ActualitésAnthroposophieCitizen4ScienceDérives sectairesEmprise sectaireFake MédecineMiviludesPseudoscienceSanté publique

Les dérives sectaires progressent en France, santé et bien-être au premier chef pour de nouveaux gourous

La Miviludes vient de publier son rapport, accablant : les signalements ont bondi de 33 % en 2021

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaire (Miviludes) a du pain sur la planche. La crise sanitaire du Covid-19 et les réseaux sociaux ont été un catalyseur depuis 2020, sur un terreau de complotisme. L’association Citizen4Science est d’ailleurs née au début de la pandémie sur le constat notamment de ces dangers, inscrivant d’emblée la lutte contre les dérives sectaires dans ses missions statutaires.

Qu’est-ce qu’une dérive sectaire ?

La Miviludes nous en donne la définition :

« Il s’agit d’un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l’ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société. »

Les recommandations de la Milivudes face à une personne sous emprise sectaire :

Plus de 4 000 signalements en 2021

4020 très précisément, alors qu’on parlait ces dernières années d’environ 2 000 par an, souvent effectuées par des proches de victimes de mouvements sectaires. Un triste record, et même une explosion. Christian Gravel, président de la Miviludes et Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté formulent une remarque commune : la crise sanitaire a été un « terreau fertile », un « catalyseur » de ce phénomène.

Traitement des saisines – extrait rapport Miviludes 2022

Principaux thèmes des saisines traitées en 2021 – rapport Miviludes 2022

Percée insidieuse, rôle d’internet et des réseaux sociaux

Christian Gravel décrit « une prolifération de nouveaux acteurs, plus discrets, maîtrisant le Web et ses codes, sachant contrôler les esprits en exploitant les peurs, la perte de repères, la recherche de solutions simples face à des questionnements existentiels. » Les outils numériques sont ainsi mis à profit pour exploiter une crise que l’on peut lier à la fragilisation de la santé mentale, entre Covid mais désormais aussi des menaces tous azimuts comme la guerre en Ukraine entraînant tensions géopolitiques mondiales, crise socio-économique, réchauffement climatique, crise énergétique et spectre de famines dans le monde.
Internet permet aux gourous en herbe de s’exprimer, de rassembler. De capter l’attention de ceux qui vivent tout ou partie des fléaux et difficultés actuels mal et sont prêts à saisir une main tendue. Les réseaux sociaux sont redoutables à cet égard, permettant de constituer des groupes qui s’enferment dans des bulles cognitives sous la houlette de meneurs. Le complotisme n’est jamais loin pour appuyer leurs thèses et exploiter la peur et les faiblesses de leurs victimes.

Stars des dérives sectaires : scientologie et témoins de Jéhovah, pseudo-médecines et complotisme

Les « églises » de la spiritualité comme les scientologues et autres témoins de Jéhovah sont des stars indéfiniment brillantes des signalements de dérives sectaires. Ces groupes historiques, véritables multinationales très structurées ont les moyens de « recruter » et tienne le haut du pavé. Mais il y a aussi des « stars individuelles » qui sévissent dans la catégorie Santé et médecine. On citera par exemple Thierry Casasnovas, sur le créneau de la naturopathie et des jus de fruits comme régime alimentaire, à la large audience captée et fidélisée sur YouTube (plus de 600 000 abonnés), ou encore, bien moins connu car né dans la crise sanitaire et exilé en Estonie, le jeune Jérémie Mercier pour lequel la rédaction développe une série d’articles (numéro 1 des recherches Google sur l’énergumène) permettant de mieux comprendre les thèses et moyens utilisés pour embrigader. Fausses allégations santé, complotisme au premier plan pour discréditer la médecine conventionnelle et tous ses acteurs : professionnels de santé, industrie pharmaceutique, dirigeants politiques.
Il y a aussi le mouvement RéinfoCovid et son dirigeant le docteur Louis Fouché, mouvement auquel s’est d’ailleurs lié Jérémie Mercier. Autour de ces personnages type gourous gravitent des structures telles que One Nation qui a tenté de créer un lieu de vie physique avec une implantation dans un village du Lot l’an dernier, sous la houlette de la meneuse Alice Pazalmar et de sa théorie des « êtres souverains ».

Communauté de Jonestown, Guyane, lieu fr suicide collectif – Source Wikipedia

Le business naissant des relations hommes-femmes

La Miviludes décrit aussi des thématiques naissantes, plus discrètes mais en développement comme le « masculinisme » en réaction à l’excès de féminisme, dans ce cadre elle pointe Miranda Gray, une « thérapeute » et sa « bénédiction de l’utérus » qui propose des rituels inquiétants en lien avec les cycles lunaires. Attention au mouvement MKP : Mankind Project qui propose de nombreux stages d’initiation à la masculinité, prévient la Miviludes.

Coaching, développement personnel, trading et cryptomonnaies

Atteindre une « meilleure version de soi-même » exploiter son « plein potentiel » sont parmi d’autres des expressions qui doivent alerter. La Miviludes évoque dans son dernier rapport la « marchandisation de l’épanouissement personnel », et c’est un business actif depuis de nombreuses années.
Une autre dérive est celle, née avant la crise sanitaire, est celle de l’embrigadement dans des « jeux » d’argent, présentés plutôt comme des activités très sérieuses et techniques de « trader » sur des actifs boursier et notamment les cryptomonnaies. La promesse est de devenir un golden boy (ou girl) riche et adulé, à l’image de véritables gourous qui proposent des sites internet, des formations, et des communautés d’adeptes. Les personnes soumises à ces dérives de type sectaire s’épuisent et se ruinent, explique la Milivudes.

Extrait rapport Miviludes 2022

Pour aller plus loin…

Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0324 x 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique doté d’une Rédaction avec journalistes professionnels. Nous défendons farouchement notre indépendance. Nous existons grâce à vous, lecteurs. Pour nous soutenir, faites un don ponctuel ou mensuel.

Propulsé par HelloAsso

2 réflexions sur “Les dérives sectaires progressent en France, santé et bien-être au premier chef pour de nouveaux gourous

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
32 ⁄ 16 =