Éditorial – 28/05/2022
Monkeypox : déjà l’infox et la surmédiatisation
Après les hépatites infantiles mystérieuses, c’est au tour de la variole du singe d’inquiéter, avec pour la première fois une circulation autochtone à travers le monde. L’affaire a commencé le 7 mai avec la détection d’un cas au Royaume-Uni. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il y a près de 400 cas confirmé dans le monde. C’est la première fois que ce virus endémique de certaines zones d’Afrique circule de cette manière. Jusqu’ici, tous les cas avaient pu être reliés aux régions d’Afrique où sévit ce virus. Trois semaines après la découverte du problème, force est de constater que la couverture médiatique ressemble déjà à celle du coronavirus au pires heures, comme s’il s’agissait de remplacer une pandémie par une autre pour éviter un temps mort. Nous avons droit à tout déjà, pour une maladie qui, en l’état de la science, devrait pouvoir être contrôlée, notamment du fait qu’elle est beaucoup moins transmissible et qu’à défaut de traitement, on dispose d’un vaccin en prophylaxie et post-exposition précoce. Pourtant, tout le monde s’active au-delà de ceux dont c’est le rôle, à savoir l’OMS et les autorités sanitaires : la presse et média avec une surmédiatisation anxiogène, sur les réseaux sociaux les « fonds de commerce » apparus « sous Covid » de non spécialistes qui jouent les experts en virologie et en épidémiologie, pour certains rivés sur un MonkeyPoxTracker déjà scruté, copiant compulsivement les mises à jour pour bombarder le réseau social de chiffres en inflation. Nous y trouvons déjà des clans taxés de rassuristes et d’autres de catastrophistes surfant sur la peur. Et bien évidemment l’infodémie, à savoir la désinformation et le complotisme battent déjà leur plan : il s’agit d’une « virose aéroportée » au même titre que le SARS-CoV2 (cela émanent de médecins de collectif censé se ranger à la science), le monkeypox ne serait que l’acte II de la « plandémie » organisée, comme par hasard un vaccin est disponible (la maladie est connue depuis 1958…), etc. etc.
Que faire face à cette situation ? À notre humble niveau, nous avons fait le choix éditorial d’une couverture Monkeypox avec des articles d’information factuelle de référence pour le public, avec la mise à disposition de la foire aux questions de l’OMS, que nous avons mise à disposition en français en exclusivité le jour-même de sa publication. Nous avons fait de même avec le guide de l’OMS sur le dispositif capital de contact-tracing des cas. Enfin nous avons republié un entretien passionnant de Camille Desombes, infectiologue de l’unité d’Arnaud Fontanet pour le proJet Afripox, qui donne au lecteur des informations essentielles et pratiques pour comprendre la problématique et l’enjeu de l’épidémie actuelle. Avec cette sélection documentaire, nos lecteurs ont assurément toutes les bases pou comprendre le monkeypox et avoir un bouclier contre la désinformation déjà foisonnante à ce sujet.
Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0324 x 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique doté d’une Rédaction avec journalistes professionnels. Nous défendons farouchement notre indépendance. Nous existons grâce à vous, lecteurs. Pour nous soutenir, faites un don ponctuel ou mensuel.
ou via J’aime l’Info, partenaire de la presse en ligne indépendante