Twitter Blue : l’abonnement offrant l’illusion du statut vérifié d’influenceur est lancé en France, via un marketing bien mené par Elon Musk
Il en coûtera 9,60 euros par mois ou 8,40 euros pour un engagement 12 mois. Les anti-Musk indignés vont-ils verser l’argent demandé par leur ennemi juré ?
Un onglet est apparu sur la barre latérale des twittos la semaine dernière, Elle ouvre sur fenêtre d’invitation à s’abonner à la plateforme :
Ils avaient promis en fanfare de quitter Twitter acquis par Elon Musk, libertarien qui s’épanche sans retenue sur son nouveau « joujou » concernant ses convictions politiques et penchants complotistes. Ils devaient tous migrer sur la plateforme Mastodon, livrant à grand renforts de posts leur adresse flambant neuve sur le réseau alternatif à Twitter. Certains l’on collée comme un étendard sur leur bio Twitter, d’autres ont fait leurs adieux à Twitter dans un post solennel.
Ils font pour la plupart partie de clans sectarisés, ceux des « pros » contre les « anti », à savoir les pro-science, pro-vax, mais aussi anti-complotistes et anti-ED (pour extrême-droite).
Et bien ils sont toujours là, sur Twitter. Le discours a évolué depuis que l’heure du choix est arrivée pour eux : partir la tête haute comme promis, ou contribuer financièrement à la machine qu’il dénoncent ? Il y a deux catégories d’indignés ici, et tout tourne en fait outour du macaron bleu, signe jusqu’ici de prestige sur la plateforme : ceux qui l’avaient, reconnus ainsi à l’époque comme « influenceur », selon des critères totalement nébuleux au final car à l’appréciation exclusive de Twitter. Ceux-là vont voir leur coche bleue fondue dans la masse des abonnés lambdas. Une rétrogradation de la distinction à peut-être bientôt, l’ordinaire.
Et puis il y a les « petits comptes » qui convoitaient ce rond bleu pour rejoindre les grands, acharnés travailleurs du like. Eux aussi vont se retrouver fondus dans la masse des abonnés.
Toute cette population de « twittos » ne décolère pas, refusant de comprendre que le code a changé.
Car le macaron bleu n’est plus un signe de notoriété, mais la marque d’un abonné payant au réseau social. Le déni est faramineux, à coup de « Regardez, ce désinformateur a maintenant une coche bleue, le public aveugle va le prendre pour un compte fiable ! »
Ce matin, le compte de veille des réseaux sociaux de l’association Citizen4Science réagissait.
Il y a aussi le discours qui annonce timidement la couleur (spoiler : Blue) l’air de ne pas y toucher, comme une obligation finalement morale. Pour lutter contre la politique de la chaise vide et continuer à pourfendre les ennemis (et ici nous ne remettons certainement pas en cause le bien-fondé), l’opposition à la « politique de la chaise vide » est mise en avancée :
Marketing mix, marketing anti-Musk
Et puis il y a des médias, comme Numerama, activement engagés dans la lutte anti-Musk anti-Twitter post-Musk : ils se sont positionnés très clairement contre l’abonnement Twitter pour le public et le déconseillent expressément: « Le meilleur moyen de perdre 10 euros » et « Économisez 9,60 euros », nous-conseille-t-on. La justification ? Les fonctionnalités proposées, comme la modification de tweets, n’est pas géniale ou balbutiante. Les articles s’enchaînement à cadence rapide comme « Elon Musk a détruit tout l’environnement Twitter« .
Pourtant, il semble que Numerama paye son abonnement Twitter, avec la coche Or réservée aux organisations et entreprises. Avec son conseil, Numerama ne favorise-t-il pas la main mise de Twitter par les entreprises commerciales au détriment des citoyens ? À réfléchir.
Le quotidien Le Monde quant à lui, dirige ses reproches sur le risque d’usurpation d’identité de personnalités. Pourtant, c’est un faux problème puisque – bis repetita – le nouveau badge bleu n’est plus marque de notoriété mais d’abonnement. D’autant que la modération sur l’usurpation d’identité a été la première action d’Elon Musk. L’association Citizen4Science l’a testée avec une usurpation de son compte réglée dans la même journée.
Ces campagnes hostiles au nouveau Twitter vont-elles aboutir ? À suivre.
Pour aller plus loin
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