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Comment prévenir le suicide chez un proche ?

par David Masson, psychiatre, responsable de département, Nancy.

Note de la rédaction sur une idée reçue : les idées suicidaires, cela se prend en charge exclusivement par des professionnels de santé. L’un d’eux vous explique que non, et pourquoi cela peut sauver des vies d’en prendre conscience et d’agir Les proches peuvent agir et c’est clé. Guide très pratique

Partagez le plus possible cet article concret, accessible et construit pour vous tous sur le thème essentiel de santé publique qu’est le suicide !

Plus de 9000 décès et 200 000 tentatives de suicide par an en France, 2eme cause de mortalité des 15-24 ans et fléau chez les plus de 75 ans.
Ces chiffres, terribles, montrent l’ampleur du phénomène et la nécessité de sa prévention.

Vous allez peut-être me dire que le suicide, on ne peut rien y faire, que c’est un choix personnel, imprévisible ou que seuls les professionnels peuvent faire quelque chose. Sachez que c’est faux, le taux a diminué de près de 33,5% entre 2000 et 2016. On peut tous contribuer.

À savoir: le suicide est le résultat d’un processus :

  • vulnérabilité préalable
  • déséquilibre psychique avec perte de capacité à faire face
  • puis crise : la mort comme seule solution à la souffrance sans alternative visible
  • les personnes cherchent en fait à arrêter de souffrir

Comment reconnaître les propos qui alertent sur l’existence d’idées suicidaires chez un proche ?

  • évasifs (« tu as mieux à faire que s’occuper de moi »)
  • allusifs (« j’en ai assez de me battre »)
  • explicites (« la mort est sans doute la solution ») 

    À ne jamais banaliser !

Plus forts encore :

Quels sont les signes alertant immédiatement d’un risque de suicide ?

  • propos inquiétants
  • fait son testament, donne ses effets personnels
  • acquisition de moyens létaux
  • fait ses adieux

1ère étape devant des idées suicidaires, ouvrez la discussion

  • choisir un cadre agréable
  • dire ce que vous avez observé, sans juger ni culpabiliser (« j’ai l’impression que tu vas mal depuis quelques temps, veux-tu qu’on en parle? Est-ce que tu vis des choses difficiles ? »)

2e étape, posez des questions ouvertes et écoutez ses réponses

  • S’intéresser sincèrement à sa situation : « Je m’inquiète pour toi. Qu’est ce qui se passe ? »
  • Reconnaitre ses émotions
  • Faire savoir explicitement que vous êtes là pour lui/elle
  • Demander s’il/elle pense au suicide

Les phrases à éviter

  • La vie est trop courte, pense à tes enfants, à ta famille
  • Tu as tellement de raisons de vivre
  • Va te balader ça fait toujours du bien
  • Je te promets de garder le secret (car impossible à tenir si besoin d’aide)

Si la personne envisage le suicide

  • Demandez de l’aide et ne pas gérer seul : rechercher de l’aide professionnelle (appel 3114)
  • Si imminence, RESTEZ avec la personne et appelez le 3114, ou le 15
  • Évitez l’accès à des moyens létaux

Et n’oubliez pas : prenez soin de vous !

  • Respectez vos limites
  • Ne faites pas de promesses intenables
  • Offrez-vous des moments de repos
  • Cherchez du soutien dans l’entourage


Votre aide peut tout changer, mais elle peut aussi avoir un impact sur vous (fatigue, peur, épuisement). Vous pouvez avoir besoin de parler de ce qui s’est passé. Si vous en ressentez le besoin, l’appel au 3114, c’est aussi pour les proches accompagnants.

Avec le temps et un accompagnement adapté (famille, amis, soins…), la souffrance va s’apaiser et les pensées suicidaires vont disparaître. Elles vont laisser la place à un nouvel équilibre.

En conclusion, la prévention du suicide chez un proche, c’est :

  • apprendre à repérer
  • ouvrir la discussion
  • accompagner et se faire aider notamment avec le 3114

Demander à quelqu’un s’il pense suicide ne lui donnera pas l’envie de le faire.
C’est au contraire une étape clé.

Et parce qu’il peut être difficile d’entendre la réponse, gardez ce numéro en tête :3114
Et surtout, diffusez cet article.
Il peut sauver des vies.

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