650 hépatites aiguës pédiatriques d’origine mystérieuse selon l’OMS à fin mai 2022
La mystérieuse épidémie d’hépatites chez les enfants n’est plus sur le devant de la scène médiatique, éclipsée par l’épidémie de monkeypox et la recrudescence de cas Covid. Pourtant, elle a continué à sévir.
Nous vous en avions un mois après le 1er signalement de cas déclarés début mai en raison d’un débat entamé en mode complotiste sur les réseaux sociaux par le « Twitter med ». Nous avions ensuite partagé le point pédagique de Conor Meehan, microbiologiste anglais.
Depuis, soit plus d’un mois, les cas ont continué d’apparaître. On vous résume le dernier point de situation de l’OMS qui date du 27 mai.
650 cas entre le 5 avril et le 26 mai dans 33 pays
Des cas non cessé d’être rapporté et l’on ne sait toujours pas ce qui en est la cause.
Rappelons la définition de cette pathologie en prenant la définition de Santé Publique France qui se calque sur celle de l’OMS.
La distribution des cas est la suivante :
Classification des cas par pays
En France à fin mai, il y avait 2 cas confirmés et 2 cas en cours d’investigation.
Pour l’ensemble de ces cas :
- 38 soit 6 % ont nécessité une greffe de foie
- 9 soit 1 % ont entraîné le décès
- 75 % des cas concernent des enfants de moins de 5 ans
- 22 soit 14 % des cas parmi 117 pour lesquels l’information est disponible, ont conduit à une admission en soins intensifs
- 60,8 % des 181 cas ayant été l’objet d’un test étaient positifs à l’adénovirus tous types confondus
- 12,2 % des 188 cas ayant été l’objet d’un test PCR étaient positifs au SARS-CoV2. Une sérologie n’était disponible que pour 26 cas dont 19 (73,1 %) de positifs. 84,1 % soit 63 cas sur 63 avec information vaccinale disponible n’avaient pas reçu le vaccin anti-Covid
Diagnostic d’exclusion – investigations
Les investigations sont longues. Aujourd’hui sont exclues pour ces cas les hépatites A à E.
Le SARS-CoV2 et /ou un adénovirus ont été détectés dans de nombreux cas bien que les données soient incomplètes.
Le Royaume-Uni rapporte une co-circulation des ces virus mais aucune hypothèse n’est disponible à ce sujet en termes de pathogenèse.
On n’exclut toujours pas de nombreuses causes possibles, aussi les investigations épidémiologiques, cliniques, toxiques, histopathologiques et toxicologiques ainsi que les analyses de laboratoire se poursuivent.
Des enquêtes sont également prévues pour déterminer si les cas détectés sont « supérieurs aux niveau de base attendus ». Cela semble signifier que l’OMS n’exclut pas une surdétection artificielle pour un phénomène (hépatites pédiatriques d’origine inconnue) qui n’est pas nouveau en soi.
Évaluation des risques : modérée
L’OMS considère que pour ces hépatites pédiatriques d’origine inconnue, les cas sont cliniquement plus sévères et conduisent à une proportion importante de défaillances hépatiques, par comparaison aux données antérieures dans cette catégorie.
Il existe des informations médicales cliniques, histopathologiques et de laboratoire limitées globalement pour ces cas.
Peut-être les cas sont-ils en fait sous-détectés dans certains lieux en raison d’une capacité de surveillance limitée.
On ne connaît ni la source, ni le mode de transmission des agents étiologiques potentiels, il n’est donc pas possible de savoir comment les cas peuvent se disséminer.
Une transmission inter-humaine n’est pas à exclure d’autant qu’il existe quelques cas présentant un lien entre personnes d’un point de vue épidémiologique.
L’adénovirus a souvent été retrouvé (75 % des cas anglais) et souvent le type 41. Pourtant ce type ne provoque pas habituellement le tableau clinique que l’on voit avec ces cas.
Questionnements étiologiques
L’adénovirus reste néanmoins un cause « plausible » pour l’OMS, bien que ne pouvant entièrement expliquer ces cas.
La pandémie pourrait être en cause en raison des confinements avec peut-être une susceptibilité accrue des enfants au virus.
Pourquoi pas un nouvel adénovirus, ou encore une co-infection adénovirus/SARS-CoV2 conduisant à une activation cellulaire immunitaire superantigénique (comme les PIMS).
Hypothèse intéressante également de l’OMS : l’amélioration des analyses de laboratoire en association avec des niveaux accrus de transmission communautaire de l’adénovirus pourrait être la cause d’une détection accrue d’adénovirus, qui serait en fait fortuite et non la cause de ces hépatites pédiatriques.
À suivre et en attendant, l’OMS préconise évidemment un suivi très rigoureux des cas, de leur détection et des enquêtes épidémiologiques à mener, et des précautions et mesures sanitaires pour la population : distanciation, aération, préparation des aliments, lavage des mains, etc.
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