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Vente d’alcool et Monoprix : réouverture discrète des rayons le dimanche

L’enseigne, qui imposait une pause dominicale quand à l’achat d’alcool, semble revenir sur son choix. La communication à ce titre est laconique et l’impact financier inconnu

Une restriction en écho à la loi

Pendant des années, Monoprix a fermé ses rayons d’alcool le dimanche dans plusieurs magasins, notamment ceux fonctionnant avec des caisses automatisées libre-service le dimanche. Cette mesure répondait à l’article L3342-1 du Code de la santé publique, qui interdit la vente d’alcool aux mineurs et exige une vérification d’âge, mais elle était également influencée par les arrêtés préfectoraux parisiens, qui renforcent localement ces règles dans le cadre du Règlement sanitaire départemental

Sans personnel pour contrôler les identités, les rayons d’alcool étaient bloqués, parfois recouverts de bâches, comme observé par des clients tant en région parisienne qu’en province. Cette restriction, bien que conforme à la loi, privait Monoprix d’une source de revenus importante dans un contexte où le dimanche est devenu un jour clé pour les courses urbaines.

Impact économique non documenté

Aucune donnée publique ne permet de chiffrer précisément le coût de cette restriction hebdomadaire pour Monoprix. Les rapports financiers du groupe Casino, propriétaire de l’enseigne, ne détaillent pas les ventes par catégorie de produits ni par jour. Pourtant, l’alcool, en particulier le vin et la bière, représente une part significative du panier moyen en grande distribution, surtout dans les magasins de proximité comme Monoprix. En bloquant ces ventes un jour de forte affluence, l’enseigne a sans doute subi une perte de chiffre d’affaires, bien que l’impact global reste difficile à estimer. La frustration des clients, exprimée sur certains réseaux sociaux, suggère que certains se tournaient vers des concurrents, amplifiant peut-être cette perte.

Des clients détournés vers la concurrence

L’impossibilité d’acheter de l’alcool le dimanche chez Monoprix a poussé certains consommateurs vers d’autres enseignes. À Paris, des clients rapportaient en 2022 et 2023 avoir opté pour Intermarché ou des cavistes, qui maintenaient leurs ventes d’alcool sans restriction. Cette fuite de clientèle, même temporaire, a pu affecter la fidélité à l’enseigne, particulièrement dans les zones urbaines où la concurrence est forte. Franprix, également du groupe Casino, appliquait des restrictions similaires, tandis que Carrefour City ou Leclerc, avec du personnel en caisse, continuaient souvent à vendre de l’alcool, renforçant leur attractivité dominicale.

Des coûts opérationnels secondaires

Au-delà de la perte de ventes, bloquer les rayons d’alcool engendrait des coûts logistiques. À Nation, par exemple, des clients décrivaient des bâches couvrant les rayons chaque dimanche, une opération jugée laborieuse par le personnel. Ces efforts, bien que modestes, s’ajoutaient à l’impact économique de la restriction. Cependant, l’automatisation des magasins le dimanche permettait à Monoprix de réduire ses frais de personnel, ce qui compensait partiellement ces coûts. La réouverture récente des rayons d’alcool, probablement facilitée par des technologies de contrôle d’âge, ou peut-être tout simplement, l’affectation systématique de personnel dédié au contrôle des caisses automatiques, indique que l’enseigne cherche à maximiser ses revenus tout en restant conforme à la loi.

Silence opaque sur la stratégie

Monoprix n’a jamais communiqué officiellement sur la fermeture des rayons d’alcool le dimanche, ni sur leur récente réouverture, signalée par des clients en 2025. Cette absence de transparence est notable. Aucun communiqué de presse, aucune déclaration du groupe Casino, ni même une mention dans les rapports annuels ne fait référence à cette politique ou à son impact. Les clients, laissés dans l’ignorance, ont découvert ces changements par l’expérience. Cette opacité, inhabituelle pour une enseigne aussi visible, pourrait refléter une volonté de limiter les débats sur une mesure impopulaire ou de tester discrètement la réouverture dans certains magasins. Ce silence contraste avec la communication proactive d’autres enseignes, comme Carrefour, qui informe souvent sur ses évolutions opérationnelles.

Un panorama international contrasté

À l’étranger, les restrictions sur la vente d’alcool le dimanche varient. Au Royaume-Uni, les supermarchés comme Tesco vendent de l’alcool librement de 10h à 22h, maximisant leurs revenus dominicaux. En Allemagne, Rewe ou Edeka suivent une approche similaire dans les magasins ouverts le dimanche. Aux États-Unis, des États comme la Géorgie ont assoupli leurs interdictions historiques, permettant à Walmart de vendre de l’alcool après 12h30. En Suède, en revanche, le monopole de Systembolaget, fermé le dimanche, limite les ventes d’alcool fort, mais les supermarchés écoulent des bières légères sans entrave. Ces exemples montrent que les restrictions, comme celles de Monoprix, peuvent freiner les ventes dans un marché concurrentiel.

Un retour stratégique à la vente à domicile

La réouverture des rayons d’alcool le dimanche chez Monoprix, observée en 2024 ou 2025, reflète une adaptation aux attentes des clients, mais soulève la question de la résolution du problème légal initial. L’interdiction reposait sur l’absence de caissiers pour vérifier l’âge des clients, conformément à l’article L3342-1. Ce retour suggère que Monoprix a mis en place des solutions pratiques, probablement des caisses automatiques équipées de scanners de cartes d’identité ou de systèmes d’alerte nécessitant l’intervention d’un vigile ou d’un employé, comme observé dans d’autres enseignes comme Carrefour City. Une autre possibilité est le renforcement ponctuel du personnel dans certains magasins pour effectuer ces contrôles, bien que cela augmenterait les coûts salariaux, majorés le dimanche. Ces ajustements permettent à Monoprix de respecter la loi tout en répondant à la demande des clients. Sans données précises, il est probable que la restriction ait coûté à l’enseigne une part de ses ventes dominicales, sans menacer sa viabilité. En levant cette interdiction, Monoprix cherche à reconquérir les clients perdus et à renforcer sa position face à des concurrents plus flexibles, illustrant les défis de la grande distribution pour concilier réglementation, rentabilité et commodité.

Illustration d’en-tête : Bùi Hoàng Long

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