Les mesures les plus efficaces que vous pouvez prendre pour lutter contre le changement climatique
Par Max Callaghan, PhD Student, University of Leeds, UK
Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5℃ au-dessus des niveaux préindustriels, il faut atteindre des émissions nettes nulles d’ici le milieu du siècle. Cela signifie qu’en moins de trois décennies, nous devons inverser plus d’un siècle d’augmentation des émissions et ramener les émissions annuelles à un niveau proche de zéro, tout en équilibrant toutes les émissions inévitables restantes en éliminant activement le carbone de l’atmosphère.
Pour accélérer ce processus, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire notre consommation de combustibles fossiles. Mais beaucoup de gens ne sont pas sensibilisés aux moyens les plus efficaces d’y parvenir. Heureusement, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) consacre un chapitre à toutes les façons dont les changements de comportement peuvent accélérer la transition vers le « zéro carbone ».
Le chapitre comprend une analyse de 60 actions individuelles qui peuvent aider à lutter contre le changement climatique, sur la base d’une recherche menée par Diana Ivanova à l’Université de Leeds – et à laquelle j’ai contribué. Nous avons regroupé ces actions en trois domaines : éviter la consommation, déplacer la consommation et améliorer la consommation (la rendre plus efficace). Les graphiques ci-dessous, produits pour le rapport du GIEC, montrent ce que nous avons trouvé.
Ce qu’il faut éviter
Les choses les plus efficaces à éviter sont, de loin, les transports. Vivre sans voiture réduit les émissions de gaz à effet de serre de 2 tonnes de CO₂ en moyenne par personne et par an, tandis qu’éviter un seul vol aller-retour longue distance réduit les émissions de 1,9 tonne en moyenne. Cela équivaut à conduire une voiture typique de l’UE sur plus de 16 000 km de Hambourg, en Allemagne, à Oulan-Bator, en Mongolie, et retour.
Étant donné que la grande majorité de la population mondiale ne prend pas l’avion du tout – et que parmi ceux qui le font, seul un petit pourcentage prend l’avion fréquemment – les voyageurs peuvent réduire considérablement leur empreinte carbone avec chaque vol qu’ils évitent.
Ce qu’il faut changer
Mais vivre durablement ne consiste pas seulement à renoncer à certaines choses. Il est possible de réduire considérablement les émissions en adoptant une autre façon de faire les choses. La conduite automobile étant très polluante, par exemple, le passage aux transports publics, à la marche ou au vélo peut constituer un changement énorme, avec des avantages supplémentaires pour votre santé personnelle et les niveaux de pollution atmosphérique locale.
De même, en raison des fortes émissions associées à la viande et aux produits laitiers – en particulier celles produites par l’élevage des moutons et des vaches – le passage à des régimes alimentaires plus durables peut réduire considérablement votre empreinte carbone. Un régime totalement vegan est le moyen le plus efficace d’y parvenir, mais des économies considérables peuvent être réalisées simplement en passant du bœuf et de l’agneau au porc et au poulet.
Ce qu’il faut améliorer
Enfin, les choses que nous faisons déjà pourraient être rendues plus efficaces en améliorant l’efficacité carbone à la maison : par exemple en utilisant l’isolation et les pompes à chaleur, ou en produisant votre propre énergie renouvelable en installant des panneaux solaires. Passer d’une voiture à combustion à une voiture électrique – idéalement un VE à batterie, qui permet de réduire les émissions de manière beaucoup plus importante que les VE hybrides ou à pile à combustible – rendra vos trajets en voiture plus efficaces. De plus, son effet sur les émissions augmentera au fil du temps et de l’accroissement de la quantité d’électricité produite par les énergies renouvelables.
Dans la course au « net zéro », chaque tonne de CO₂ compte vraiment. Si nous sommes plus nombreux à prendre en compte ne serait-ce que quelques-unes de ces suggestions, nous avons collectivement plus de chances de pouvoir atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’accord de Paris sur le climat. Bien sûr, ces changements devront être soutenus par une action politique majeure en matière de durabilité.
Si nous voulons utiliser moins d’énergie fossile, il faut soit limiter l’utilisation des combustibles fossiles, soit la rendre plus coûteuse. Les conséquences sociales de ces mesures doivent être soigneusement gérées afin que les systèmes de tarification du carbone puissent bénéficier aux personnes à faibles revenus, ce qui est possible si les revenus sont redistribués pour alléger la charge financière des ménages les plus pauvres.
Mais les gouvernements pourraient faire bien davantage pour aider les gens à vivre de manière plus durable, par exemple en mettant en place des infrastructures de transport public et de « déplacement actif » (pistes cyclables et zones piétonnes) plus performantes et plus sûres, afin que les gens aient des alternatives à la voiture et à l’avion.
On ne peut ignorer le fait que, si l’on veut que les solutions politiques s’attaquent au changement climatique avec l’urgence que requiert notre situation mondiale, ces solutions devront limiter la mesure dans laquelle nous pouvons nous adonner à des comportements à forte intensité de carbone. Plus que tout, nous devons voter pour ceux qui sont prêts à prendre des décisions difficiles pour l’avenir de notre planète.
Article et infographie traduits par la Rédaction, paru initialement en anglais dans The Conversation.
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