Origine du Covid-19 : le renseignement américain publie des informations classifiées – l’arme biologique est rejetée, pas de preuve de fabrication humaine
Le 23 juin, la direction de la « National Intelligence » des États-Unis a publié un rapport en réponse à la demande légale de déclassification de ces informations sensibles. Nous avons consulté ce rapport qui se focalise sur les capacités et actions de l’Institut de virologie de Wuhan (IVW) et ses actions pendant les premiers jours de la pandémie. À retenir : le SARS-CoV2 n’est considéré par aucune agence comme une arme biologique, la majorité rejettent la modification génétique par l’homme, quant à l’origine les agences sont partagées entre l’incident de laboratoire et l’infection naturelle
Tout d’abord, prenons note que la déclassification n’est pas à 100 %. les auteurs précisant que certaines informations relatives aux sources et méthodes restent protégées.
Évaluation de l’origine du Covid-19 par la Communauté du renseignement (CR) américain
La CAR a mis à jour son analyse en mars 2023 pour inclure la question de savoir si le virus qui a causé le Covid-19, soit le SARS-CoV2, était le résultat d’une exposition naturelle à un animal infecté ou un incident lié à un laboratoire. Le rapport précise que les points de vue varient entre les agences du fait d’une pondération différente des rapports de renseignement et des publications scientifiques, ainsi que de l’existence de lacunes en matière tant de renseignement que de science. De ce fait, les évaluations sont toujours en cours par différentes agences et les deux hypothèses (origine naturelle et origine de laboratoire) restent plausibles.
Le National Intelligence Council et 4 autres agences de renseignement estiment que l’infection humaine initiale par le SARS-CoV-2 a très probablement été causée par une exposition naturelle à un animal infecté porteur du SARS-CoV-2 ou à un virus qui serait probablement similaire à plus de 99 % au SARS-CoV-2.
Le ministère de l’énergie et le FBI estiment qu’un incident lié à un laboratoire est la cause la plus probable de la première infection humaine par le SARS-CoV-2, mais pour des raisons différentes.
La CIA et une autre agence ne sont toujours pas en mesure de déterminer l’origine précise de la pandémie de COVID-19, car les deux hypothèses reposent sur des suppositions cruciales ou se heurtent à des rapports contradictoires.
Cela étant dit, la majorité des agences d’information estiment que le SARS-CoV-2 n’a pas été fabriqué par génie génétique, et qu’il n’a pas été adapté en laboratoire ; certaines agences n’ont pas d’avis à ce sujet, mais toutes les agences d’information estiment que le SARS-CoV-2 n’a pas été développé en tant qu’arme biologique.
Activités de l’IVW avec ou pour le compte de l’Armée populaire de libération (APL)
Le WIV est un institut de recherche civil fondé en 1956 par l’Académie chinoise des sciences. Il est indépendant de l’Armée populaire de l’APL mais la Communauté américaine du renseignement (CAR) estime que le personnel du WIV a travaillé avec des scientifiques associés à l’APL sur des recherches liées à la santé publique et a collaboré à des projets de biosécurité et de sûreté biologique. Les informations dont dispose la CAR indiquent que certaines des recherches menées par l’APL et le WIV ont porté sur plusieurs virus, notamment des coronavirus, mais parmi eux ne pourrait vraisemblablement être à l’origine du SARS-CoV-2.
Entre 2017 et 2019, l’IVW a financé et certains membres de son personnel ont mené des projets de recherche visant à améliorer les connaissances de la Chine sur les agents pathogènes et les capacités d’alerte précoce en cas de maladie pour les besoins militaires en matière de défense et de biosécurité.
Avant de collaborer à la mise au point d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, le WIV a collaboré avec l’APL à la mise au point d’autres vaccins et produits thérapeutiques concernant les coronavirus, pour le renseignement américain ces travaux répondent à des besoins de santé publique.
Nature des activités de recherche sur les coronavirus à l’IVW
Le renseignement américain considère que des recherches approfondies sur les coronavirus, notamment des études animales et des analyses génétiques ont été réalisées à l’IVW, sans trace du SARS-CoV2 ou virus extrêmement proche, ni d’accident de recherche qui aurait pu provoquer la pandémie.
Selon le rapport l’IVW est probablement le plus grand dépôt d’échantillons chauves-souris au monde, et aurait été en possession du SARS-CoV-2 pour la première fois fin décembre 2019, lorsque les chercheurs de l’IVW ont isolé et identifié le virus à partir d’échantillons prélevés sur des patients atteints de pneumonie d’origine inconnue.
En 2013, le WIV a collecté des échantillons d’animaux à partir desquels il a identifié le coronavirus de chauve-souris RaTG13, similaire à 96,2 % au SARS-Cov2. En 2018, l’IVW avait séquencé la quasi-totalité du RaTG13, deuxième génome entier connu le plus proche du SARS-CoV-2 après le BANAL-52, qui est quant à lui similaire à 96,8 % au SARS-CoV2. Mais aucun de ces virus n’est suffisamment proche du SARS-CoV-2 pour en être un géniteur direct.
Pour ce qui est du pangolin, les chercheur de l’IVW l’ont utilisé pour mieux comprendre les épidémies animales.
À la fin de l’année 2019, précise le rapport l’IVW a maintenu des équipes distinctes s’intéressant aux coronavirus liés au MERS et au SRAS. Les deux équipes ont utilisé séparément des modèles de souris transgéniques pour mieux comprendre comment les virus infectent les humains et des recherches liées sur les vaccins et les traitement. Début 2020? l’IVW a entamé un soutien à la santé publique dans le cadre pandémie de Covid-19.
Études de génie génétique sur les coronavirus
Le rapport explique qu’il y en eu, selon des techniques de laboratoire courantes, mais le renseignement américain n’a pas d’informations indiquant que le SARS-CoV2 y aurait été soumis, ni un proche progéniteur ou un d’autres virus liés de façon proche d’un point de vue génétique.
Les chercheurs de l’IVW aurait créé des chimères ou combinaisons de coronavirus apparentés au SRAS par génie génétique, ont tenté de cloner d’autres virus infectieux non apparentés et ont utilisé des techniques de clonage génétique inverse sur des coronavirus apparentés au SRAS.
Pour le renseignement américain, des techniques utilisées peuvent rendre difficile la détection de modifications intentionnelles. Le rapport fait état d’une thèse de 2017 rédigée par un étudiant de l’IVW qui montre que les techniques de clonage génétique inverse utilisées dans les laboratoires de pointe ne laissaient aucune trace de modification génétique des coronavirus de type SRAS.
Problèmes de biosécurité
Le rapport fait état de probables mesures de biosécurité non adéquates, au moins une partie du temps avant la pandémie lors de la manipulation dees coronavirus de type SRAS, avec à la clé une augmentation du risque d’exposition accidentelle aux virus. Peu avant la pandémie en 2019, il y aurait eu des efforts partiels sur la biosécurité et la formation. Le renseignement américain n’est pas au courant d’un quelconque incident de sécurité ayant pu déclencher la pandémie.
En janvier 2019, les chercheurs du WIV ont réalisé des expériences sur les coronavirus de type SRAS dans des laboratoires de niveau de sécurité 2, malgré des reconnaissances anciennes (2017) de la capacité de ces virus à infecter directement les humains via la protéine spike. Il y aurait eu des avertissements du début de l’année 2019 sur le danger de cette pratique, explique le rapport. À l’automne 2019, des études d’analyse de virus épidémiques potentiels à partir d’échantillons de pangolins suggèrerait que les chercheurs ont cherché à isoler des virus vivants.
En 2020, peu après le début de la pandémie, une inspection de l’IVW a montré la nécessité de moderniser les équipements vieillissants, de disposer d’équipements de désinfection supplémentaires et d’améliorer les systèmes de ventilation. Cela ne préjuge pas de l’état des installations avant la pandémie, précise le rapport.
Chercheurs de l’IVW malades à l’automne 2019
Le rapport consacre une partie de ses constats aux chercheurs qui ont présenté des symptômes à l’automne 2019 dont certains correspondent à ceux du Covid-19 mais il n’y a pas eu de diagnostic possible. Rien ne peut en être tiré dans un sens ou dans l’autre sur l’origine du Covid, est-il estimé par le renseignement américain. Selon le rapport public de l’OMS de mars 2021, les responsables de l’IVW ont déclaré que les échantillons prélevés sur les employés du laboratoire étaient tous négatifs pour les anticorps au SARS-CoV-2. Le renseignement américain ne sait pas si des chercheurs malades avec symptômes type Covid-19 ont manipulé des virus vivants proches du SARS-CoV2.
Alors, que retenir de ce rapport ? Sans doute l’exclusion unanime des agences américains concernant le SARS-CoV2 développé comme arme biologique. Pour l’origine non naturelle, à savoir par manipulation génétique, les agences sont majoritairement non convaincus par cette hypothèse, mais pas toutes, probablement en l’absence de preuve, mais on notera qu’il est mis en avant le risque de ne pouvoir détecter une intervention humaine.
Enfin, les agences restent à ce jour partagées sur l’origine laboratoire ou naturelle du SARS-CoV2.
Pour aller plus loin
Mise à jour 28/02/2023 – ajout de l’intervention de Kirby et du paragraphe final factchecking vs réseaux sociaux
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