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Sommet pour l’IA : les médias d’information français alertent sur les trois conditions nécessaires à la préservation d’une information fiable

Paris, le mercredi 5 février 2025

À l’occasion du Sommet international pour l’action sur l’intelligence artificielle des 10 et 11 février 2025, l’Alliance de la presse d’information générale, la FNPS, le Geste, le SEPM et le Spiil signent une tribune commune formulant trois conditions pour préserver une information fiable à l’heure de l’intelligence artificielle générative.

L’Alliance de la presse d’information générale, la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée (FNPS), le Groupement des éditeurs de contenus
et services en ligne (Geste), le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) et le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil)
représentent les intérêts de près de 1000 éditeurs de médias d’information français et plus de 3000 titres qui emploient plus de 25 000 journalistes. Dans le
cadre du sommet international pour l’action sur l’IA, nos organisations souhaitent rappeler que la fiabilité et la richesse de l’IA générative ne peut se construire sans les médias, dont le pluralisme, inscrit dans la constitution, est l’un des socles de la démocratie.

Nous appelons donc les pouvoirs publics à garantir une nécessaire coopération entre les opérateurs d’IA générative et les médias. Trois conditions sont
absolument nécessaires pour assurer l’avenir du journalisme et garantir la fiabilité de l’information à l’heure de l’IA générative : la fin du pillage en respectant
le choix des producteurs d’information de mettre leurs contenus à disposition comme données d’entraînement, la traçabilité des sources d’information et
l’indispensable rémunération des éditeurs de presse pour l’exploitation de leurs contenus.

Tribune : Trois conditions pour garantir la fiabilité de l’information et préserver la démocratie à l’heure de l’IA générative

Les services d’intelligence artificielle générative s’imposent à une vitesse fulgurante dans la recherche d’informations, répondant de plus en plus
directement aux usagers, sans renvoyer à la source. Ce faisant, ils se substituent aux médias, mais sans leur cadre déontologique.

Pour délivrer une information fiable, l’IA générative doit pourtant disposer de sources qui le sont. Ce travail de recherche, de vérification et de
contextualisation, ce sont les médias d’information, dans toute leur diversité et leur pluralisme, qui le réalisent quotidiennement, grâce à des
journalistes professionnels qui respectent un cadre déontologique. Dès lors, la fiabilité et la richesse de l’IA générative en matière d’information ne
peut se construire sans les médias, dont le pluralisme, inscrit dans la constitution, est l’un des socles de la démocratie.

À l’occasion du Sommet de l’IA, nous, organisations de médias d’information qui employons plus de 25 000 journalistes, appelons donc les
pouvoirs publics à imposer un dialogue structuré entre les opérateurs d’IA générative et les médias. Nous posons trois conditions pour établir une
coopération garante d’une IA générative performante et fiable respectant les producteurs d’information dans leur diversité et leur pluralisme.

Respecter le choix des éditeurs et mettre fin au pillage


La première condition est le respect du choix des producteurs d’information d’alimenter ou non l’intelligence artificielle. Nombreux sont
les acteurs qui ont exprimé, comme le permet la loi, leur opposition aux opérations de fouille de textes et de données à des fins d’entraînement des
modèles. Pourtant, les robots « crawlers » font régulièrement fi de cette opposition. Ces violations systématiques de la propriété intellectuelle des
éditeurs et des journalistes doivent cesser. À cette fin, nous proposons de substituer au système actuel d’opposition volontaire (opt-out) des
éditeurs, qui n’est pas respecté, un système d’autorisation préalable expresse (opt-in).

Ce choix permettra de revenir à une application normale du droit de la propriété intellectuelle protégé par de nombreux traités internationaux.

Garantir la traçabilité des sources d’information

La seconde condition est d’assurer la transparence des sources de l’information. Les usagers doivent pouvoir identifier les producteurs
originaux de l’information pour s’assurer de sa fiabilité et approfondir leur connaissance du sujet. De même, les médias doivent être informés de la
reprise de leurs contenus afin de pouvoir en exiger les contreparties financières, comme cela s’est toujours pratiqué.

S’acquitter des droits d’exploitation des contenus

La rémunération des ayants droit, pour utiliser leur contenu, constitue, en effet, la troisième condition d’une coopération, dans le cadre d’un marché
de licences fondé sur leurs droits de propriété intellectuelle. L’exploitation sans contrepartie des contenus produits par les médias d’information, qui
constitue une captation unilatérale de leur valeur, menace leur modèle économique. Un tel scénario conduira rapidement à l’extinction des
ressources indispensables à l’alimentation d’une IA générative fiable.

L’instauration d’un schéma de rémunération est rendue d’autant plus impérieuse que les services d’IA générative pourraient ne plus renvoyer
vers les sites des éditeurs de presse, contrairement aux moteurs de recherche classiques. Il en résultera une chute du trafic des médias
d’information qui obérera leurs revenus publicitaires de manière drastique Le risque, à terme, est la substitution de la presse par les IA.

Ces trois mesures sont les conditions minimum pour garantir des services d’IA générative fiable et le pluralisme de la presse nécessaire à la
démocratie. Alors que l’IA permet le meilleur et le pire, comme la désinformation, s’appuyer sur une presse robuste produisant une
information sourcée, vérifiée, contextualisée, grâce à des journalistes respectant un strict cadre déontologique, n’est pas une option.

Nous demandons donc aux pouvoirs publics d’être les garants de cette juste coopération, et appelons de nouveau les opérateurs d’intelligence
artificielle générative au dialogue.

À propos de l’Alliance
Créée en 2018, l’Alliance est la principale organisation d’éditeurs français, regroupant 295 publications, qui emploient environ 42 % des journalistes et
pèsent 63 % de la diffusion papier et 79 % de la diffusion numérique. L’Alliance défend les intérêts des éditeurs et promeut un écosystème équitable pour la
presse et le journalisme.

À propos de la FNPS
La Fédération nationale de la presse d’information spécialisée regroupe 1 200 publications imprimées et 550 publications en ligne, éditées par 410 sociétés
d’édition. La FNPS, dont l’action est de représenter, défendre, informer et conseiller ses adhérents, est composée de 7 syndicats : SNPAR – Syndicat National de la
Presse Agricole et Rurale, SPCS – Syndicat de la Presse Culturelle et Scientifique, SPEPS – Syndicat de la Presse et de l’Edition des Professions de Santé, SPEJP –
Syndicat de la Presse Economique, Juridique et Politique, SPPRO – Syndicat de la Presse Professionnelle, SPS – Syndicat de la Presse Sociale et SPMS – Syndicat de
la Presse Magazine et Spécialisée.

À propos du Geste
Le GESTE fédère les principaux éditeurs de contenus et de services en ligne français, représentant une grande diversité de groupes médias, qu’ils soient issus
de la presse en ligne, de la télévision, de la radio ou des pure players. Depuis sa création en 1987, le GESTE analyse l’évolution des modèles économiques des
éditeurs, apporte une meilleure compréhension des enjeux de la transformation numérique et contribue à l’élaboration de conditions économiques, législatives et
concurrentielles favorables au développement du secteur.

À propos du SEPM
Le SEPM représente 80 sociétés adhérentes, groupes de presse comme éditeurs indépendants, près de 500 publications grand public sur support papier et plus
Sous embargo jusqu’au mardi 4 minuit de 200 titres de presse en ligne, qui concernent aussi bien l’actualité générale et politique, que la culture, la jeunesse et l’ensemble des centres d’intérêt des français. Les éditeurs membres du SEPM représentent le 2e employeur

À propos du Spiil
Le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne représente 250 entreprises de presse éditant 350 publications. Il défend des conditions d’exercice
équitables pour tous les titres de presse, quelle que soit leur taille, leur modèle économique ou leur support de diffusion, et la possibilité pour chaque éditeur de
construire un modèle économique viable au service d’une information de qualité et du débat démocratique.



Citizen4Science, éditeur de Science infuse, est membre du Spiil et soutient conjointement avec la Rédaction cette tribune.

    Science infuse est un service de presse en ligne agréé (n° 0324 x 94873) piloté par Citizen4Science, association à but non lucratif d’information et de médiation scientifique.
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