Catastrophe sanitaire au chlorure de vinyle dans l’Ohio aux États-Unis : dans l’inconnu sur les conséquences humaines et environnementales
Le 4 février, 50 wagons chargés de produits chimique ont déraillé dans l’Ohio à la frontière de la Pennsylvanie, provoquant l’incendie des conteneurs plusieurs jours durant et des nuages de fumées toxiques spectaculaires
Voir aussi un avis d’expert à chaud
C’est à East Palestine, une petite ville de 5 000 habitants que la catastrophe a eu lieu, en début de soirée, créant un énorme incendie. La moitié des habitants ont été évacués le lendemain. Pour éviter des explosions des produits chimiques embarqués dans le train, les autorités ont décidé de faire brûler certains wagons. Cette combustion est cependant toxique entraînant une pollution de l’air étendue sur des kilomètres.
Alors que les habitants de la ville on regagné leur ville 5 jours plus tard, les autorités considérant le danger d’inhalation de produits toxiques comme disparu, on a pu voir sur les réseaux sociaux et à la télévision des animaux intoxiqués morts (chiens, renards) ou à l’agonie dans le secteur d’East Palestine et les cours d’eau (poissons et grenouilles) laissant le public dubitatif. Les inquiétudes concernant les effets sur la santé des personnes, des animaux et l’environnement montent d’un cran. Selon le Département des Ressources naturelles de l’Ohio, environ 3 500 poissons ont été tués pour 12 km de cours d’eau affectés, en date du 8 février.
Dans la région, on s’inquiète aussi pour les ménopomes, une espèce de la famille des amphibiens appelée aussi salamandre-alligator endémique des Appalaches aux États-Unis. Cet animal subit un fort déclin, et est l’objet d’initiatives de réintroduction dans la faune sauvage depuis dix ans avec beaucoup d’efforts engagés pour cela.
Chlorure de vinyle
Cinq wagons, selon les informations du New York Times, contenaient cette substance chimique, gaz incolore utilisé dans la fabrication de produits en plastique, qui peut provoquer des maux de tête et des étourdissements, et en cas d’exposition chronique, une forme rare de cancer du foie. Le journal américain partage aussi la réaction d’un expert en santé environnementale : « C’est absolument horrible de penser à la quantité qui a été libéré et à celle qui a été brûlée délibérément. » Le gaz est particulièrement volatile, laissant espérer une élimination aérienne rapide, mais c’est sans compter les risques de dissémination de particules y compris celles des produits de dégradation dans les sols et l’eau.
Enquête en cours
Elle est menée par le Comité national de la sécurité des transports, agence américaine indépendante du gouvernement en charge des enquêtes principalement sur les accidents aériens civils, mais aussi sur certains types d’accidents routiers, maritimes et ferroviaires quand leur impact est important en termes matériel ou humain.
Dans le même temps, l’Agence de sécurité environnementale, qui avait fait évacuer quelques jours la moitié des habitants d’East Palestine, surveille l’air et les bâtiments des environs à la recherche de gaz et fumé toxique. Selon des experts, il n’est pas exclu qu’une commission présidentielle soit ouverte, permettant d’explorer plus facilement les responsabilités des parties prenantes dans l’accident, qu’elles soient publiques ou privées. Cela avait été le cas avec la pire catastrophe chimique en Amérique, celle de DeepWater Horizon survenue en 2010 sur une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique, entraînant la dispersion de 4,9 millions de barils soit 780 000 m3.
Risques long terme
Les déversements et dispersions de produits chimiques posent le problème des conséquences souvent possibles à long terme. Les panaches de produits chimiques libèrent des particules qui peuvent atterrir dans les puits et les cours d’eau. Les eaux souterraines peuvent être affectées et contaminer après propagation, y compris sous forme de vapeur, dans les sols fissurés et atteindre les habitations, a expliqué un spécialiste au New York Times.
Il y aussi le problème des produits chimiques secondaires, formés lors de la combustion et par l’interaction des substances. Des réactions chimiques en chaîne dont on ne maîtrise aujourd’hui pas l’impact dans le cas de l’accident d’East Palestine.
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