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Ozempic, Wegovy (sémaglutide) : après la pénurie, la contrefaçon des médicaments de Novo Nordisk indiqués dans le diabète et la perte de poids

Après le détournement d’usage de l’antidiabétique dès 2022, les produits de contrefaçon envahissent le marché, mettant en danger les patients. Le laboratoire et les autorités de santé doivent faire face à cela mais aussi à des risques liées aux préparations magistrales, comme le rapportent Reuters et la FDA

avec Reuters

Ozempic, le médicament qui contient le principe actif sémaglutide, premier de la nouvelle classe pharmacologique des analogues du GLP-1 fait face aux effets collatéraux de sa popularité depuis 2022. Son usage initial d’antidiabétique exclusif a d’abord été détourné pour la parte de poids sur laquelle il agit de façon spectaculaire. La molécule et ses petites sœurs développées dans la même classe ont d’ailleurs trouvé leur indication pour l’obésité (marque Wegovy pour le sémaglutide), générant une explosion des ventes et des perspectives évidemment immenses étant donné la prévalence de l’obésité dans le monde. Un marché très convoité pour un produit à la base rare et cher et malheureusement, pas uniquement par des personnes bien intentionnées.


Après les pénuries qui ont mis en danger les patients diabétiques qui ne pouvaient plus accéder à leur médicament, aujourd’hui il faut faire face à l’abondance de produits contrefaits.

16 pays touchés par la contrefaçon d’Ozempic à ce jour

Le 8 mars dernier, l’agence Reuters a publié les déclarations de Lars Fruergaard Jorgensen, le PDG de l’entreprise pharmaceutique danoise à propos de ce fléau : « C’est quelque chose que nous prenons très au sérieux« , a-t-il déclaré, tout en faisant le constat : « Nous ne pouvons pas agir seuls« .

En pratique, Novo Nordisk travaille avec les autorités des pays au cas par cas lors des découvertes de contrefaçons de ses produits et assiste la justice dans les plaintes déposées.

Selon l’organisme américain de lutte contre la contrefaçon « Partnership for Safe Medicines » (PSM), des fausses seringues d’Ozempic circulent dans 16 pays à travers le monde : Australie, Belgique, Irlande, Azerbaïdjan, Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Nigeria, Turquie, Ouzbékistan, Russie, États-Unis, Allemagne, Autriche et Royaume-Uni. L’alerte aurait été donné par Novo Nordisk elle-même le 15 juin 2023 pour les États-Unis.

Cela étant dit, SPM sensibilisait la population dès le moi de mai 2023 avec un spot diffusé sur YouTube très informatif sur la situation, avec des faux médicaments vendus par des faux médecins et des faux pharmaciens :

Rapports de préjudices consultés par Reuters

Début mars, Reuters a pu obtenir des rapports de pharmacovigilance faisant état de préjudices au titre d’effets indésirables subis l’an dernier par des patients s’étant administré du faux Ozempic en Belgique, Irak, Serbie et Suisse. Les problèmes médicaux cités par Reuters sont principalement des hypoglycémie sévères (baisse du taux de sucre dans le sang) suite à la prise du faux médicament. Reuters indique que des rapports antérieurs de ce type avaient été établis notamment par l’Autriche, la Grande-Bretagne, le Liban et les États-Unis.

Pour la FDA, les victimes de la contrefaçon d’Ozempic sont certainement bien plus nombreuses que ce qui est rapporté, pointant la vente en ligne non contrôlée.

De l’insuline vendue comme du sémaglutide

Mais qu’est-ce qui fait ainsi chuter la glycémie dans le sang ? L’insuline évidemment. Cette hormone est produite par le pancréas et son absence ou son dysfonctionnement est à l’origine du diabète.
Reuters évoque un cas de rapport qu’elle a pu consulter, transmis à la FDA, d’une femme de 45 ans ayant subi un coma diabétique en Belgique. Le rapport conclut en l’équivalent d’une injection de 18 doses d’insuline pure, ce qui représente 5 fois la dose recommandée.

Quant à Novo Nordisk, le PDG a confié à Reuters avoir connaissance de cas de stylos à insuline réétiquetés et reconditionnés sous le nom de Wegovy, « solution » plus simple que de mettre au point un faux stylo injecteur. Le laboratoire a d’ailleurs indiqué aussi mis la main aux États-Unis sur un stylo auto-injecteur étiqueté Ozempic alors qu’il s’agissait d’un stylo à insuline de la marque Semglee, produit fabriqué par le laboratoire indien Biocon. Dans le même schéma de suspicion de contrefaçon, Novo Nordisk a indiqué avoir enquêté sur un stylo injecteur en Irak et conclu à une contrefaçon probable par réétiquetage d’un stylo à insuline Apidra Solostar de notre laboratoire national Sanofi.

Dans un rapport séparé, Novo Nordisk a écrit qu’il avait enquêté sur un stylo injecteur suspecté d’être faux en Irak et avait conclu qu’il s’agissait probablement d’un stylo à insuline Apidra Solostar du fabricant français Sanofi qui avait été réétiqueté.

Le problème des préparations magistrales

Cette question est bien différente de celle des produits de contrefaçon, faux médicaments pour lesquels on l’a vu, le principe actif annoncé est absent et/ou substitué.

Les préparations magistrales, ce sont des médicaments fabriqués sur mesure par des pharmaciens dans des pharmacies autorisées. Le sémaglutide est concerné et autorisé dans ce cadre aux États-Unis, car il s’agit ici de pallier à la rareté et pénuries des spécialités commerciales (Ozempic, Wegovy).

À la base de ces préparations magistrales, l’ingrédient pharmaceutique actif (IPA) sémaglutide bien sûr, qui est vendu aux établissements pharmaceutiques (pharmacies) agréés. Le problème, a rapporté le directeur de la FDA, c’est que les fabricants de sémaglutide en tant qu’IPA, c’est-à-dire de matière première, peuvent être des installations non réglementées et lointaines, comme en Asie.
Reuters indique à ce titre avoir consulté un rapport de cas mortel de patient suite à prise l’an dernier de sémaglutide en préparation magistrale, ayant entraîné des troubles graves de la coagulation sanguine. Cela étant dit on ne sait pas à ce stade si la préparation en cause émanait d’un établissement agréé.

Image d’en-tête : Martin Winkler

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Image d’en-tête : logo Novo Nordisk

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