L’essayiste Idriss Aberkane face à des accusations de plagiat dans une thèse : son doctorat préparé à l’École polytechnique va-t-il lui être retiré ?
Dans un entretien exclusif avec Benoît Deveaud ancien membre de la direction de la recherche de la prestigieuse école, l’hebdomadaire L’Express a révélé hier que cette sanction extrême a été proposée. Idriss Aberkane a immédiatement réagi publiant communiqué et droit de réponse
L’Express a publié hier un entretien avec M. Deveaux, désormais retraité de la prestigieuse École Polytechnique, qui rapport les conclusions d’une l’enquête faite suite à la prise d’un contact d’un lanceur d’alerte. Le média suit de près le sujet, ayant déjà dénoncé par le passé le « CV surgonflé » d’Idriss Aberkane, un essayiste et conférencier, également YouTubeur et vendeur de prestations diverses aux particuliers. Se qualifiant d »Hyperdoctor », il aime mettre en avant ses 3 doctorats : « PhD, PhD et PhD » lit-on sur son profil du réseau social X où il est suivi par plus de 310 000 internautes.
L’Express rappelait hier qu’il avait révélé l’an dernier que la thèse préparée à l’École Polytechnique par l’intéressé comprendrait « un plagiat sur la base d’un « copier-coller quasi-intégral d’une documentation d’un logiciel diffusé gratuitement sur internet en 2015« .
M. Aberkane, 37 ans, est titulaire d’un premier doctorat en diplomatie délivré par le Centre d’études diplomatiques et stratégiques en 2013, qui selon L’Express n’est pas reconnu par l’État français, d’un deuxième doctorat en littérature de l’université de Strasbourg en 2014, et d’un troisième doctorat en science de gestion de l’université de Paris-Saclay et préparé à l’École Polytechnique et délivré en 2016. C’est donc ce dernier qui est sur la sellette.
Les propos de Benoît Deveaud dans L’Express
L’ancien directeur de recherche et président du comité d’éthique de l’École Polytechnique révèle un verdict à l’unanimité prononcé le 2 septembre 2022 d’annulation de thèse pour « plagiat de la quasi-totalité des 45 pages du chapitre XIII » de la thèse d’Idriss Aberkane, et que ce dernier aurait écarté toute discussion à ce sujet ni reconnu ses torts. L’application de cette décision est en suspens.
Renvoi de balle
M. Deveaud explique que si M. Aberkane avait accepté de discuter, reconnu ses torts, publié un erratum reconnaissant le plagiat et l’écartant dans une annexe, il n’y aurait pas eu de sanction proposée. Au contraire, dénonce M. Deveaud, il a répondu de manière agressive, niant tout en bloc et menacé de poursuites judiciaires.
Il explique également que l’École Polytechnique n’était pas habilitée jusque là à prononcer des sanctions contre les doctorants, et si c’est possible aujourd’hui ce n’est pas rétroactif pour le cas de M. Aberkane, d’où un renvoi à l’université Paris-Saclay, qui n’a pas statué pour l’instant, sachant que la faculté considère que ce n’est pas à elle de prendre la sanction. La raison avancée est que M. Aberkane ne seraitt resté qu’un mois dans l’établissement en vue de sa soutenance de thèse.
Pour Benoît Deveaux, cette inaction est le fruit de la stratégie d’intimidation exercée par Idriss Aberkane, avec la crainte d’un procès.
Aberkane et Deveaux s’écharpent sur X (ex-Twitter)
Idriss Aberkane a réagi violemment sur le réseau social, avec un communiqué qu’il a largement commenté, introduisant son long laïus par: « C’est la saison, nouvelle pluie de foutaises de la part de l’ex-presse« . Il affirme notamment que les accusations de plagiat ne tiennent pas et que les fameuses lignes de code incriminées aurait été attribuées à leurs auteurs tous cités dans la thèse, section « Matériel et méthode ».
Moins de 4 heures plus tard, dans l’après-midi, Benoît Deveaud répond directement sur le réseau social à Aberkane, maintenant sa position : « Le chapitre 13 de la thèse, de la page 217 à la page 259 est intégralement plagié. Contrairement à ce qu’indique la note initiale page 217, Idriss Aberkane n’a pris aucune part dans la rédaction des 42 pages en question. Nous l’avons vérifié. Le chapitre 13 n’est pas une annexe.«
Droit de réponse
Mais ce n’est pas tout, Idriss Aberkane, à 17h11 soit peu avant le bouclage du présent article, publie, toujours sur le réseau social d’Elon Musk, ‘un droit de réponse qu’il « fait valoir face aux mensonges et calomnies publiques propagées par L’Express et Le Parisien. Je vous parie qu’ils refuseront évidemment de les publier ».
Jusqu’ici, seul Le Parisien avait repris, aujourd’hui-même, les révélations de l’entretien de L’Express hier. Nous arrivons donc avec notre article qui relate autant l’entretien de l’hebdomadaire que les réactions houleuses sur l’ex-Twitter. Voici cette fameuse réponse d’Idriss Aberkane dont il demande la publication par les journaux.
Image d’en-tête : Idriss Aberkane en 2019 – Source : Journal des Débats CC BY 3.0
Pour aller plus loin
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