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Cinq journalistes de France Télévisions mis en retrait après appel via tribune à voter pour le Nouveau Front Populaire pour s’opposer au Rassemblement National

Ils avaient signé un tribune appelant à faire front contre l’extrême droite assorti d’une consigne de votre alors qu’ils sont agents du service public. Leur direction les « met en retrait » des sujets liés à la campagne électorale jusqu’au 8 juillet.

avec AFP

L’information est tombée le 21 juin chez l’AFP, communiquée par France Télévisions. Les cinq journalistes sont écartés des sujets relatifs aux élections législatives car ils ont signé la tribune « Pour un front commun des médias contre l’extrême droite » publiée 2 jours plus tôt par le site Reporterre, qui énumère 90 médias signataires. Des médias privés, dont L’Humanité, Mediapart, Blast, Arrêt sur Image parmi un grand nombre de structures indépendantes locales ou spécialisées. Dans la liste, « SDJ de France 3 – Édition nationale » apparaît toujours au moment où nous publions le présent article.
« SDJ » signifie Société des journalistes, c’est une association constituée de journalistes au sein d’une rédaction, on en trouve dans toutes les structures de taille significative. Les SDJ ont pour principale mission de défendre l’indépendance journalistique, notamment face aux actionnaires de leur médias. Les cinq journalistes ne sont pas à ce jour identifiés, mais on comprend qu’ils émanent de la SDJ de France 3.

Dans cette tribune, les signataires appellent à « soutenir la mobilisation sociale et citoyenne en cours, qui fait écho à la dynamique antifasciste de Front populaire de 1936 dans sa capacité à déborder les cadres partisans. Nous considérons qu’elle seule est à même d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir le 7 juillet« .

Violation du guide des pratiques professionnelles

France TV a précisé que les cinq journalistes « ne traitent plus des sujets qui couvrent la campagne » électorale. Le reproche : en signant la tribune, ils n’ont pas respecté le guide des pratiques professionnelles prônant la neutralité politique, c’est-à-dire de s’abstenir de prendre une position politique publique.
L’AFP a pu consulter le courrier qui leur a été adressé par la direction, qui stipule : « Cet appel au vote s’avère incompatible avec le traitement de la campagne électorale sur l’ensemble des supports de France Télévisions » et « Il en va de l’image d’impartialité des rédactions de France Télévisions« .
Ils restent néanmoins « au planning », mais pas sur la campagne.
La SDJ de France Télévisions (donc, l’association des journalistes/rédacteurs de la Rédaction principale, très majoritaire sur les autres SDJ du groupe) a déclaré sur le réseau social X (anciennement Twitter) avoir été sollicitée pour la tribune mais ne pas avoir signé, précisant : « Nous n’appelons pas à voter pour tel ou tel parti, estimant que ce n’est pas notre rôle en tant que représentants des journalistes du service public. »

Devoir de neutralité des agents du service public

Les signataires de la tribune sont des structures privées. Elle peuvent faire du « journalisme engagé », et le revendiquer au plus haut niveau de l’organisation. À titre d’exemple, voici les fenêtres surgissantes (pop-up) dont est actuellement pourvu le site du journal Libération.

France Télévisions, c’est l’audiovisuel public. Ses employés sont soumis non seulement au guide des pratiques évoqué par la direction comprenant une nécessaire réserve notamment sur les opinions politiques personnelles.

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer ce type d’exigences dans l’affaire du pharmacien Amine Umlil, révoqué pour son militantisme anti-vaccination Covid au plus fort des campagnes de vaccination pendant la pandémie (voir « Pour aller plus loin » en fin d’article).

Parallèle avec le devoir de réserve et de neutralité des agents publics

France Télévisions est une société publique avec missions de service public puisqu’elle gère les programmes publiques de télévision en France. Pour autant, elle ne fait pas partie de la fonction publique.

Ici, nous nous permettons de reprendre des éléments de notre article évoquant le Dr Umlil, pour faire un parallèle avec le cas des journalistes écartés par France Télévisions bien qu’ils ne soient évidemment pas des fonctionnaires :

Le devoir de réserve, discrétion et secret professionnels s’applique à tous les agents de la fonction publique, peut-on lire sur le site service-public.fr :

« Le devoir de réserve désigne l’obligation faite à tout agent public de faire preuve de réserve et de retenue dans l’expression écrite et orale de ses opinions personnelles. L’obligation de réserve n’est pas conçue comme une interdiction d’exercer les droits élémentaires du citoyen : liberté d’opinion et liberté d’expression.
Le devoir de réserve ne concerne pas le contenu de vos opinions, mais leur mode d’expression.
L’obligation de réserve s’applique pendant et en dehors du temps de travail
« 

Le guide des pratiques professionnelles a des similitudes avec ce texte pour ce qui est de la neutralité prônée.

Tribune de soignants avec consigne de vote

En date d’hier, 22 juin, c’était au tour de Mediapart, on l’a vu signataire de la tribune de Reporterre, de publier une tribune intitulée « Appel des professions et usagers de la santé à faire barrage contre l’extrême droite » avec le même leitmotiv : il faudrait voter pour le Nouveau Front Populaire pour faire barrage à l’extrême droite. La tribune a été co-rédigée par le Dr Julie Chastaing, médecin généraliste à Fontenay-sous-bois et Maître de conférence universitaire à Sorbonne Université et le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor (Créteil). Mediapart revendique 3 600 signataires dont la médiatique Pr Karine Lacombe, Cheffe de Service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital St-Antoine à Paris. On trouve d’autres agents du service public parmi les signataires, chefs de services et/ou praticiens de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). qui pour l’heure n’a pas réagi vis-à-vis du devoir de réserve de ses agents.

Il est à noter que le Pr Antoine Pelissolo n’est autre que le secrétaire national du Parti Socialiste.

Mise à jour 23/06/2024 : modification du titre (précisions et mise à jour du paragraphe relatif au parallèle avec le devoir de réserve dans la fonction publique

Image d’en-tête : siège France-Télévisions

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