger », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Pour comprendre réellement l’ampleur de la menace mondiale et mettre en place une réponse de santé publique efficace à la RAM, nous devons intensifier les tests microbiologiques et fournir des données de qualité assurée dans tous les pays, et pas seulement dans les plus riches. »

En conséquence de cette antibiorésistance croissante, les infections augmentent. Les infections sanguines dues à E. Coli et Salmonella résistances et celles à gonhorrée ont augmenté de 15 % depuis 2017.

Disparités concernant l’indicateur RAM

S’agissant d’analyses de données 2020, l’impact du Covid-19 doit être mesuré. En outre les pays les moins riches rapportent des RAM plus élevés, mais il convient d’explorer pourquoi, des biais étant possible comme le fait que dans les pays moins riches il y a moins d’hôpitaux référents pour le rapport GLASS et que ces derniers soignent les cas les plus sévères ayant déjà reçu un traitement.

Les niveaux médians de RAM sont de 42 % pour E. Coli et 35 % pour Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SRAM), qui sont les deux indicateurs de l’objectif de développement durable de la RAM. On passe à 11 % et 6,8 % respectivement dans les pays avec une forte couverture de tests (pays plus riches).

Des recherches sont nécessaires pour mieux interpréter l’indicateur RAM, en raison des systèmes de soins variables selon les pays : typologie des hôpitaux participants aux tests (GLASS) on l’a vu, mais aussi capacité des laboratoires d’analyses variables, faibles dans les pays à faibles revenus. L’OMS préconise des enquêtes à court et long terme, l’élaboration de politiques de suivi et l’inclusion de l’indicateur RAM dans ces dernières et les systèmes de santé.

Consommation d’antibiotiques chez l’homme : objectif ACCESS atteint dans 65 % des 27 pays participants

Qu’est-ce qu’ACCESS ? c’est le « panier » d’antibiotiques qui selon l’OMS (classification AWaRE), ont un large spectre d’efficacité pour les infections courantes avec un faible risque de créer une résistance. L’objectif ACCESS pour un pays, c’est une consommation d’au moins 60 % d’antibiotiques de ce groupe ACCESS.

Surveillance et sensibilisation pour la santé des générations futures

La lutte contre l’antibiorésistance est un défi majeur. L’OMS indique comme indispensable l’engagement des pays au plus haut niveau pour la surveillance, la fourniture de données de qualité, et bien sûr la sensibilisation des communautés (y compris médicales) et des populations.
L’utilisation des précieux antibiotiques, qui perdent en efficacité en cas de surutilisation et mésusage, doit évoluer pour tenir comte de leur perte d’efficacité au fil du temps, à une vitesse que la recherche pharmaceutique est bien incapable de combler aujourd’hui.

Pour aller plus loin

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