Carte de presse : le « sésame » qui valide la reconnaissance de journaliste professionnel au sens du Code du travail est attribué par les pairs
Qui attribue la carte de presse, selon quelle procédure et quelle est la population de journalistes concernée ?
Le journalisme est un métier particulier à bien des égards en France, particulièrement en ce qui concerne son statut. Nous avons eu récemment l’occasion d’évoquer des questions de déontologie journalistique, qui nous ont permis de voir que cette dernière était régie par des chartes internationales ou nationales, référentiels non réglementaires, et qu’il n’existait pas d’Ordre professionnel, mais une instance consultative indépendante autorégulée tripartite faite de journalistes, d’éditeurs et de citoyens.
Et bien pour l’attribution de la carte de presse, c’est le même principe d’autorégulation par les pairs, ici bipartite avec les journalistes et leurs employeurs, au sein d’un organisme dédié : la CCIJP, Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels.
Requis et procédure
Le journaliste n’est pas une profession réglementée en termes d’accès à la profession et d’exercice, ni en ce qui concerne l’usage du titre. Néanmoins, le Code du travail définit certaines conditions en tant qu’allocataire d’avantages en lien avec les modalités de son ou ses contrats de travail au titre du journalisme. Un journaliste pourra obtenir une carte de presse s’il travaille de façon régulière, rétribuée et au titre de son activité professionnelle principale, pour le compte d’éditeurs de presse agréés.
Les demandes de carte de presse sont faites auprès du CCIJP qui va étudier soigneusement si le journaliste peut prétendre à la carte de presse en fonction des critères précités de modalités d’emploi et de rémunération (Code du travail). Un chargé de dossier prend en charge la demande et analyse le dossier, vérifie si la demande est recevable et s’assure que le dossier est complet. Le dossier passe ensuite au « visa » : des commissaires étudient soigneusement le dossier, qui nécessitent deux visas : un visa d’employeur et un visa de journaliste. S’il est validé, le dossier passe en commission plénière, comité des employeurs et des journalistes où il est débattu. Si validé, la carte est délivrée, sinon le dossier passe en commission supérieure qui confirmera ou non le refus. Ce processus prend plusieurs mois.
Titulaires de la carte de presse
L’an dernier, 34 476 cartes de presse ont été délivrées ou renouvelées. C’est l’observatoire des métiers de la presse qui chaque année, étudie les données d’attribution des cartes de presse de la CCIJP et restitue les données socio-démographiques des journalistes « encartés » (et oui c’est l’adjectif attribués aux titulaires de la carte de presse).
Le nombre de journalistes professionnelle suit une tendance à la baisse, il est sous les 35 000 depuis plus de 10 ans. L’inversion de tendance a eu lieu en 2009 avec un pic au plus haut de 37 531 cartes, Les données qui suivent concernent l’année 2019 :
La presse écrite domine avec 57 % des cartes, avec effritement régulier (- 13 points en 18 ans).
La population vieillit avec un âge moyen de près de 50 ans. Pour une première demande, l’âge moyen est de 31 ans. La profession se féminise, mais reste minoritaire avec 47,5 % de femmes, contre 40 % en 2000.
La profession est de plus en plus précaire, avec 48,4 % de pigistes et 23,1 % de CDD, pour 27,9 % de CDI. De plus, les femmes sont plus touchées par les contrats précaires.
En termes de formation, la part de journalistes avec cursus journalistique reconnu est de près de 20 %, en augmentation régulière. En 2000, elle n’était que de 12 %.
Les revenus des journalistes professionnels sont très variables selon le type de contrat. Les revenus médians des journalistes CDI est de respectivement 3614 euros (brut), de 1970 euros pour les pigistes. et 1910 euros pour les CDD.
Mise à jour : 10/08/2022 – compléments sur le titre et le corps du texte pour faire référence au Code du travail
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