Le « chat-renard », chat sauvage spécifique de la Corse, scientifiquement reconnu
« Ghjattu Volpe » n’est pas un mythe ! L’Office de la biodiversité l’a annoncé le 16 mars, faisant état des résultats d’une étude génétique publiée dans une revue scientifique
L’étude a été publiée dans Molecular Ecology le 19 janvier 2023, titre en français : « Génomique des populations de chats sauvages corses : Vers une nouvelle sous-espèce au sein du complexe Felis silvestris spp. ? », par des chercheurs l’Office français de la biodiversité (OFB) et du laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (CNRS – Université Claude Bernard Lyon 1).
Le chat-renard, en corse Ghjattu Volpe est connu depuis bien longtemps en Corse, et pour cause ! Il a ainsi toujours fait partie de la mythologie agropastorale de l’île.
Il a été reconnu par diverses instances locales au cours des deux siècles derniers, sans que l’on cesse pour autant d’essayer de le décrire et de s’interroger sur son statut : une sous espèce à part de chat sauvage (Felis sylvestris) à part, ou non ? La réponse est donc : Oui, grâce à l’étude sus-citée et publiée qui démontre l’existence d’une lignée génétique spécifique de chat sauvage en Corse.
Coup de filet en 2008 permettant la comparaison de profils génétiques
L’étude scientifique a comparé les profils génétiques de chats vivant à l’état sauvage en Corse, en France métropolitaine et de chats domestiques, et démontré une véritable identité génétique pour le chat-renard. C’est la capture accidentellee d’un chat en 2008 à Olcani, commune de Haute-Corse, qui a permis de démarrer le programme de recherche.
Entre 2011 et 2014, des dizaines de pièges à poils combinés avec des pièges photographiques ont permis d’identifier 8 individus ayant le phénotype « sauvage de Corse », à savoir un pelage bien spécifique.
Dans un premier temps, l’analyse de ce travail a permis de démontrer qu’il ne s’agissait pas du chat sauvage européen, Felis silvestris silvestris.
Mais il n’a pas alors été possible de distinguer clairement les chats corses sauvages et domestiques, qui sont rattachés à un groupe génétique : Felis sylvestris lybica, ou chat sauvage d’Afritque dit aussi chat ganté, que l’on pense être à l’origine du chat domestique.
Génomique par séquençage haut débit
Pour aller plus loin, une nouvelle étude avec de nouveaux prélèvements ont permis de comparer de façon plus fine les profils génétiques des chats corses, impliquant aussi le continent et la Sardaigne. Une approche génomique par séquençage au débit a été incluse permettant de vraies avancées, ainsi que l’étude de l’écologie de l’animal. Ce programme a permis aussi la capture de 16 individus entre 2016 et 2020 dans la vallée de l’Asco, permettant prélèvements génétiques et pose de colliers GPS sur les animaux.
Génétiquement, il s’avère que les chats sauvages corses sont très différents des chats sauvages continentaux, et plus proches des chats de Sardaigne tout en gardant leur spécificité. Les chats domestiques continentaux eux, sont proches de ceux de Corse !
Investiguer les chats de Sardaigne, du pourtour de la Méditerranée et du Proche-Orient est maintenant un souhait des chercheurs.
En tout état de cause, le duo de recherche combinée Génétique + Écologie apparaît comme gagnant, particulièrement à l’heure de l’effondrement de la biodiversité, considère l’Office français de la biodiversité, car cela peut permettre de mettre en place des mesures de conservation adaptées.
Au programme notamment dans cette approche, dans la continuité des travaux présentés ici : variation spatiale et temporelle de la densité de population et ses facteurs de causalité, régime alimentaire, utilisation et sélection de l’habitat, évaluation du risque d’hybridation avec le chat domestique
Image d’en-tête : crédit photo Martin Boone
Pour aller plus loin
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