Économie : effets comparés des résultats du 1er tour 2017-2022 sur les marchés financiers
Quel est l’impact des résultats du 1er tour sur le comportement des investisseurs boursiers ? Que peut-on en déduire ?
En 2017, le Parisien au lendemain du 1er tour des élections présidentielles commentait un bond de 4,1 % du CAC40 l’indice boursier français et en particulier des banques « caracolant » en tête en expliquant que la sélection d’Emmanuel Macron avait rassuré les investisseurs dans le monde entier. L’Euro bondissait aussi dans le sillage des valeurs boursières.
Pour rappel, le résultat du premier tour avait été le suivant :
Ce résultat du candidat résolument pro-Européen paraissait donc rassurant voire enthousiasmant pour les investisseurs, après avoir subi des événements politiques protectionnistes peu auparavant avec le Brexit et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis.
Peut-être l’enthousiasme était-il dû au fait que la victoire finale de Macron paraissait pour beaucoup évidente.
Une situation plus hasardeuse qu’en 2017 pour le 2e tour 2022
Pour Les Echos dans un décryptage cette semaine, , le Frexit apparaît comme une « conséquence inéluctable de son programme anti-migrant et de préférence nationale, car l’Union Européenne étant absente du programme de Marine Le Pen, l’UE ne serait pour elle « ni un dessein, ni un besoin. Plutôt un boulet, une infirmité dont il faudrait se débarrasser. »
Le journal Le Monde, lui, ne fait pas de quartier dans son analyse, semblant avoir décidé que les marchés financiers étaient fébriles suite au résultat de dimanche.
« L’indice CAC a reculé »… à ce jour et bien non, sauf à avoir regardé des variations en « intraday », c’est à dire un cherry-picking sur l’une des oscillations du yoyo boursier.
On voit en réalité qu’il a fallu aller chercher un indicateur secondaire technique, le « spread », sur une comparaison franco-allemande qui plus est, pour illustrer la « fébrilité » revendiquée…
Si on regarde le CAC 40, indice France, on ne voit rien de fébrile, bien au contraire :
L’indice allemand alors peut-être, le DAX 30 ? …non plus
Peu d’intérêt ni fébrilité des investisseurs, inquiétude des économistes
La réalité, pour l’heure, est que les investisseurs restent relativement indifférent à l’élection présidentielle pour le moment, résultat du 1er tour et menace Le Pen compris.
Le fait est que les mesures pouvant générer la fièvre et l’anxiété du programme 2017 ne sont plus dans le programme 2022. C’est la fameuse « normalisation » dont beaucoup parlent. Ce qui ne préfigure pas que cela resterait « normalisé » après sa victoire le cas échéant, mais en tout cas, les marchés ne sont pas à ce stade inquiets. Pourquoi ? Peut-être parce que les variations de la bourse est basé sur le niveau de risque. Et le risque actuel qui préoccupe les investisseurs et peut générer beaucoup de fébrilité, c’est l’inflation.
Il n’empêche que les articles de mise en garde d’économistes fleurissent dans la presse, concernant le programme du Rassemblement National qui est quand même un vrai programme de rupture.
La bourse, terrain propice aux corrélations sans causalité
Alors attention aux corrélations hasardeuses, au cherry-picking, à l’instrumentalisation, ici de la bourse : on peut lui faire dire n’importe quoi, pour faire passer le message qu’on veut.
Il est toujours très difficile d’analyser ses mouvements, qui ne sont la plupart du temps pas rationnels.
[Expertise revendiquée de la Rédaction : expérience en analyse financière et de conseil en investissement financier]
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