La question de la réintégration des soignants non vaccinés
Elle est abordée depuis la campagne présidentielle suite à la proposition de certains candidats de réintégrer les 15 000 soignants suspendus. Qui le propose et avec quels arguments ?
Candidats et personnalités favorables à la réintégration
Les candidats à l’élection présidentielle qui ont annoncé réintégrer immédiatement les soignants en cas de victoire comprennent
- Marine Le Pen, qui a invoqué des « mesures punitives qui n’ont aucun sens ». Elle est allée jusqu’à promettre de leur verser le salaires retenus
- Eric Zemmour, considérant les soignants en question comme « injustement chassés »
- Jean-Luc Mélenchon
- Nicolas Dupont-Aignan
Il s’agit politiquement parlant de la sphère des extrémistes et populistes, pour certains résolument complotistes.
Nous avons aussi dans la même veine argumentaire les médecins médecins et scientifiques antivax et/ou « rassuristes » et autres complotistes : Gérard Kierzek, Martin Blachier, Alexandra Henrion-Caude et Martine Wonner.
L’argumentaire est faible pour cet ensemble, les motivations paraissent politiques (on tape sur le gouvernement avec des arguments populistes) ou encore : on ne peut pas se priver de ces soignants, il y a pénurie de personnel.
Le président compte les réintégrer
Dans l’entre-deux tours, le président candidat avait donné son avis avec ces mots : « Si on continue sur cette tendance, on va revenir sur une phase endémique. On pourra revenir autour de la table et réintégrer les personnels suspendus«
Le 29 avril, Emmanuel Macron en déplacement en province a donné sa position alors qu’il était interpellé par un citoyen sur cette question : , « Quand on ne sera plus en phase aiguë, on le fera«
Focalisation des arguments a priori non politiques sur la contagiosité
Le président n’a pas justifié la mesure autrement que par le risque médical en lien avec l’intensité de l’épidémie.
Un médecin soutient avec vigueur cette position sur Twitter (ce n’est pas le seul mais il a produit 2 longs threads insistants) :
Suite à cette déclaration qui ne voit donc que l’argument de la dangerosité disparue en termes de contagion pour justifier la réintégration des soignants, il a bien évidemment reçu le soutien de la sphères antivax, complotiste, antiscience.
Peut-on exercer un métier dont on refuse les fondements et la mission ?
La question se pose, au fond. D’ailleurs le Dr Freund reconnaît au cours de son argumentaire que les soignants exclus sont responsables « de multiples cas de Covid et donc potentiellement de morts« .
Apparemment, cet état de fait est secondaire…
Une appréciation défaillante des risques
Réduire l’appréciation des risques à l’instant T en termes de contamination semble particulièrement réducteur.
Le risque de contamination est fluctuant est peut évoluer demain dans un contexte de grande incertitude concernant la pandémie de Covid-19. Que fait-on si après avoir réintégré ces soignants anti-vaccination, il nous faut une 4e dose par exemple ? en cas de nouvelle épidémie ?
Quel sera l’état d’esprit de ces soignants réintégrés qui pourront invoquer le fait que de toute façon, « passé l’orage », ils seront réintégrés ?
Par ailleurs et de façon plus fondamentale, les soignants exclus ont démontré ne pas accepter les bases de leur métier soit la science ni leur mission de protection des patients.
Le risque ne s’arrête donc pas à la vaccination, puisque les personnes visées ont démontré ne pas être fiables ni professionnelles au point de mettre en danger de mort leurs patients ce qui est la négation de leur propre métier.
La meilleure solution pour ces soignants, pour les patients et pour la société est peut-être de réorienter leur carrière.
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