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Mark Zuckerberg, patron de Meta confirme avoir cédé aux pressions répétées du gouvernement pour censurer des contenus et le regrette

Dans une lettre du 26 août adressée au Comité judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis, le créateur de Facebook exprime ses regrets d’avoir cédé à diverses demandes de censure de la Maison-Blanche. Voilà qui élargit le champ des révélations que nous évoquions il y a un an relatif au Covid-19

Aujourd’hui, la lettre de Mark Zuckerberg (Meta, Facebook, Instagram, Threads, Whatsapp) est accueillie comme une révélation sur les réseaux sociaux et dans les médias. Mais si on remonte à l’été 2023, on est en droit de relativiser, s’agissant d’informations déjà connues sur le principe. En effet, en juillet cette année-là le Wall Street Journal avait fait des révélations émanant de documents internes de la direction de Facebook, immédiatement relayées dans non colonnes. On apprenait avec stupéfaction comment le gouvernement de Joe Biden avait fait pression pour censurer en 2021 des informations sur l’origine du Sars-CoV2, le virus responsable de la pandémie de Covid-19, puis sur la politique vaccinale mise en œuvre pour la contrer. Analysant la censure à laquelle ils avait cédé, les dirigeants de Facebook considéraient les effets d’une telle censure comme contre-productifs, pensant que cela pouvait conduire à l’effet inverse de celui escompté, à savoir la stimulation de la défiance du public et l’amplification du complotisme.

Étendue de la censure au-delà du Covid-19 et de la politique vaccinale

Ce sont des informations factuelles qui ont été censurées, parce qu’elles étaient gênantes vis-à-vis d’un récit relatif à l’origine du Covid-19 et/ou parce qu’elles étaient gênantes dans un contexte d’élections présidentielles pour le parti démocrate et son candidat Joe Biden.

Mark Zuckerberg révèle dans sa lettre avoir subi ainsi que ses équipes des pressions répétées pendant des mois en 2021.

Le Comité judiciaire destinataire de la lettre de Zuckerberg l’a publié notamment sur le réseau social X (anciennement Twitter), avec le résumé suivant :

« Mark Zuckerberg vient d’admettre trois choses :

  1. L’Administration Biden-Harris a « fait pression » sur Facebook pour censurer les Américains
  2. Facebook a censuré des Américains
  3. Facebook a mis un frein sur la narration de l’affaire relative à l’ordinateur portable de Hunter Biden

C’est là une grande victoire pour la liberté d’expression. »

Hunter Biden est le fils du président américain, l’affaire de son ordinateur portable piraté révèle des données scabreuses en lien avec de vidéos de sexe, de la consommation de drogues et de la corruption dans laquelle il aurait mêlé son père en lien notamment avec des pays de l’Est dont l’Ukraine et la Russie.

Au-delà des faits, le patron de Meta déplore que « l’humour et la satire » liés à des sujets objet de pression par la Maison-Blanche aient également été visés par la censure.

Des pressions déplorées et des regrets amers

Mark Zuckerberg le dit clairement, après avoir exprimé être responsable d’avoir cédé mais aussi de ne pas le révéler : « Je pense que les pressions exercées par le gouvernement étaient une mauvaise chose, et je regrette que nous n’ayons pas été plus francs à ce sujet.  » Il en conclut que si c’était à refaire, il ne le referait pas aujourd’hui. « Je suis convaincu que nous ne devons pas compromettre nos normes de contenu sous la pression d’une administration, quelle qu’elle soit, et nous sommes prêts à nous opposer si quelque chose de ce genre se reproduit.« 

« Fact-checkers » dans le viseur

Le rôle de ces vérificateurs d’information, professionnels ou autoproclamés, sorte de ministère de la vérité, est vivement remis en cause par Mark Zuckerberg. Dans ses regrets exprimés, il y a le fait d’avoir rendu plus ou moins invisibles des contenus à la demande du FBI dans l’attente du verdict de fact-checkers. Il incrimine à titre d’exemple des accusations de désinformation visant la Russie dans les cadre des élections américaines de 2020, qui aurait été blanchie ultérieurement. Zuckerberg en a tiré concrètement la leçon : « par exemple, nous ne rétrogradons plus temporairement les choses aux États-Unis en attendant les fact-checkers. »
Sa lettre se termine en invoquant sa nécessaire neutralité pour rompre avec le cycle de vérification des vérificateurs de faits officiels. Voilà qui semble apporter de l’eau au moulin de ceux qui considèrent ces vérificateurs comme des instruments politisés.



Voilà de quoi faire jubiler Elon Musk, l’autre propriétaire de gros réseau social avec X qui semble avoir trouver un compagnon de la liberté d’expression en Mark Zuckerberg. Le milliardaire, fervent défenseur de la liberté d’expression totale, est très critique envers les médias et les fact-checkers qu’il considère comme des instruments de propagande. Il subit actuellement de fortes pressions de la Commission européenne pour intensifier la modération sur son réseau social, alors que la plateforme X vient d’être banni au Brésil par décision de justice, pour soit disant protéger les citoyens de la désinformation.

Image d’en-tête : Mark Zuckerberg en 2019 – Source : Wikipédia

Mise à jour 28/02/2023 – ajout de l’intervention de Kirby et du paragraphe final factchecking vs réseaux sociaux

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