Méditation de pleine conscience (« mindfulness ») à l’école : de la recherche clinique en l’absence de résultats éprouvés
Le CSEN, Conseil scientifique de l’éducation nationale vient de publier une note importante qui vient mettre à mal une diffusion incontrôlée de cette pratique dans les écoles française
Le CERN dépend du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse. Sa position est bienvenue, recadrant scientifiquement la pratique de la méditation de pleine conscience chez enfants pendant le temps scolaire à un moment où beaucoup de monde se bouscule aux portes des écoles pour diffuser ces pratiques. Si ces techniques qui relèvent du bien-être et du développement personnel, ont des utilisations scientifiquement prouvées aux résultats substantiels chez l’adulte et dans un cadre clinique donc contrôlé, ce n’est pas le cas chez l’enfant. Le danger est que la médiation de pleine conscience est utilisée par des mouvements sectaires et/ou des personnes non qualifiées.
Voici un point des constats et recommandations du CERN.
Qu’est-ce que la « méditation de pleine conscience » ou « mindfulness » ?
Il s’agit de pratiques consistant à contrôler son attention et à prendre conscience de l’expérience de l’instant présent sans être absorbé ou perdu dans ses pensées. « Elles cherchent à développer des compétences permettant d’avoir une attitude ouverte et curieuse vis-à-vis des émotions, sensations et pensées sans réagir ou les juger de manière impulsive et automatique » explique le CERN dans sa note.
Éprouvé dans un parcours de soins cliniques chez l’adulte uniquement
Pour évaluer une pratique de soins, il faut faire des études rigoureuses c’est-à-dire aux résultats exploitables. Le CERN propose une infographie des publications scientifiques disponibles en la matière, qui montre une dynamique croissante.
La méditation de pleine conscience peut faire partie d’un parcours de prise en charge de troubles psychologiques. Dans ce cadre, en milieu clinique c’est-à-dire dispensé par des professionnels de santé, pour des soins de psychothérapie, elle a démontré scientifiquement des bienfaits.
Chez l’enfant, il s’agit de séances collectives dans le cadre scolaire. Les études jusqu’ici ont pu montrer des effets positifs légers pour réduire l’anxiété et le stress. En revanche, pour les compétences cognitives comme la mémoire et l’attention ou encore les émotions, il n’y a pas de bonnes preuves d’efficacité à ce jour. Pas ou peu de bénéfice, contre-balancé il faut le dire, par peu de risques associés aussi. À condition, et c »est important, de parler des pratiques évaluées.
Il y a les pratiques… et les intervenants et leur environnement
Il ne faut jamais oublier ceux qui dispensent des soins. Car l’on peut bien mettre entre les mains d’excellents outils à quelqu’un, s’il ne sait pas les utiliser correctement, le résultat ne sera pas nécessairement là. On en revient là aux pratiques évaluées et non à ce que chaque intervenant pratique et il peut y avoir des différences. En effet, en l’absence de reconnaissance, formation et certification, n’importe qui peut se bombarder praticien de la médiation de pleine conscience et la pratiquer « à sa sauce ». Là, on est dans l’inconnu quant aux bénéfices, mais aussi aux risques. Et c’est là qu’il ne faut pas oublier que ces pratiques de pleine conscience sont utilisées par des mouvements religieux, spirituels et aussi sectaires. L’école peut ainsi être un lieu d’infiltrations idéal pour les mouvement à dérives sectaires.
Des intervenants individuels, des associations issues de mouvances variées se proposent pour des expérimentations de sessions de méditation de pleine conscience à l’école. Cela a même été supporté par des députés,
Recommandations
Si le CERN ne voit pas de « raison impérieuse » d’interdire la pleine conscience à l’école, elle se doit d’être strictement encadrée. Comme on l’a vu, dans le respect de protocoles validés, par des professionnels qualifiés et certifiés. Il recommande aussi de poursuivre la recherche scientifique et donc l’accumulation de données d’études.
La recommandation ultime qui en découle est de limiter ces pratiques de méditation de pleine conscience… aux études cliniques, qui imposent extrême rigueur méthodologique, un contrôle strict des activités et leur traçabilité, et l’autorisation pour chaque étude d’un Comité de protection des personnes (CPP) et des autorités sanitaires.
Pour aller plus loin…
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