La Cour de cassation anticipe l’ère de l’IA judiciaire avec éthique
La Cour de cassation anticipe l’ère de l’IA judiciaire avec éthique
Le 29 avril 2025 est paru le rapport « Cour de cassation et intelligence artificielle : préparer la Cour de demain », un rapport proposant une intégration méthodique et éthique de l’intelligence artificielle (IA) dans la justice. Issu d’un groupe de travail, ce document offre 15 recommandations pour moderniser les pratiques judiciaires tout en préservant l’indépendance et les droits fondamentaux. En anticipant le potentiel de l’IA, la Cour pose les bases d’un “tribunal augmenté” responsable.
Nous avons consulté les 60 pages de ce rapport élaboré par un groupe de travail présidé par François Ancel, conseiller à la Cour,. Le document propose une vision pour la justice de demain, une approche “méthodologique, éthique et pragmatique” pour intégrer l’IA dans les pratiques judiciaires, selon le communiqué officiel. Structuré en trois parties : usages actuels, conditions d’adoption, perspectives, il s’appuie sur l’expérience de la Cour pour anticiper une transformation technologique majeure tout en garantissant l’équité et la transparence
La fin de l’hyper-consommation et ses conséquences
Jancovici souligne que l’hyper-consommation, alimentée par les énergies fossiles (80 % de l’énergie mondiale), n’est plus viable face aux contraintes géologiques et climatiques. Dans son post LinkedIn, il lie la décroissance énergétique subie à la montée des populismes, expliquant que l’incompréhension de cette dynamique fragilise les démocraties. La description officielle de l’épisode ajoute que ces pressions économiques (inflation énergétique), politiques (tensions géopolitiques), et environnementales (réchauffement, perte de biodiversité) imposent un changement culturel pour éviter une rupture brutale.
L’IA au service des magistrats
Le rapport détaille les applications actuelles de l’IA à la Cour, notamment l’outil DataJust, qui utilise le traitement automatique du langage naturel (TALN) pour analyser les jurisprudences, et des logiciels de retranscription pour convertir les audiences en texte. Ces technologies accélèrent les tâches administratives, comme la recherche documentaire ou la rédaction de synthèses, tout en restant sous contrôle humain. Le rapport souligne que ces outils, déployés depuis plusieurs années, ne prennent aucune décision judiciaire, réservée aux magistrats. Cette expérience pratique, note le document, ancre les recommandations dans une réalité opérationnelle.
Éthique intransigeante
L’éthique domine les 15 recommandations du rapport. Il exige une “supervision humaine systématique” pour tout usage de l’IA afin d’éviter les biais algorithmiques et de préserver l’indépendance judiciaire. La transparence est une priorité : les outils doivent être explicables, et leur utilisation doit être communiquée aux justiciables. Le rapport insiste sur la conformité avec la loi européenne sur l’IA (2024), qui classe les systèmes judiciaires d’IA comme “à haut risque”, imposant des normes strictes de sécurité et de protection des données. Cette rigueur éthique vise à maintenir la confiance dans la justice.
Gouvernance dédiée à l’IA
Pour piloter l’adoption de l’IA, le rapport propose une gouvernance interne réunissant magistrats, experts en IA, et juristes. Cette structure superviserait la sélection, le développement, et l’intégration des outils, privilégiant des solutions souveraines hébergées sur des infrastructures sécurisées comme SecNumCloud, un label de confiance via un visa de sécurité de l’ANSSI. Des partenariats avec des institutions publiques, telles que l’Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’IA, sont recommandés pour réduire la dépendance aux fournisseurs privés. Cette approche, qualifiée de “pragmatique” dans le communiqué, garantit la maîtrise technologique et la confidentialité des données.
Former pour maîtriser l’IA
Le rapport consacre plusieurs recommandations à la formation des magistrats et greffiers, intégrée à l’École nationale de la magistrature (ENM). Ces programmes couvriront les bases techniques de l’IA, ses limites (biais, opacité), et ses implications éthiques, afin de démystifier la technologie et d’outiller les professionnels. Le rapport cite le logiciel Albert, utilisé par le ministère de la Justice, comme un exemple de formation réussie.
Vers un “tribunal augmenté”
Le rapport esquisse un “tribunal augmenté”, où l’IA amplifie les capacités humaines sans remplacer le jugement. Les applications incluent l’analyse prédictive des tendances jurisprudentielles, l’automatisation des tâches répétitives (rédaction de projets simples), et des chatbots juridiques pour faciliter l’accès à la justice. Le rapport fixe des limites claires : l’IA ne rendra jamais de décisions judiciaires, et son usage restera facultatif. Cette vision est décrite par la Cour de cassation comme une “révolution maîtrisée”.
Une démarche à saluer face aux défis de l’IA
Ce rapport mérite des félicitations pour son anticipation visionnaire. L’IA, clé dans tous les domaines offre un potentiel colossal pour la justice, en accélérant les processus et en améliorant l’accès au droit. En apprivoisant cette technologie, la Cour de cassation démontre une volonté de moderniser sans sacrifier l’éthique. Cependant, comme dans d’autres métiers, certains professionnels de la justice pourraient craindre d’être remplacés par l’IA, une résistance naturelle face à l’inconnu. Le rapport répond à ces inquiétudes en interdisant à l’IA de prendre des décisions judiciaires, mais il alerte aussi sur des dangers spécifiques : les biais algorithmiques, qui peuvent reproduire des inégalités risquant de porter atteinte aux droits fondamentaux ; l’opacité des algorithmes, qui menace la transparence ; la dépendance technologique, qui pourrait compromettre l’indépendance ; et les risques pour la vie privée, liés au traitement des données sensibles. Pour contrer ces menaces, il recommande des audits réguliers, une conformité à la loi européenne sur l’IA, et une formation rigoureuse, garantissant que l’IA reste un outil au service des juges.
Un jalon pour la justice moderne
En conclusion, le rapport de la Cour de cassation pose les fondations d’une justice modernisée où l’IA amplifie l’efficacité tout en respectant l’équité. Ses recommandations fondées sur l’éthique, la gouvernance et la formation équilibrent innovation et responsabilité, offrant une feuille de route pour le tribunal augmenté.. Ce document invite à un débat public sur l’avenir de la justice à l’ère de l’IA, est consultable en ligne.
Image d’en-tête : Andrea pour Science infused
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