Dénialisme : le Covid long mis en question
Une publication relative à une cohorte France parue dans JAMA, objet d’un article du Monde, nous fait réagir.
Hier matin nous avons consulté rapidement une étude parue dans JAMA concernant une grosse cohorte sans avoir connaissance de vives critiques méthodologiques déjà faites par des spécialistes à son sujet.
Il s’agissait de :
Elle concluait que l’auto-diagnostic de Covid Long n’est pas suffisant pour conclure à un Covid long, ce qui nous a paru logique, et nous ne nous sommes pas attardé sur le sujet (on ne peut pas éplucher toutes les publications), signalant simplement la publication sur Twitter et notre remarque sur la nécessité évidente d’un diagnostic médical :
Plus tard, nous tombons sur la publication Twitter du Monde qui nous fait bondir sur l’exergue :
On notera la différence entre l’exergue : « Les manifestations du « Covid Long » ne SONT pas forcément…. »
et « ne SERAIENT pas forcément » dans l’article original : histoire d’enfoncer le clou sur les réseaux sociaux ?
Toujours est-il que nous réagissons sans même avoir lu encore l’article, bien conscient que la plupart des gens ne vont pas au-delà du titre, surtout quand l’accès est payant.
Le message peut être facilement perçu comme la mise en cause de l’existence du « Covid long » autrement que dans la tête de ceux qui revendiquent souffrir de cette affection.
Par ailleurs, on trouve le titre fort maladroit, car si les manifestations du Covid long ne sont pas liées à l’infection, c’est que par définition ce n’est pas le Covid long qui est en cause. Que l’auto-diagnostic, comme on le disait plus tôt, ne soit pas suffisamment fiable est une chose, de là à remettre en cause l’existence du Covid long, cela s’apparente à du dénialisme.
Nous décidons de mettre en priorité la lecture de cet article, et on ne sera malheureusement pas « déçu ».
- Les journalistes du Monde donne le ton : « une explosive et méticuleuse étude épidémiologique »
- « Une nouvelle terminologie, dite « Covid long », forgée par les patients, s’est peu à peu imposée »
Ainsi, il s’agirait d’un concept émanant du peuple. Comme si 18 mois plus tard, le corps médical et les scientifiques ne s’étaient pas penchés sur cette entité clinique et sa prise en charge, comme si c’était une pure invention sortie de l’imaginaire et de souffrances psychologiques pures.
Pour les journalistes, l’étude suggère ainsi que « c’est la conviction d’avoir été infecté par le SARS-CoV-2 qui est liée aux symptômes du « Covid long », plus que le fait d’avoir été bel et bien infecté »
Les critiques méthodologique sont évoquées à la décharge des journalistes y compris réaction de l’association AprèsJ20 qui critique la qualité de l’étude.
Mais l’analyse des journalistes se contente de mettre en avant les conclusions de plusieurs des auteurs de l’étude en les appuyant tout en rapportant de façon peu proportionné l’avis d’un seul scientifique pour lequel on met bien en avant qu’il n’ a pas participé à ce travail. Est-ce bien équitable ?
Où est le travail de journalisme scientifique dans cet article très orienté ?
En conclusion, l’article conclut en faisant le rapprochement du Covid long avec la fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique, soit des syndromes cliniques sans étiologie déterminée , c’est-à-dire sans cause connue à ce jour.
La réaction de Jérôme Larché très impliqué historiquement et opérationnellement dans la prise ne charge du Covid long :
Très vite, les complotistes sur les réseaux sociaux se ravissent de ce dénialisme : pandémie inventée, maladie inventée, vaccin inutile, tout cela rentre on ne peut mieux dans la théorie conspirationniste.
Nous avons fustigé tout au long de la crise les médias coupables d’avoir fait tribune au complotisme, au dénialisme, à la pseudoscience et à leurs gourous.
18 mois plus tard, il faudrait espérer que des leçons soient enfin tirées.
L’association AprèsJ20 qui regroupe des malades du Covid Long a demandé un droit de réponse à cet article du Monde, Citizen4Science soutient cette demande. Espérons qu’elle sera entendue.