Twitter Blue : Don’t Look Up attitude face à la « catastrophe » annoncée du retrait des coches bleues gratuites
Le 20 avril, comme prévu, Elon Musk a retiré les badges bleus acquis autrefois au seul titre de la notoriété sur le réseau social dans un processus annoncé fin 2022. Certains sont tombés de haut, dans une forme de déni
Lors de son acquisition de la plateforme Twitter en octobre dernier, le milliardaire Elon Musk a fait part de deux initiatives menées tambour battant : la lutte contre l’usurpation de compte, renforçant drastiquement la modération à ce titre pour permettre le traitement expéditif des comptes se faisant passer pour d’autres, ou pouvant le faire croire, y compris sous forme de comptes pseudo-parodiques.
Puis rapidement, il a annoncé son intention de mettre fin au système de certification des comptes par badge bleu, rappelant qu’il était basé sur des critères non nécessairement objectifs et surtout non transparents pour le public. Il reprochait également au système de certification de créer un groupe d’élus face aux « gueux », système renforcé par l’algorithme : favoriser les comptes à forte notoriété ne fait que renforcer la fracture entre les « Blue », et les autres.
Evidemment, tout cela n’était pas dénué d’intérêt financier puisqu’il s’est rapidement s’agit de proposer à la place un abonnement payant avec comme signe distinctif… le fameux badge bleu.
Ne l’oublions pas : Twitter n’est pas un service public financé par nos impôts ou autres subventions d’État. S’il est ouvert au public, en faisant une place publique d’échanges, l’opérateur est privé et on connaît ses difficultés financières. Le plan d’Elon Musk est donc simple : faire participer les usagers Twitter, sans obligation pour autant, mais avec des avantages qui vont au-delà de la reconnaissance honorifique (enfin ses relents, puisqu’aujourd’hui le badge ne certifie rien d’autre qu’un abonnement payant), comme la possibilité de corriger ses tweets, d’en faire de plus longs, d
Un plan par étapes de retrait des badges bleus gratuits annoncé en décembre 2022
Tout a été donc été concocté très vite, mais en toute transparence, on ne peut le nier, qu’on adhère ou pas au nouveau système : les badges distinguent les comptes payants présents à titre personnel (bleu), les personnes morales (sociétés commerciales, organisations à but non lucratif,..) (or) qui doivent toutes payer aussi.
Particularité de catégorie non payante : les membres des gouvernements ont un badge gris.
Pour arriver à cela, nous avons eu au cours des 4 mois passés de multiples étapes, décrites et annoncées :
- l’ouverture de souscription payante, déployées progressivement selon les pays
- la modification du descriptif du badge bleu, pendant la période de cohabitation des badges bleu « gratuits » et des badges bleus payants
- Une campagne publicitaire auprès des badges bleus gratuits pour leur rappeler la disparition prochaine de leur insigne honorifique en leur proposant vivement de souscrire à l’abonnement.
- L’annonce de la disparition définitive des badges bleus gratuits le 1er avril
- Le report de cette disparition définitive au 20 avril.
Déni de réalité ?
Si dans le film à succès « Don’t Look Up » de Netflix avec Leonardo di Caprio et Jennifer Lawrence, des scientifiques se heurtaient à l’incrédulité des de la population quant à la collision prochaine d’une comète apte à provoquer la destruction de la Terre, ici on observe un comportement assez similaire des anti-Musk avec le projet de badges Twitter.
Car comme les étages de la fusée Space X, le décollage du projet a bien eu lieu, ainsi que la séparation des étages de la fusée selon les étapes annoncées ci-dessus, sans avaries à part un petit retard sur la dernière étape. Ces étapes réalisées, visibles, ont bien été vues et perçues par les « twittos », qui ont largement commenté les événements. Pour les « anti-Musk » : des menaces de départ du réseau social, des appels véhéments à ne pas payer en s’abonnant, des cris d’orfraie quand les badges gratuits honorifiques ont cohabité quelques semaines avec les badges payants, des moqueries quand les appels aux « honorifiques » à s’abonner ont été envoyés.
Ce qui devait arriver est arrivé le 20 avril. Ce qui aurait dû être un non événement a pourtant fait un tollé avec nouveau concert d’indignations : les titulaires de badges honorifiques ont vu leur coche bleue supprimée ! À croire qu’il n’y croyaient pas vraiment.
De la même façon, beaucoup de critiques « jouaient » sur le fait que n’importe qui pouvait être certifié alors que justement, l’on sait bien que la certification n’existe tout simplement plus aujourd’hui.
Quelques réactions sur Twitter au fil des réactions du compte de veille de l’association Citizen4Science qui a inspire cet article :
Matt Pokora, chanteur : « Ah ouais ils nous ont vraiment retiré la coche bleue les crevards. Après 13 ans de bons et loyaux services à aider à populariser le réseau social…. quelle classe. »
Peu après, le chanteur trouvait la parade absolue en remplaçant sa photo de profil par un élégant badge bleu.
Tristan Mendès France a passé une bonne partie de la journée, suite à la perte de son badge bleue, à critiquer le nouveau système, considérant que désormais n’importe qui est « certifié », et en particulier les entités qu’il combat dans sa lutte contre le complotisme
Salomé Saqué, journaliste, qui s’était battue l’an dernier pour obtenir le badge honorifique, était particulièrement « remontée » contre la perte de son badge : « C’est officiel : ceux qui disposent de la certification sont seulement ceux qui versent de l’argent à Twitter chaque mois. »
À lire le court échange avec une internaute qui a suivi le post ci-dessus du compte de veille de Citizen4Science et a permis le « script » du présent article.
La « Dont’ Look Up attitude », la confusion opportuniste entre certification et abonnement, l’indignation sur base d’incrédulité sont les ingrédients qui en ressortent.
Enfin, le très médiatique philosophe Raphaël Einthoven confie être pris au dépourvu suite au « crash » de la perte du badge honorifique : « Depuis ce matin, je me sens tellement idiot d’avoir, dans un élan stupide, payé mon badge. j’ai l’impression de m’être trompé de porte, et d’être arrivé, tout seul, chez mes pires ennemis tandis que mes potes font la fête dans la rue. On se désabonne comment ? »
Pour aller plus loin
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