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Obligation vaccinale Covid des soignants : des sociétés savantes s’opposent à l’assouplissement envisagé par la Haute autorité de santé (HAS)

La SPILF (Société de pathologie infectieuse de langue française) et la SFPT (Société française de pharmacologie et de thérapeutique) ont répondu à la consultation publique de la HAS

Nous avons déjà eu l’occasion de détailler les propositions de la Haute autorité de santé dans le sens d’une levée de l’obligation vaccinale pour différents vaccins obligatoires pour les professionnels de santé et soignants. Les avis de la HAS sont habituellement suivis par le gouvernement et cet avis ne sera définitif qu’après son analyse de la phase de consultation en cours des parties prenantes.

En résumé, la HAS envisage de lever l’obligation vaccinale des professionnels de santé concernant les vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l’hépatite B et le Covid-19, en lien avec les risques de contamination des soignants, la transmission aux patients, la gravité des pathologies.

Les avis de deux sociétés savantes importantes, la SPILF et la SFPT concernant la problématique de la vaccination ont été rendues publiques le 3 mars, et vont dans le sens d’une opposition à la levée des obligations vaccinales dont celle du Covid-19.

Position de Société de pathologie infectieuse de langue française (SFPILF)

La SPILF considère comme problématique d’envisager toute levée d’obligation vaccinale pour les soignants dans le contexte français actuel, tout d’abord par ce que la couverture vaccinale des soignants pour les vaccins non obligatoires est faible (grippe notamment), montrant que l’appel à la responsabilité individuelle semble insuffisant.

Ensuite, pour les vaccins obligatoires, la SPILF considère que cette mesure est bien acceptée par les professionnels de santé.

Vient ensuite l’argument de l’exemplarité vis-à-vis de la population générale.

Enfin, elle considère que « la levée de la plupart des obligations, même accompagné de considérations sur le fait qu’elle ne signifie pas la remise en cause de l’intérêt et de l’innocuité de la vaccination, sera interprétée au moins par une fraction de la population, comme un message négatif. »

La non obligation peut-être perçue comme un manque d’intérêt voire une inutilité, bref c’est une remise en cause de la pertinence des vaccins, argumente la SPILF.

Position de la Société française de Pharmacologie et de thérapeutique (SFPT)

La SFPT a publié son avis le 3 mars. Pour elle, toute levée de l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé relative aux vaccins DTP, hépatite B et Covid-19 est à proscrire. Si elle entend certains arguments épidémiologiques de la HAS relatifs à la faible incidence de ces pathologies et le risque potentiellement faible de contamination pendant le travail, la SFPT s’inquiète que la circulation du virus de la poliomyélite semble être en augmentation. Elle évoque à ce titre la présence du virus dans les eaux usées de Londres et l’augmentation des cas aux États-Unis et en Israël.

La SFPT pense qu’il faut néanmoins aller au-delà de ces considérations épidémiologiques.
Elle évoque ainsi « l’exemplarité afin de lutter contre les mouvements anti-vaccins qui, en France, ont pris le pas sur la juste nécessité de développer la prévention. » 
Pour le DTP par exemple, lever l’obligation vaccinale des soignants alors que cette obligation a été introduite pour la population générale paraît « paradoxale ». La société savante propose même d’envisager l’obligation vaccinale des soignants en contact avec des nouveau-nés et nourrissons pour la coqueluche, car il n’existe pas de vaccin monovalent pour elle et qu’on peut l’administrer grâce à un vaccin tétravalent DTCP plutôt que le DTP.

Pour l’hépatite B, le risque est « réel et grave », faisant que la levée de l’obligation vaccinale ne se pose pas, vu le risque de se contaminer pour les soignants et le risque de transmission, avec à la clé des « conséquences potentiellement dévastatrices« . La SFTP pointe dans ce cadre l’excellent rapport bénéfice-risque des vaccins.

Pour le vaccin contre le Covid : rapport bénéfice-risque favorable, prévention des formes graves, contribution à la réduction de la transmission (malgré les débats à ce sujet) font selon la SFTP qu’il n’y a pas lieu de lever l’obligation vaccinale.
La SFPT évoque aussi le risque lié aux soignants suspendus : elle considère que sur le plan éthique, la levée d’obligation aurait pour conséquence la demande de réintégration des soignants suspendus « qui, pour la plupart, ont renié les éléments scientifiques fondant la médecine d’aujourd’hui et dont la pertinence de la reprise d’activité est plus que discutable. »

Pour la grippe, la SFPT propose d’envisager l’obligation vaccinale en parallèle de la vaccination annuelle contre le Covid-19, car le vaccin anti-grippal diminue la transmission virale et donc diminue le risque de grippe chez les patients fragiles.

Enfin, la SFPT voit un impact de la décision de la HAS au-delà des professionnels de santé sur le succès de campagnes futures de vaccination par exemple celle contre le papillomavirus (HPV) auprès des adolescents. Elle considère que le caractère exemplaire des professionnels de santé qui se vaccinent est important pour lever les doutes sur l’intérêt de la vaccination et a donc un impact sur la santé publique et la prévention.

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