‘Furie’ au théâtre de Belleville
Au tout début, seule sur scène, c’est elle, Leonor Oberson, qui vient nous raconter comment et pourquoi elle en est venue à concevoir, écrire, mettre en scène et interpréter ce spectacle : la révélation de la Formule 1 grâce à un documentaire Netflix, la découverte extasiée de cet univers où l’être humain est confronté à la monstruosité intimidante de la machine et à ses propres limites, de quelle façon il subit, cet être humain, à 350 kilomètres heure dans les lignes droites, une poussée équivalente à six fois la gravité, et comment, de cet univers de la F1, les femmes sont quasiment exclues puisqu’il n’y eut, dans toute l’histoire de la compétition automobile, que deux femmes à prendre le départ d’un grand prix, dont la dernière en 1976.
Au tout début, c’est elle, grande silhouette longiligne et sportive aux cheveux coupés très courts, et puis, petit à petit, comme le coureur enfile sa combinaison, ou comme le toréador se pare de son habit de lumière, elle se glisse dans la peau d’une championne automobile de fiction, Hélène Chatterton, surnommée Furie, à cause de son caractère sur la piste et de ses coups de gueule, coups d’humeur, dans les médias. Elle ne va pas tarder, Hélène Chatterton, à monter dans sa Ferrari ; il ne lui reste que douze petites heures avant de prendre le départ du grand prix. Alors, elle patiente, elle parle, elle consulte son coach, elle revoit son coéquipier qu’elle n’aime pas, elle assiste au cocktail des sponsors, elle est interviewée. Elle éprouve, et c’est évidemment logique et inévitable, le doute, l’envie, la peur ; elle a envie de fuir, et elle fuit, un peu, un temps.
Au sol est dessiné le damier du fameux drapeau officiel, mais, tout aussi bien, ce pourrait être le plateau d’un échiquier, puisqu’au final, elle joue, Hélène Chatterton, elle joue avec sa vie, avec les autres, avec la mécanique, avec la vitesse, avec la mort. Les heures et les minutes s’égrènent au fur et à mesure de ce suspense oppressant d’une femme qui attend la course, qui attend le triomphe, ou qui attend sa fin.
Leonor Oberson ne ménage ni sa belle énergie ni son très grand talent pour nous faire vivre ce monde fascinant de fureur et de bruit, à priori hostile aux femmes, hostile aux sentiments, hostile aux remords. Leonor Oberson danse la vie d’Hélène Chatterton tout en dessinant habilement, d’un mouvement d’épaule, d’un déhanchement du corps ou bien à l’aide d’un objet, micro ou maquette de voiture, tous les autres personnages : Pierre le coéquipier, Max le coach, la journaliste, un fan, un inconnu, le fantôme d’Erton Senna. Elle parvient à happer l’attention du spectateur et à nous faire partager sa passion dévorante pour un univers si étonnant, celui de la formule 1.
De et avec Leonor Oberson
Mise en scène Alexis Gilot et Leonor Oberson
Collaboration artistique Clémence Coullon
Dramaturgie Alexis Gilot
Création lumière Pacôme Boisselier
Technicien lumière Alexandre Mange
Création sonore Timothée Sarran, Oscar Lesage
Création costume Noe Mammin & Tommy Capiaux
Création vidéo Nicholas Bochatay
Intentions chorégraphiques Lilou Magalie Robert
Photographe Fanny Cortade
Lun. 21h15, Mar. 19h15, Dim. 17h
Théâtre de Belleville, 16 passage Piver, 75011 Paris
Photo : Leonor Oberson, par Fanny Cortade copyright
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