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Monkeypox : dans quelle mesure peut-il évoluer pour s’adapter à ses nouveaux hôtes ?

par Connor Bamford, Research Fellow, Virology, Queen’s Universitu Belfast

Le monkeypox ne mute peut-être pas aussi rapidement que les coronavirus, mais cela ne signifie pas qu’il ne peut pas s’adapter à ses nouveaux hôtes

Le monkeypox ne mute peut-être pas aussi rapidement que les coronavirus, mais cela ne signifie pas qu’il ne peut pas s’adapter à ses nouveaux hôtes

La récente épidémie de virus de la variole du singe a remis en question la capacité de ces virus à ADN de grande taille à évoluer, à s’adapter et modifier leur biologie.

Si on le compare aux virus à ARN de petite taille tels que le coronavirus, on considère que le virus monkeypox et les autres virus à grand ADN évoluent lentement. Pourtant, il existe des preuves évidentes que cela n’est pas un obstacle pour ces virus. En fait, ils peuvent s’adapter à de nouveaux environnements comme nous.

Bien que la plupart des infections restent bénignes, le monkeypox peut être une maladie grave, potentiellement mortelle, entraînant une septicémie, une encéphalite (inflammation du cerveau) et la cécité. Les symptômes les plus courants sont des éruptions et des lésions cutanées, ainsi que des symptômes pseudo-grippaux et un gonflement des ganglions lymphatiques.

Nombre cumulé de cas de monkeypox dans l’épidémie actuelle

Cas confirmés cumulés, par date de confirmation

Le virus monkeypox infecte naturellement les rongeurs sauvages tels que les écureuils et les rats, en Afrique occidentale et centrale, mais il peut se transmettre à l’homme et à d’autres animaux. Cependant, une fois qu’il est passé chez l’homme, il ne peut maintenir la transmission et les épidémies finissent par s’éteindre. Cela est probablement dû au fait que le monkeypox ne s’est pas adaptée à son nouvel environnement, l’homme, car il est peu probable que les rongeurs sauvages soient contaminés par des humains infectés.

Le monkeypox est étroitement liée aux virus qui ont causé la variole (virus de la variole) et au virus que nous utilisons pour vacciner et éradiquer la variole (virus de la vaccine). Ce groupe de virus, appelé poxvirus, est une sorte de grand virus à ADN, ce qui signifie que leur génome est composé d’une molécule appelé ADN, comme notre génome. (Le coronavirus et les virus apparentés utilisent une molécule cousine appelée ARN).

Les autres virus à ADN sont les grands virus à ADN que sont les adénovirus et les herpèsvirus, mais aussi de petits virus comme les papillomavirus et les parvovirus. Les génomes viraux, composés d’ADN ou d’ARN, contiennent essentiellement les instructions nécessaires pour fabriquer de nouveaux virus, nous infecter et provoquer des maladies. Toute modification de ces instructions peut changer la biologie du virus.

Comme nous l’avons vu avec le SARS-CoV-2 et ses variants, les virus peuvent modifier leur comportement en termes de propagation, de sévérité de la maladie et de sensibilité aux vaccins. Cela est dû aux changements qui s’accumulent dans le génome du virus. La réplication d’un virus génère une diversité dans son génome, sur laquelle peuvent agir des forces évolutives telles que la sélection naturelle, pour augmenter la fréquence et peut-être même supplanter les anciennes versions.

Des changements évolutifs peuvent se produire lorsque le virus rencontre un nouvel environnement auquel il n’est pas totalement adapté. Bien que tous les virus puissent évoluer rapidement en raison de la taille de leur population et de la rapidité de leur génération, les virus à ARN sont considérés comme les maîtres de l’évolution, car ils présentent des taux de mutation élevés en raison de leur petite taille et sont souvent dépourvus de capacité de correction des erreurs, ce qui signifie que davantage de mutations se produisent à chaque réplication.

Les poxvirus présentent certaines caractéristiques qui les rendent plus généralistes, notamment des particules infectieuses stables, ce qui leur donne plus de chances d’infecter. Ils utilisent des molécules très communes sur vos cellules pour entrer et infecter, contrairement au SARS-CoV-2 qui a besoin de la protéine spécifique ACE2 pour entrer dans nos cellules.

Les grands virus à ADN tels que le monkeypox contiennent également de nombreux gènes qui ciblent et manipulent différentes parties du système immunitaire.

Marge de progression

Cependant, il est évident que des améliorations peuvent être apportées, car, chez l’homme, la transmission du monkeypox est relativement inefficace, avec de longues périodes d’incubation.

En général, les grands virus à ADN comme celui du monkeypox ne sont pas différents des autres virus, et leur capacité à muter est à la base de notre capacité à suivre et à retracer les épidémies de monkeypox. Ils font des erreurs et les erreurs s’accumulent, ce qui peut servir de carburant pour l’évolution et les changements biologiques. La récente épidémie de monkeypox a même montré que la cellule hôte modifie directement le génome du virus.

Des études portant sur des poxvirus apparentés, comme le virus de la vaccine, ont même permis de découvrir de nouvelles astuces à leur disposition, notamment l’amplification rapide du nombre de gènes qu’ils utilisent pour attaquer notre système immunitaire. Ils pourraient même emprunter certains de nos propres gènes pour les aider à nous infecter.

Nous ne pouvons pas prédire la trajectoire que prendra l’évolution du monkeypox nous devons donc prendre au sérieux la menace que représente l’adaptation de ce virus à ses nouveaux hôtes (les humains). Et nous devons utiliser tous les outils de santé publique à notre disposition pour stopper l’épidémie actuelle dans tous les pays – y compris ceux où elle est endémique.

ndlr : l’OMS ne fait plus la distinction entre les pays endémiques et kes autres dans l’épidémie actuelle

Texte traduit par la Rédaction – paru initialement en anglais dans The Conversation

Photo en-tête : Parapoxvirus (souce Wikipédia)

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