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Le « complotisme vitamine D et Covid » de retour à l’occasion de la publication d’une étude du CHU d’Angers

Nous a-t-on caché que la vitamine D prévient le Covid ? des internautes l’affirment en brandissant cette étude. Pourtant, aucun résultat surprise.

Dans la tête des complotistes, c’est blanc ou c’est noir, « ça marche » ou « ça marche pas ». La vie, la science, c’est beaucoup plus complexe et surtout, cela nécessite de la rigueur et de la nuance qui ne s’accomodent guère de telles visions simplistes. À ce titre, nous relevons cette petite polémique de réseau social – sans importance – mais qui illustre bien le problème.

Ce n’est pas la première que nous évoquons la vitamine D, comme soi-disant panacée, par exemple pour les fractures.

Le complot

La théorie du complot « vitamine D et Covid » en début de pandémie était que la vitamine D prévenait le Covid, c’est-à-dire empêchait de l’attraper, à bon prix avec un produit banal. Evidemment, cela déjouait les plans de Bigpharma de développer des vaccins et médicaments horriblement coûteux avec la complicité des autorités.

L’étude du CHU d’Angers à l’appui

Elle a été publiée le 31 mai dans PLOS Medicine et s’appelle COVIT-TRIAL, a afait l’objet d’un communiqué du CHU Angers, et a été initialement relayée par Ouest-France. Comme son nom peut le laisser deviner, il s’agit d’un essai ou la VITamine est administré comme adjuvant d’un traitement « CO » pour administré « avec ».

Il s’agit d’un essai randomisé de supériorité entre deux dosages de vitamine D administrée de façon précoce (dans les 72 heures du diagnostic) à des patients âgés de > 65 ans atteints de COVID.
On remarque déjà que la notion de prévention est exclue ici, les participants sont des malades du Covid.

Les auteurs le précisent bien, d’ailleurs :


On remarque aussi que l’on compare des résultats auprès de malades traités prenant TOUS de la vitamine D. Le résultat compare la variation de critères cliniques de patients ayant reçu 2 doses différentes de vitamine D dans le cadre de leur prise en charge.

Plus précisément, on regarde les taux de mortalité comparativement dans les 2 groupes de PATIENTS âgés atteints de Covid selon qu’ils ont reçu la dose standard de vitamine D ou une haute dose de cette dernière, et voici les résultats :

A noter que :

  • le groupe des patients à dose « faible » de vitamine D est en moyenne plus âgé que le groupe « haute dose », ce qui introduit un biais en faveur de ce dernier groupe
  • que le bénéfice dans le groupe à haute dose est à J14 soit au 14e jour de l’administration en tout début d’infection. À J28, il n’y a plus de différence de mortalité entre les 2 groupes.
    (Les auteurs s’interrogent d’ailleurs dans la discussion de leur publication sur la possibilité de réadministrer une dose après la première.)

Dans son communiqué de presse du 1er juin, le CHU d’Angers titre :

On ne peut que regretter un titre incomplet. Il aurait fallu compléter « par rapport à une dose standard de vitamine D »

L’Académie nationale de médecine a recommandé la supplémentation en vitamine D chez les patients de plus de 60 ans atteints de Covid en mai 2020

Rien de neuf sous le soleil concernant la prise de vitamine D, non pas en traitement préventif, ni en traitement curatif, comme adjuvant de supplémentation pour éviter une carence.

À ce titre, on peut lire dans le communiqué rappelé ci-dessous par Citizen4Science que l’Académie précise bien qu’il ne s’agit ni de traitement préventif ni de traitement curatif du Covid.

Par exemple, si une personne à un régime déséquilibré pouvant entraîner diverses carences, et qu’on lui demande d’équilibrer son régime pour palier à ces éventuelles carences, cela lui permettra de mieux « passer l’hiver » du Covid, ça ne fait pas d’une alimentation équilibrée un traitement du Covid, n’est-ce pas ?

[Expertise revendiquée de la Rédaction : pharmacie, recherche clinique]

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